Caracol V « Qui parle pour tous »
Le conseil de bon gouvernement « Nouvelle semence qui va produire »
dénonce
auprès de l’opinion publique,
auprès de la société civile mexicaine et internationale,
les faits suivants :
Tout au long des dernières années, divers organismes gouvernementaux tels que l’INI, le Sedesol, le Semarnap, le ministère du tourisme et le conseil municipal de Palenque, entre autres, ont tenté de faire construire un complexe touristique aux abords de la rivière Bascán, située sur le territoire de la commune rebelle de Roberto Barrios.
À plusieurs reprises, le refus opposé par notre communauté est parvenu à paralyser ce projet mais, une fois de plus, les promoteurs de ce projet d’exploitation reviennent à la charge, avec les mêmes arguments, en répétant les sempiternels mensonges du discours démagogique des entreprises.
Nous savons pertinemment à quel point les entreprises du secteur hôtelier, de la restauration et du tourisme convoitent nos terres et la taille des intérêts en jeu.
Ce sont eux, les chefs d’entreprise, les principaux bénéficiaires de l’exploitation de nos ressources naturelles, quoi qu’ils disent en nous rebattant les oreilles avec leurs belles promesses de développement et de confort pour nos communautés.
Nous connaissons les problèmes qui ont surgi partout où ce type de projet a été réalisé, comme aux cascades d’Agua Azul, de Misol-ha et autres, où les inégalités et les affrontements intercommunautés sont évidents. Et aucun organisme n’intervient pour tenter de résoudre de tels problèmes, on cherche uniquement à les occulter et à prétendre que tout va bien.
La construction de locaux et l’aménagement du territoire ne répond en rien aux besoins des habitants des villages affectés et nous ne croyons pas non plus que nous allions tirer quelque bénéfice que ce soit de ce projet.
Les divers gouvernements, fédéraux ou locaux, savent pertinemment que de semblables projets ne sont faits que pour créer une belle image aux yeux du reste du monde, de belles cartes postales et de belles photos pour illustrer livres et revues s’adressant aux gens argentés qui viennent jouir de nos ressources naturelles, tandis que la réalité profonde de la misère et de l’exploitation ne sortent pas sur les photos ni dans les journaux : nous n’y figurerons qu’en tant que curiosité exotique menacée de disparition.
Nos coutumes et nos traditions, nos chants et nos danses, nos langues et nos costumes traditionnels ne vont servir qu’à amuser et à rendre plus gaies les fêtes et les réunions de ceux qui peuvent payer en pesos, en dollars ou en euros. Une façon d’entretenir et d’augmenter encore la situation d’exclusion, d’exploitation et de pauvreté chez nous, dans nos propres demeures.
Dans le même temps, on va aussi ravager un patrimoine que nous avons hérité de nos ancêtres, qui avaient su le préserver jusqu’à nos jours pour que nos peuples puissent en jouir et en profiter sans surexploitation ni exagération.
Ce patrimoine, on veut maintenant l’endommager, en transformant en vile marchandise tout ce qui peut être vendu.
La destruction arrive, et avec elle les arbres sont abattus et le vice, les drogues, les maladies l’accompagnent et les eaux sont polluées, alors que nous y puisons quotidiennement pour assurer notre besoin.
Le 20 juin 2003, les autorités du conseil de l’ejido avaient déjà dénoncé les mêmes problèmes et montré que l’intention est la même, que tous ces projets de complexe touristique dans ces cascades ne sont qu’une provocation visant à déstabiliser, à diviser et à faire s’affronter les communautés zapatistes et non zapatistes.
Nous voulons nous adresser à certains de nos frères indigènes qui, éblouis par la richesse, ont cédé à la tentation du pouvoir et contribuent à promouvoir le signe de la mort au sein de nos villages, sans que leur importent les conséquences immédiates et futures.
Nous les informons que désormais non seulement la communauté en résistance s’y opposent, mais que nous ont rejoints nos frères qui croyaient auparavant au partis politiques, ce qui montre suffisamment la vérité de notre refus. Au vu de tout ce qui arrive, ceux qui ne croyaient pas que cela pouvait se passer prennent conscience aujourd’hui de la réalité.
Nous exigeons le respect de nos communautés, de leurs ressources naturelles et de leur territoire.
Nous exigeons de paralyser immédiatement ce projet.
Nous exigeons le retrait définitif du projet dénommé Écotourisme sur nos terres.
Nous exigeons le respect de notre vie communautaire.
Caracol V, Roberto Barrios, le 8 avril 2005.
DÉMOCRATIE ! LIBERTÉ ! JUSTICE !
(Tampon du) Conseil de bon gouvernement
Les soussignés :
Marcos Montejo Arcos
Carlos Pérez López
Silverio Velasco López
Nicodemio López Torrez
Lorena Méndez Montejo
Esmeralda Gómez Torrez
Valentín Arcos Arcos
Walter Pérez Ramírez