L’armée turque a lancé une offensive de grande envergure contre le canton d’Afrine depuis moins d’une semaine. Plusieurs centaines de morts déjà (civil·e·s et combattant·e·s). La ville d’Afrine est presque encerclée et Erdoğan a déjà prévenu qu’il ne comptait pas s’arrêter à cet objectif.
Après avoir utilisé les Kurdes et leurs alliés pour servir de chair à canon contre Daech, les USA, la France et la Russie se désengagent totalement de la question et laissent le champ libre à leur allié fascisant, l’État turc.
Car Daech a été vaincu par les combattant·e·s du Rojava et non pas par les bombes de la coalition internationale, plus efficaces pour tuer des civils ou pour aider Bachar à récupérer son pays que pour libérer les populations réduites en esclavage.
Pourtant aucune surprise, là-bas comme ici, de cette ultime lâcheté ; tout le monde s’y attendait. L’absence de réaction des gouvernements occidentaux est finalement très logique. Personne n’a intérêt à voir germer et rayonner une expérience de démocratie radicale [1].
Alors oui, après avoir utilisé les Kurdes et leurs alliés pour reprendre les territoires de Daech et surtout sa capitale, Raqqa (car personne d’autre n’était capable de le faire), laisser la Turquie s’en occuper arrange tout le monde : Bachar, Poutine mais aussi Trump et Macron.
Aujourd’hui, comme toujours, c’est à la rue de faire entendre sa solidarité et surtout la colère de voir des gouvernements mener au Moyen-Orient une énième partie d’échecs dont les enjeux se comptent en milliers de vies.
En Turquie aussi, la situation est idéale pour l’État, car la répression, particulièrement intense depuis trois ans, empêche toute mobilisation au Bakur (Kurdistan « turc ») comme à Istanbul et dans les autres grandes villes du pays. Les milliers de militant·e·s déjà en prison, la police et l’armée déployées massivement pour prévenir tout soulèvement, et la menace d’un emprisonnement immédiat paralysent toute aide potentielle. La rue y est tout simplement muselée.
Notre responsabilité est immense. Les Kurdes de France appellent de façon incessante le reste du pays à venir les soutenir et à participer à leurs manifestations.
Déjà dans l’histoire, des massacres contre les Kurdes ont pu être empêchés par des mobilisations internationales [2].
Au Bakur la victoire de la ZAD a aussi été fêtée. Un jeune, là-bas, nous disait au moment de trinquer : « En fait le Rojava c’est un peu notre ZAD à nous.... » Les attaques ont commencé une semaine après ces mots.
Une défaite et les massacres qui s’ensuivraient seraient un drame de plus pour les Kurdes et les habitant·e·s de cette région bien sûr, mais aussi pour tous les devenirs révolutionnaires, ici comme ailleurs.
Nous appelons à dénoncer l’abominable opération d’Erdoğan comme celle des gouvernements occidentaux et à soutenir de toutes les façons possibles la résistance désespérée de ces territoires.
Pour que l’internationalisme ne reste pas une coquille vide,
pour Afrine, pour le Rojava, pour l’autonomie !
Un jeune militant de retour du Bakur
désespéré de voir les Kurdes, une fois de plus,
se faire massacrer par les puissants.
Source : Paris-Luttes.info
25 janvier 2018.