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Notes anthropologiques (XLIV)

mardi 24 décembre 2019, par Georges Lapierre

L’État, l’argent et le sacré
(troisième partie)
« Une grande lumière jaillit et Hammadi s’écria : “Et les sens du dixième symbole du pays des nains, quels sont-ils, ô Maître qui connais les secrets des symboles ternaires et qui sais que le troisième terme d’une chose est toujours un indicateur qui permet de déceler les deux extrémités de cette chose.” »
Amadou Hampâté Bâ, Contes initiatiques peuls

Les nobles guerriers, les mandarins dévoués et les prêtres vertueux se trouvaient partie prenante du procès de l’aliénation de l’idée. La pensée du sujet s’arrête à la représentation de l’idée, à sa forme objective, à sa matérialité. Elle ne va pas plus loin. Dans les sociétés sans État, la pensée dans sa dimension sociale ne s’arrête pas à la chose, elle la dépasse. Le don est ce dépassement, la pensée se détache, elle se libère de la chose, elle se libère de la prééminence de l’objet, du poids de l’or. L’humain retrouve sa vocation véritable : la vie sociale. Et cette vie sociale est du pur esprit, elle libère l’être de l’immédiateté du besoin et de sa satisfaction. Elle libère l’être de l’immédiateté. Le don permet d’aller au-delà des apparences, il est l’expérience spirituelle par laquelle on s’enrichit en se dépossédant.

Cette séparation entre riches et pauvres trouve tout de suite sa forme objective, dite encore matérielle, c’est l’argent. L’argent est la forme que prend la séparation entre l’être et la pensée. Il bloque la pensée sur l’apparence et l’être ne se limite pas à son apparence. L’argent contient, en tant que forme objectivée de l’idée, la séparation entre le sujet et sa pensée (ou la pensée sous sa forme subjective). Ce que nous appelons l’objectivité, ou encore l’idée sous sa forme objective, n’est que son extériorité, l’extériorité de l’idée. En rester là, en rester à convoiter l’idée sous sa forme objective, c’est bien se contenter et se satisfaire de l’extériorité de l’idée. On peut bien remplir nos poches ou notre compte en banque de cette extériorité, elle sera toujours insatisfaisante. Nous restons dans le domaine de la quantité et la quantité ne nous comble pas totalement. Nous accumulons les signes de richesse, nous accumulons du capital, notre pouvoir social grandit en force et en puissance. Nous devenons des personnages importants, nous jouissons de cette puissance que nous apporte l’argent, mais nous sommes bien incapables de nous en défaire, et les esprits ou les dieux se vengent. Nous ignorons la liberté du défi. La liberté du vertige de l’humain, qui consiste à s’en remettre aux autres. Nous n’allons jamais jusqu’au bout de notre liberté.

Avec l’argent, nous retrouvons la relation immédiate entre le besoin et sa satisfaction ; en tant qu’objet, il devient le but immédiat de la pensée et de l’activité humaine de suppression du travail. L’argent n’est pas la chose de Kant, l’argent n’est pas du pain, ni un bifteck, ni une pipe, il est l’idée du pain ou d’un bifteck, il est du pain béni par l’idée ; il est bien une représentation de l’idée, il est porteur du soi, il est porteur de la vie sociale, il est porteur de l’humain, il instaure une relation immédiate avec l’humain, et c’est notre grandeur et notre dépossession. En devenant visible, en se faisant apparente, l’idée de l’humain, devient extérieure au sujet pensant, elle devient extérieure à l’être humain, elle se trouve hors de l’homme. L’argent inspire une relation immédiate entre l’homme et l’humain, si bien que l’humain devient inaccessible à l’homme qui s’en empare et le met dans sa poche. C’est comme manger son pain ou son bifteck à l’abri des regards.

Être humain consiste à introduire la médiation de l’autre entre le besoin et sa satisfaction. Ce n’est que tout dernièrement que le besoin est perçu comme un besoin de nourriture, un besoin matériel, genre viande ou banane, lié à une nécessité qualifiée de naturelle c’est-à-dire qui nous échappe totalement, c’est seulement une vue de l’époque et de notre civilisation. Le chasseur guarani (pour en revenir à lui), en partant à la chasse, n’entend pas satisfaire un besoin matériel, mais bien un besoin que je qualifierai de spirituel : être reconnu par la communauté des chasseurs-cueilleurs qu’il aura contribué à créer par ses dons. Il part bien à la chasse en ayant en tête l’idée de tuer un pécari. Le pécari est seulement une représentation mentale qui active sa pensée et le met en route, l’incite à mettre pied à terre, à prendre son arc et ses flèches et à se rendre en forêt ; cette représentation mentale deviendra avec un peu de chance un pécari en chair et en os qu’il offrira à son groupe. En offrant son pécari, il s’en remet entièrement aux autres, et il attend un retour de la part des autres chasseurs. Dans cet échange, qui est ainsi amorcé, ce n’est pas le gibier qui est véritablement mis en jeu, mais bien l’idée qui fait naître l’humain. Le pécari n’est qu’un moment de l’idée, le moment de sa représentation, l’instant éphémère de son apparence et cette apparence prise à un moment de la pensée disparaît et s’évapore dans le don et la « communion » qu’il instaure. Pour notre malheur, l’argent ne disparaît pas, il est immangeable, totalement indigeste ; il demeure en lui-même comme une obsession.

Nous pouvons sans dommages remplacer le pécari par l’argent, nous pouvons avancer que l’argent est seulement une représentation mentale de l’idée de richesse que nous poursuivons, qui active notre pensée et nous met en branle. La différence se trouve dans cette idée de richesse qui reçoit, de la part du chasseur guarani, grâce au don à la communauté, un contenu spirituel : la conscience de soi en tant qu’être humain, appartenant à une communauté humaine qu’il aura contribué à créer grâce à ses dons (« je suis un bon chasseur ! »). C’est un contenu purement subjectif, purement intérieur, né de l’acte de donner, grâce à son désintéressement qui le libère de l’immédiateté. En l’absence de don, l’idée de richesse ne reçoit pas de contenu tel que la conscience de soi. Elle peut bien se trouver assoiffée de contenu, accumuler de la richesse et un pouvoir social immense, elle ne se résorbe pas en conscience de soi [1].

Avec la Réforme, l’esprit est bien là, il se fait même critique de la prévarication de l’Église, de son goût pour la richesse matérielle, de son absence d’idéal, alors même que l’intérêt particulier et l’avidité pour la richesse matérielle, pour l’apparence, envahissent la société et les trois classes de la société : la bourgeoisie, la noblesse et le clergé ; seuls les pauvres, ceux qui sont encore attachés à l’idée sous sa forme spirituelle en tant que conscience de soi et qui continuent à se voir comme des êtres sociaux c’est-à-dire comme des êtres humains critiquent et se révoltent contre cet envahissement de l’individualisme avec l’argent. La contestation du monde ancien par les riches marchands ne débouche pas sur un monde meilleur. Il débouche seulement sur leur monde. Un monde dont ils connaissent l’esprit, l’esprit de leur propre sacrifice à un dieu qui les dépasse désormais infiniment. Le « veau d’or », comme l’expression l’indique, est la conscience inachevée du bourgeois, il en limite à tout jamais l’horizon. Le bourgeois se sacrifie pour une richesse qui lui échappe fatalement, il n’en a que l’apparence. Il reste avec cette richesse sur les bras et sa seule satisfaction sur le plan social consiste à faire donner la troupe contre les pauvres. Cet esprit social confiné dans l’argent, qui se trouve au-dessus de lui et qui lui échappe fatalement, est celui de la communauté humaine. Il ne l’ignore pas car sa religiosité se nourrit de la conscience de cette distance incommensurable qui le sépare des autres. La notion de sacrifice colle à la peau du grand bourgeois, et parfois de sa progéniture, et il perçoit sa richesse et sa puissance sociale comme la conséquence directe, et méritée, de son sacrifice, de l’immensité, devenue difficilement saisissable, de son sacrifice.

La troisième fonction, celle qui créait la richesse, jusqu’à présent reléguée en bas du tableau, reprend toute l’importance qui a toujours été véritablement la sienne. Elle envahit le tableau. L’idéologie des trois fonctions sur laquelle reposait le monde ancien se disloque et c’est le monde ancien qui fait naufrage et se décompose sous nos yeux. Désormais toute la société ne fonctionne plus que sur un seul mode, celui qui consiste à créer de la richesse matérielle et à se passer de l’esprit, l’esprit étant dans la chose même. Cela ne signifie pas que les deux autres fonctions, celle de la guerre liée à la conquête et celle de l’esprit liée à la religion, aient disparu, cela signifie seulement qu’elles sont désormais subordonnées à la fonction créatrice de richesse — toujours dans le sens de richesse matérielle c’est-à-dire d’une vie sociale riche mais dont l’esprit est ailleurs, dans la chose même, argent ou marchandise. Dans l’idéologie d’origine indo-européenne, l’activité productrice de richesse comme l’activité guerrière étaient toutes deux subordonnées à la pensée représentée par la caste des brahmanes, liée à l’esprit de la société et du sacrifice, liée à la religion, donc. Dans le monde contemporain, c’est l’inverse qui se passe : ce sont l’activité religieuse et l’activité guerrière qui se trouvent subordonnées à l’activité marchande. Autrefois cette activité créatrice de richesse était subordonnée au suzerain, maintenant c’est l’État qui se trouve subordonné au commerce.

Les pauvres, tous ceux qui vivaient dans un système de relations communautaires où l’argent n’avait pas encore pris toute la place, ont bien perçu le danger de cette révolution spirituelle qui allait se faire en leur nom. La distance allait devenir peu à peu considérable, les pauvres allaient être contraints à vivre comme des riches, c’est-à-dire pauvrement. Nous avons bien cherché à maintenir entre nous des relations de voisinage et de reconnaissance, mais le mouvement pris par le monde nous en écartait imperceptiblement, nous nous trouvions confrontés à une fatalité qui nous éloignait de nous-mêmes. Nous sentions bien que notre destin nous échappait, les tempêtes flamboyantes qui distrayaient nos nuits se calmaient et l’océan se retirait de nos quartiers. Comment rester pirates quand nous n’avons plus d’océan où naviguer ? Guy Debord avec son talent d’écrivain pouvait bien décrire avec des accents romantiques cette érosion lente de nos jours et de nos nuits, ce temps d’une vie humaine qui se noie peu à peu ! Nous en gardons encore la nostalgie. Nous nous trouvons sur cette frontière qui dessine le front d’une résistance et mon propos est d’en cerner les enjeux. Sans plus.

Au Mexique ou dans d’autres pays dits en voie de développement, je me rends compte de cette lente et inéluctable érosion des rapports entre les gens. Cela se fait insensiblement : insensiblement des rapports marchands se substituent à des rapports humains ; les solidarités familiales ou de voisinage se diluent, éclatent et se désagrègent ; nous avons tous accès à l’argent et à ce qu’il représente, mais nous sommes seuls face à l’argent et à sa nécessité. Cette décomposition n’est pas brusque, elle ne se fait pas du jour au lendemain, nous n’en avons pas toujours conscience, plutôt le sentiment vague d’un mal-être. Les gens résistent, ils tentent de sauver ce qui peut encore être sauvé : des relations qui restent dans un cadre humain. Ils échouent, la modernité, ses nécessités et ses prestiges, envahit subrepticement le terrain. L’eau monte. L’humain ne tient pas à un ensemble de recettes, il est une manière d’être ensemble, qui vient et naît de cet « ensemble » et y retourne. Que cet ensemble se désagrège sous les coups de butoir de l’État, de la modernité et de l’argent, et c’est cette manière d’être ensemble qui perd ses assises.

Nous en arrivons même à considérer parfois cet accès à l’argent comme une victoire. C’est bien une victoire, mais non la nôtre. C’est bien la victoire de la bourgeoisie d’avoir ouvert à tous ses pauvres l’accès à l’argent, elle en a fait des travailleurs. C’est la victoire de son monde et de son point de vue sur le monde qui se trouve désormais insensiblement partagé par tous. Cette fonction productrice de richesse n’est pas réservée, elle est ouverte, elle n’est plus héréditaire, elle devient la fonction sociale par excellence, la seule fonction socialement reconnue. Le seul inconvénient est qu’elle ne débouche pas sur le don, elle ne débouche que sur elle-même : une accumulation de richesse matérielle, une apparence de vie sociale intense mais qui n’est jamais vécue directement. Elle débouche sur l’apparence, sur l’idée qui se fait apparente, et qui en reste là. Derrière l’argent, c’est bien toujours l’idée de richesse qui est convoitée, c’est bien l’idée de l’échange de tous avec tous que le bourgeois convoite. Mais nous n’arrivons pas à faire nôtre cette idée que nous convoitons, à l’intérioriser, à faire en sorte qu’elle se résorbe dans la conscience de soi. Et cette idée est effective, mais elle est effective sur le mode de l’apparence, elle crée le monde de l’apparence, un monde purement spirituel et dont la spiritualité, continuellement convoitée, toujours à portée de la main, reste inaccessible [2]. La grande réussite des marchands est bien d’avoir rendu l’argent accessible à tous, ou encore d’avoir rendu l’idée de richesse accessible à tous, du moins leur idée de la richesse, et d’avoir ainsi imposé leur point de vue sur le monde comme point de vue unique. L’ennemi du marchand est tout de suite débusqué, c’est celui qui a un autre point de vue sur le monde, celui qui se fait une autre idée de la richesse.

Nous retrouvons la légende de Polycrate [3], le tyran de l’île de Samos, et cette légende est l’histoire d’une dérive, celle d’une richesse qui ne se donne pas, qui s’accumule au contraire et se transforme en pouvoir social, en pouvoir sur autrui. Le don inspire l’égalité, on se défait de ses biens pour s’en remettre à autrui, on retrouve ainsi une pauvreté et une égalité primordiale, originelle, à partir de laquelle s’instaure et se construit une vie sociale dans une dépendance réciproque et une reconnaissance de l’autre. Dans son chapitre sur la notion de valeur, Louis Gernet oppose la légende assez édifiante du trépied des sept sages à celle de l’anneau de Polycrate : il s’agit d’une récompense, un trépied, à offrir au plus sage des hommes : le premier sage qui reçoit cette récompense (dans bien des versions, il s’agit de Thalès) la donne à un deuxième qu’il estime plus sage que lui, et le deuxième à un troisième et ainsi de suite, jusqu’au septième sage qui l’offre au premier (Thalès), qui, finalement, consacre le trépied au dieu Apollon.

Dans l’anneau de Polycrate c’est la rétention de la richesse par un tyran la transformant en pouvoir social qui provoque la colère des dieux. Si l’invention de l’argent comme monnaie inspire de l’inquiétude dans le monde grec, qui en vient à s’interroger sur les changements que l’argent (perçu comme richesse) opère aussi bien sur le plan social que sur celui de la personne, il semblerait que ces questionnements ne soient plus de mise aujourd’hui — comme si à travers les légendes, la société grecque marquait encore comme une hésitation avant de s’engouffrer dans la voie que nous connaissons.

L’histoire de la Grèce antique nous amène à considérer l’avènement de la richesse sous sa forme matérielle, c’est-à-dire comme apparence, d’un point de vue social qui me paraît intéressant : celui de la naissance du pouvoir. La notion de pouvoir et sa réalité apparaissent avec la domination d’un peuple sur un autre, d’une forme de société sur une autre, d’un mode de vie sur un autre. Le pouvoir repose sur le prestige, le prestige que peut avoir un pasteur nomade poussant devant lui de grands troupeaux de bœufs pour un agriculteur sédentaire s’échinant à faire pousser du mil ; le prestige que peut avoir le soleil sur la lune, la lumière sur les secrets de la nuit. La venue du pouvoir se confond avec celle du prestige, quand l’un des termes qui constitue l’être (le jour et la nuit ; l’homme et la femme) se détache de l’autre terme et prend de l’ascendant sur lui. Heureusement cela n’arrive pas toujours, ce n’est pas une fatalité. L’apparence naît de cette séparation : un des termes de l’être devient apparent pour l’autre. Le pouvoir se confond avec le prestige (cf. les grands travaux, souvent « pharaoniques », des États) et le prestige avec l’apparence. Le pouvoir est lié à l’apparence et c’est l’apparence qui le confirme. Le noble guerrier doit apparaître, il est intimement lié à l’apparence, à la richesse comme apparence, c’est le destin malheureux du valeureux guerrier : troquer sa valeur, sa valeur humaine, contre de l’apparence, on comprend bien qu’il puisse haïr, au point de le mépriser, le marchand qui le comble d’apparence, de draps et de plumes. Cette domination qui annonce la formation de l’État marque le passage de l’esprit dans la chose, le moment où la valeur se fait apparente. L’État invente la médaille qui consacre le héros au cours des jeux préhelléniques et, de la médaille à la pièce de monnaie, il n’y a qu’un petit pas. Ainsi le pouvoir se trouve-t-il étroitement lié à l’apparence, à l’or, à ce qui brille, à la richesse matérielle. Plus la richesse matérielle augmente, plus augmente le pouvoir sur autrui.

La rétention de la richesse, ce que les marxistes appellent l’accumulation du capital, débouche sur le pouvoir, dans le sens social du terme. Il y a un lien étroit entre la rétention, l’argent et le pouvoir, et ce lien définit notre monde. La richesse sous sa forme de bien matériel, pécaris, cochons, fourrures… n’est plus donnée, elle est investie. Elle se transforme alors en pouvoir, elle est investie dans la production de richesse c’est-à-dire dans la division du travail (toutes ces petites mains chinoises ou mexicaines !) produisant des marchandises, qui seront échangées contre de l’argent. Je dirai que la richesse comme apparence, l’argent, investit la vie sociale. L’investissement du capitaliste n’est pas sans rappeler le don d’un chef de clan ou d’un chef de village fait au nom de tout le clan ou de tout le village. Quand le chef kwakiutl et son clan donne un cuivre au clan adverse, ils spéculent bien sur un retour et le clan adverse, qui a relevé le défi, se sent tenu à apporter en retour une quantité considérable de fourrures, ce qui signifie que les hommes du clan se sont activés pour aller chasser, tendre des pièges, dépecer correctement des animaux pour répondre ainsi à l’attente du clan qui les a défiés. Et le clan donneur de cuivre, avec toutes ces fourrures qu’il aura reçues en retour, pourra à nouveau relever des défis de prestige. À quoi tient la différence ? À peu de chose, à une éthique.

La contrainte est morale ou éthique, elle n’est pas imposée par le pouvoir, cette loi humaine du retour est lié à notre sens des valeurs que nous dicte notre vie en société. L’éthique repose sur le sens aigu de la dignité : se comporter comme un être humain. Quand le gouvernement mexicain a demandé aux zapatistes ce qu’était la dignité, il a bien fait rire les Indiens.

Marseille, première quinzaine
de décembre de l’année 2019
Georges Lapierre

Notes

[1Elle ne se résorbe pas dans le spirituel, ce qui explique aussi que nous sommes submergés par le non-spirituel, par l’idée de nature. À noter que cette conscience de soi, qui est tout notre spirituel, est bien peu de chose et que nous pouvons fort bien nous en passer sans trop d’inconvénient surtout quand plus personne ne joue le jeu.

[2L’importance prise par le tourisme et le goût immodéré pour les paysages s’expliquent par l’importance prise de nos jours par l’apparence. L’apparence constitue désormais notre monde, nous avons perdu nos oreilles et notre museau de lièvre, nous ne sommes plus sensibles aux frissons du vent et aux charmes de l’eau ; notre territoire est tout entier contenu dans son apparence.

[3Cf. « Notes anthropologiques XXI » ou Louis Gernet : « La notion mythique de la valeur en Grèce », Anthropologie de la Grèce antique, Champs Histoire n° 105.

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