la voie du jaguar

informations et correspondance pour l’autonomie individuelle et collective


Accueil > essais et documents > appels et déclarations > Une année après la trahison du gouvernement mexicain

Une année après la trahison du gouvernement mexicain

Communiqué du CCRI-CG de l’EZLN

vendredi 9 février 1996, par EZLN

Au peuple du Mexique,
Aux peuples et gouvernements du monde,
À la presse nationale et internationale,

Frères,

À un an de la trahison du Gouvernement suprême contre la volonté de paix juste et digne de l’EZLN, le Comité clandestin révolutionnaire indigène, Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale, déclare ce qui suit :

PREMIÈREMENT. Les 9 et 10 février, cela fera un an que les prisonniers politiques accusés d’être zapatistes sont en prison. La volonté guerrière du mauvais gouvernement de Zedillo maintient ces citoyens mexicains, hommes et femmes, en otages. Étant un terroriste moderne, le gouvernement mexicain utilise des personnes innocentes afin d’obtenir des avantages face à ces opposants.

DEUXIÈMEMENT. Le 10 février, nous rappelle le début de l’occupation militaire et l’expulsion de centaines de familles d’indigènes chiapanèques, délogées de chez elles et de leurs terres, hommes, femmes, enfants et vieux indiens qui ont été obligés de vivre, depuis lors, dans les montagnes. Alors que leurs communautés sont utilisées comme garage pour les véhicules blindés, leurs maisons comme bordels, et leurs champs de maïs et de café sont saccagés par ordre des chefs militaires des différentes garnisons.

TROISIÈMEMENT. Les citoyens emprisonnés accusés d’être zapatistes et les indigènes des communautés chiapanèques sont menacés par les armes gouvernementales pour que le gouvernement négocie avec des avantages ; ce que ni l’occupation militaire, ni l’étroitesse d’esprit de la délégation gouvernementale à la table de San Andrés, n’ont réussi à obtenir. Le gouvernement poursuit des procès judiciaires remplis d’irrégularités et l’Armée fédérale avance en prenant de nouvelles positions dans la forêt Lacandone. Si on ajoute à cela l’utilisation de l’armée pour la répression contre la lutte démocratique du peuple de Tabasco, la militarisation des États de Guerrero, Oaxaca, Hidalgo et Veracruz, la réapparition des « commandos » répressifs dans les grandes villes, en particulier dans la ville de Mexico, et l’étroite relation entre le trafic de drogue et les hommes politiques influents, nous avons un aperçu du fascisme en action. Le gouvernement a déjà abandonné toute tentative de dialogue comme méthode pour trouver une solution aux conflits. L’utilisation des forces répressives est constante, et les soldats fédéraux s’affrontent déjà au peuple mexicain, et pas seulement au Chiapas. La guerre du gouvernement contre le peuple commence à s’étendre au niveau national.

QUATRIÈMEMENT. Le 10 février 1996, premier anniversaire de l’expulsion des indigènes de Guadalupe Tepeyac et des prisonniers politiques zapatistes, les communautés de la forêt Lacandone effectueront une manifestation, civile et pacifique, du vieux Guadalupe Tepeyac à La Realidad. La manifestation se déroulera le matin et s’achèvera avec une fête culturelle dans l’Aguascalientes de La Realidad dans l’après-midi du 10 février. Pour la liberté des prisonniers politiques et la fin du harcèlement militaire, les indigènes chiapanèques appellent le peuple du Mexique à se manifester.

CINQUIÈMEMENT. Entre les prisonniers accusés d’être zapatistes et les indigènes obligés d’une manière brutale de s’exiler, il existe des ponts souterrains. Malgré le caractère arbitraire du pouvoir qui détruit les confiances et piétine les dignités, le pont de l’espérance unit les prisonniers du béton et les prisonniers de la forêt. Pour le pont de l’espérance, pour la liberté que les prisonniers de la ville et de la campagne méritent, pour la dignité, nous appelons le peuple du Mexique à se mobiliser.

Sans liberté, la justice est mensonge et la démocratie une farce.

Démocratie ! Liberté ! Justice !

Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain,
Comité clandestin révolutionnaire indigène
Commandement général de l’EZLN,
Mexique, février 1996.
À un an de la trahison...

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

SPIP | Octopuce.fr | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0