L’État, l’argent et le sacré
(troisième partie)
Les nobles guerriers, les mandarins dévoués et les prêtres vertueux se trouvaient partie prenante du procès de l’aliénation de l’idée. La pensée du sujet s’arrête à la représentation de l’idée, à sa forme objective, à sa matérialité. Elle ne va pas plus loin. Dans les sociétés sans État, la pensée dans sa dimension sociale ne s’arrête pas à la chose, elle la dépasse. Le don est ce dépassement, la pensée se détache, elle se libère de la chose, elle se libère de la prééminence de l’objet, du poids de l’or. L’humain retrouve sa vocation véritable : la vie sociale. Et cette vie sociale est du pur esprit, elle libère l’être de l’immédiateté du besoin et de sa satisfaction. Elle libère l’être de l’immédiateté. Le don permet d’aller au-delà des apparences, il est l’expérience spirituelle par laquelle on s’enrichit en se dépossédant.
Cette séparation entre riches et pauvres trouve tout de suite sa forme objective, dite encore matérielle, c’est l’argent. L’argent est la forme que prend la séparation entre l’être et la pensée. (...)