Se sont réunies 96 femmes indigènes et métisses de la campagne et de la ville, des peuples originaires Binnizá’, Ñuu savi, Mazahua, Nahua, Nhönhö/Otomi et Totonaco, des États de Veracruz, Ville de Mexico, État de Mexico, Hidalgo, Quérétaro, Oaxaca, Jalisco, Puebla, Morelos et Chiapas, ainsi que des compañeras du Brésil et du Kurdistan.
Depuis l’occupation de l’INPI (Institut national des peuples indigènes), espace de résistance et de rébellion où les traîtres des peuples indigènes ont voulu faire croire qu’ils voulaient nous écouter et nous aider, nous nous joignons à la lutte de nos compañeras otomis qui sont fatiguées de frapper aux portes des gouvernements en place, particulièrement l’actuel, qui a tellement trompé et menti, et de souffrir tant de discrimination et de répression :
Nous nous déclarons contre la guerre faite à nos frères et sœurs de l’EZLN, contre les assassinats des défenseurs de notre Terre mère comme notre frère Samir, contre les mégaprojets et autres « trains de la mort », au lieu de construire des hôpitaux, des écoles, des marchés et des logements dont nous avons besoin en tant que peuples, et non de ces centres commerciaux et touristiques comme ceux qu’ils ont construits à Santiago Mexquititlán dans l’État de Quérétaro, village natal de nos compañeras otomis qui actuellement résistent par l’occupation de l’INPI.
Nous faisons part que, dans toutes les régions de notre pays, la situation continue d’être très difficile, allant même jusqu’à s’aggraver, pour la défense de nos territoires, de nos eaux, de nos forêts, de nos vies, de toute l’humanité et de la planète. Tous nos droits acquis par nos grands-parents avec Zapata sont maintenant piétinés et détruits par les puissants et les tyrans de ce système capitaliste patriarcal ; nous, les femmes, vivons dans des conditions de vie de plus en plus détériorées. Et nous voyons que, au niveau international, les peuples du monde, nous vivons les mêmes situations de pillage, de destruction, d’exploitation et de répression de plus en plus importantes, au point que la folie des puissants avec leurs mégaprojets et leur soif de richesses et de pouvoir sont en train de menacer l’existence même de l’humanité sur cette planète.
Face à cette guerre d’extermination mondiale contre nous, les peuples, avec nos compañeras et compañeros zapatistes, nous voyons l’importance de nous unir à tous les peuples d’en bas en lutte du monde et particulièrement les femmes, pour apprendre, pour parler des propriétaires des entreprises qui viennent nous détruire et qui souvent sont dans d’autres pays, pour partager ce qui nous rend égaux, pour renforcer nos luttes et pour ouvrir de nouveaux chemins, pour planter plus de graines vers une vie digne pour les peuples et nous les femmes. Face à la stratégie des puissants de nous individualiser par la peur parce qu’ils nous discriminent, nous humilient, nous critiquent, nous menacent, nous achètent avec leur argent et leurs programmes, nous apportent des maladies, nous divisent, nous frappent, nous violent, nous séquestrent, nous tuent, nous font subir des attaques armées dans nos communautés, nous convertissent nous les femmes en butin de guerre, notre réponse est la collectivité et la communauté, depuis les plus petits recoins jusqu’à l’ensemble de la planète. Maintenant c’est plus difficile pour nous avec le Covid, à cause de la stratégie de la peur avec laquelle ils ont voulu nous paralyser et nous faire penser que notre lutte est moins importante, mais nous avons décidé de parier pour la vie, et face à la peur, nous avons décidé de continuer de chercher à tisser ces alliances qui renforcent notre espoir, et nous rendent plus fortes dans la construction des autres mondes dont nous rêvons.
Nous célébrons le salut des compañeras du Kurdistan qui nous remplit de courage, soulignant que nous les femmes, de l’autonomie zapatiste à l’autonomie du Rojava, trouvons des alternatives pour sortir ensemble de la violence patriarcale en pleine guerre et qu’il est important de partager non seulement ce qui nous opprime mais aussi nos rêves communs et les alternatives antipatriarcales que nous construisons. Et surtout à travers l’éducation de nos enfants et la guérison après avoir vécu tant de violences, nous devons promouvoir de nouvelles structures de relations sociales sans l’exercice de pouvoir dominant.
Les femmes zapatistes nous donnent l’exemple qu’il est possible de construire d’autres chemins, d’autres formes de vie, que notre destin n’est pas écrit, mais qu’avec nos mains, nos luttes, nous remplissons de possibilités la construction d’autres mondes possibles, qui respectent nos différences, nos croyances, nos couleurs, nos préférences sexuelles et depuis nos différentes géographies de nous unir pour faire que cela soit possible.
Nous nous manifestons pour que la défense du territoire ne soit pas notre sentence de mort et nous exigeons la lumière sur l’assassinat de notre compañero Samir Flores Soberanes.
Nous nous manifestons pour obtenir de vraies réponses sur la disparition forcée de nos 43 étudiants d’Ayotzinapa.
Parce qu’ils nous les ont pris vivants nous les voulons vivants !
Stop aux mégaprojets de mort !
Que ce gouvernement arrête de dissimuler les féminicides et la violence faite aux femmes !
Pas une seule assassinée de plus !
Jusqu’à ce que la dignité devienne la coutume !
Pour un monde où plusieurs mondes ont leur place !
Troisième Rencontre nationale des femmes,
convoquée par le Congrès national indigène - Conseil indigène de gouvernement
Les femmes de la communauté indigène otomi
résidentes dans la ville de Mexico en résistance dans l’INPI occupé
Traduit par « Flor de la palabra ».
Source : Congreso Nacional Indígena