À l’école normale rurale Mactumactzá, Chiapas,
Aux peuples tepehuano et wixárika de San Lorenzo de Azqueltán, Jalisco,
Aux organisations et collectifs de défense des droits de l’homme,
À la Sexta nationale et internationale,
Aux médias,
En tant que peuples originaires que nous sommes, organisés au sein du Congrès national indigène - Conseil indigène de gouvernement et de l’EZLN, nous déclarons ce qui suit :
Premièrement. Nous répudions les actions répressives du mauvais gouvernement contre nos frères et sœurs de l’école normale rurale Mactumactzá [1]. Une nouvelle fois, on cherche à faire taire par la violence les justes revendications des étudiants des écoles normales. Le 18 mai, le mauvais gouvernement a arrêté 91 d’entre eux, dont 74 étudiantes. Celles-ci ont dénoncé le fait que les forces de police répressives les ont traitées comme un butin de guerre et les ont harcelées sexuellement, les ont déshabillées et les ont tripotées. Les étudiant·e·s sont accusé·e·s de vouloir que les examens qu’on allait leur faire passer s’effectuent en présentiel et non en ligne. C’est là où les autorités éducatives et gouvernementales du Chiapas montrent, une fois de plus, qu’elles n’ont aucune idée de la géographie et de la situation politique et sociale dans cet État. Cette action des mauvais gouvernements résume leur plan pour l’éducation du Mexique rural : répression, mensonges et simulation. À nos sœurs et frères de l’école normale rurale Mactumactzá, nous affirmons notre solidarité totale et sans réserve, et nous appelons toutes et tous nos compañer@s de la Sexta nationale et internationale à se solidariser avec la lutte des élèves de Mactumactzá. Nous exigeons la libération inconditionnelle de tou·te·s les emprisonné·e·s.
Deuxièmement. En tant que Congrès national indigène - Conseil indigène de gouvernement et EZLN, nous saluons la Campagne nationale et internationale pour la justice et le territoire d’Azquetltán, dans la commune de Villa Guerrero, dans l’État de Jalisco. Là-bas les sœurs et les frères de la communauté indigène autonome wixárika et tepehuana résistent pour la vie.
Nous nous joignons à l’exigence de justice de la communauté indigène face à la protection des mauvais gouvernements dont bénéficie le cacique brutal Fabio Flores Sánchez, alias « La Polla » qui non seulement a volé les terres communales, mais de plus a commis de nombreux et graves actes de cruauté contre les indigènes qui ont surpris le monde par leur organisation communautaire digne et exemplaire.
Nous faisons nôtre la rage face à l’injustice et à l’impunité que cherchent à instaurer ceux dont l’objectif est de privatiser la terre telle que nous l’avons rêvée collectivement, comme vous et nos ancêtres. Nous faisons nôtre votre douleur, à la souffrance des aïeux qui ont vu comment les riches et les puissants se sont introduits par la violence et la tromperie dans les terrains communaux, et à la douleur des enfants et petits-enfants qui voient aujourd’hui menacée au profit de quelques propriétaires et entreprises non seulement la propriété collective, mais aussi l’existence même de leur peuple tepecano [2].
Nous exigeons que Fabio Flores Sanchez, alias « La Polla », ainsi que le groupe de choc qui l’accompagne soient jugés et punis pour les crimes qu’ils ont commis contre la communauté, entre autres menaces, attaques armées, tentatives de meurtre et spoliation de terres.
Nous nous opposons aux campagnes de diffamation contre la lutte communale pour la défense de la terre qui ont été lancées par des fonctionnaires de la municipalité de Villa Guerrero au service de « La Polla » et qui, comme c’est souvent le cas, ont pour objectif de semer la discorde et de faciliter la répression, c’est pourquoi nous allons suivre attentivement ce qui se passe sur le territoire de cette communauté et nous tenons le cacique Fabio Flores Sánchez et les fonctionnaires qui le soutiennent pour responsables de ces campagnes et de toute attaque contre elle.
Nous appelons les collectifs et les organisations solidaires des droits de l’homme, les collectifs de la Sexta nationale et internationale, et les réseaux de résistance et de rébellion à être vigilants et à répondre par notre parole, notre signature, notre conscience et notre attention à la campagne que nos frères et sœurs d’Azqueltán lancent dans le monde entier en arborant le drapeau de l’espoir.
Mactumactzá et Azqueltán résistent !
Respectueusement
Mai 2021
Pour la reconstruction intégrale de nos peuples
Plus jamais un Mexique sans nous
Congrès national indigène - Conseil indigène de gouvernement
Armée zapatiste de libération nationale
Traduit de l’espagnol (Mexique)
par Joani Hocquenghem
Texte d’origine :
Enlace Zapatista