Une assemblée bien remplie et enthousiaste d’Embros le dimanche 23 mai a décidé de poursuivre la défense du théâtre libre autogéré. La tentative de la police et de la Société de la propriété publique de fermer Embros le matin du lundi 24 mai a été contrée par les avocats du mouvement, les gens qui luttent, les forces de solidarité unies. Les travaux ont été arrêtés.
Nous commençons aujourd’hui lundi 24 mai et tous les jours à partir de 17 heures une Semaine d’art et liberté devant le bâtiment et des travaux collectifs pour réparer les dégâts causés par l’expulsion.
Le samedi 29 mai, nous appelons à une journée d’action nationale des artistes, des assemblées de quartier et des centres sociaux dans tous les coins du pays pour défendre non seulement Embros mais tous les espaces libérés. Le pouvoir de l’auto-organisation peut arrêter la destruction de nos quartiers et de la nature menacée par la marée de l’exploitation et l’insolence de l’obscénité.
Le programme hebdomadaire des événements commence maintenant ! Il sera enrichi quotidiennement de nouvelles entrées. Nous invitons les groupes artistiques à présenter leurs idées et leurs travaux pendant la journée à l’extérieur du bâtiment.
Pourquoi veulent-ils expulser Embros ?
Parce que son fonctionnement bénévole quotidien est un contre-exemple vivant de la manière dominante dont nous sommes forcés de vivre, de penser et de ressentir. Si vous faites silence un instant à l’extérieur d’Embros et que vous tendez l’oreille, vous entendrez la vague de la commercialisation qui s’engouffre dans les ruelles adjacentes. Dans ce pays où le pouvoir économique et politique transforme tout en marchandise à vendre et à acheter, Embros offre sans aucun frais, sans aucun prix, l’art et la culture, la création et la solidarité, le commun, ce qui nous appartient à tou·te·s et que nous voulons tous partager librement. C’est ce qui gênait les dirigeants et les grandes entreprises, c’est ce qu’ils voulaient murer. Ils voulaient qu’Embros soit réduit au silence parce qu’il entrave la libre circulation de l’argent, du marché, parce qu’il prouve que nous pouvons vivre, penser et nous sentir libres.
C’est le message qu’Embros communique et dans lequel il rencontre le Parc Drakopoulou et Ano-Kato à Patissia, les abris occupés pour réfugiés à Alexandra, Nosotros et K*Vox à Exarcheia, Lelas Karagianni à Kypseli, Rosa Nera à La Canée et Evagelismos à Heraklion, Terra Incognita et Yfanet à Thessalonique, les luttes sociales contre les fermetures et la privatisation de Filopappou, Areos Field, le jardin botanique de Petroupolis, l’Académie de Platon, la colline de Strefi et la destruction de la place Exarcheia. C’est là que ce message rencontre la lutte contre le fascisme, contre la misère économique et ouvrière, le désespoir des jeunes et les suicides des chômeurs, la persécution des militant·e·s, les actions pour arrêter la vente aux enchères des maisons. C’est là qu’il rencontre la lutte pour la défense de la nature dans nos montagnes, nos îles et nos villages, c’est là qu’il rencontre les projets autogérés, les squats et les lieux de rencontre des étudiant·e·s, les cuisines populaires, les assemblées de quartier, les groupes qui jouent de la musique dans la rue, une fille qui marche vite dans le noir parce que quelqu’un la suit.
Embros est le lieu où nous nous retrouvons avec le sang de nos morts — Zack, Killah P, Alexis Grigoropoulos —, où vivent des artistes sans scène et des enfants sans arbre dans leur cour d’école, où nous produisons de l’art contre l’industrie de l’art, c’est là qu’Embros vit ; entre les espaces sociaux libérés et les moments de bonheur collectif, dans les rues, les parcs et les places, où les gens se réapproprient l’espace public, la gratuité, le public, sans commercialisation et sans argent.
Le samedi 29 mai, nous appelons à un rassemblement devant Embros à 17 heures et à une journée d’action nationale d’artistes, d’assemblées de quartier et de projets sociaux dans tous les coins du pays pour défendre non seulement Embros mais tous les espaces libérés.
Nous ne céderons pas nos rêves à l’obscurité.
Quand nous nous battons, nous nous battons pour nos vies !
24 mai 2020
Théâtre libre autogéré Embros
Riga Palamidou 2
Psyrri, Athènes
Source :
squat.net
26 mai 2021