Bien le bonjour,
Oaxaca est une ville occupée par la soldatesque, vous n’ignorez pas ce que cela signifie : perquisitions sur délation, la radio « papita » ou « mapache » ou citoyenne ou encore radio de la haine, la seule désormais qui occupe les ondes comme les forces armées occupent la ville, demande à la population de dénoncer son voisin, et appelle à mettre le feu aux maisons qui hébergeraient des membres connus de l’APPO ; arrestations arbitraires, seule la jeunesse dorée peut se déplacer sans crainte, les jeunes des quartiers populaires, doivent prendre mille précautions pour aller d’un point à l’autre de la ville, mieux vaut ne pas être indiens ou pauvres ; des maîtres et maîtresses d’école sont détenues avec la plus grande brutalité devant leurs élèves (je viens d’apprendre que la PFP a pénétré dans une école en lançant des grenades de gaz, ils étaient à la recherche d’un instit), sans qu’il y ait de réactions de la part du syndicat enseignant, du moins jusqu’à présent (une manière pour la direction de se
débarrasser de ses opposants ?) ; déportation des prisonniers et
prisonnières, à qui est refusé tout droit de visite (de la famille, des
avocats ou des droits de l’homme), dans des prisons de haute et moyenne sécurité du Nord sous le prétexte d’une extrême dangerosité (en quoi une jeune institutrice indienne enseignant dans un village de la montagne peut-elle être d’une extrême dangerosité ? Elle n’est pas la seule, elles sont huit dans son cas avec des familles entières, père, mère et enfants... la dangerosité d’être indiens ?) ; rondes continuelles dans toute la ville de camionnettes pleines de gardes mobiles (la police fédérale préventive ou PFP) fortement armés, suivies ou devancées par les pick-up des paramilitaires (police de l’État en civil, certains ont grossièrement dessiné sur leur tee-shirt une croix gammée) ; tabassage systématique, torture, violence sexuelle et, sans doute, assassinats (avec l’ordre de ramasser les corps de façon à ne pas laisser de preuves) ; la loi et l’ordre sont de retour dans notre bonne ville d’Oaxaca. Le petit tyran tente de s’imposer par la terreur, il est le seul à avoir peur, les gens ne sont pas terrorisés, inutile de chercher un affrontement si inégal, on prend des précautions pour ne pas être arrêté, on se planque et on attend que passe l’ouragan. (...)