Au peuple exploité du Mexique et du monde,
À La Otra Campaña nationale et internationale,
Aux organisations solidaires de la lutte du peuple triqui,
À tous les organismes de droits humains indépendants,
L’autonomie dans la région triqui a été déclarée formellement en 2007, avec le consensus de dix communautés ; elle a été établie dans le centre cérémoniel de San Juan Copala, État d’Oaxaca. L’histoire du peuple triqui nous raconte plus de cinq cents ans de résistance à la conquête et à l’intervention de multiples organismes politiques, à travers la colonisation interne et externe du système capitaliste, pour engendrer la violence entre communautés triquis.
Auparavant avaient surgi de multiples tentatives parmi les Triquis pour établir la paix dans la région, et ainsi pouvoir affronter la guerre colonisatrice capitaliste. Dans les années 1970 a été créé le CLUB, puis le MULT dans les années 1980 ; celui-ci a commencé à avoir une politique différente en 2003 avec la formation du Parti d’unité populaire (PUP), qu’on a voulu imposer malgré le principe de refus des partis politiques ; c’est pourquoi plusieurs fondateurs du MULT ont formé le Mouvement d’unification et de lutte triqui indépendant (MULTI), qui, après un accord avec la population triqui, a lancé la formation de la Commune autonome de San Juan Copala.
La Commune autonome est parvenue à arrêter la violence dans la région et à freiner les assassinats pour un temps, c’est pourquoi l’autonomie a suscité de la sympathie parmi les Triquis. En novembre 2009, l’État a intensifié la répression au moyen d’un encerclement paramilitaire, opéré par les directions du MULT-PUP et de l’Ubisort, qui a interdit le passage à une caravane du Front des villages en défense de la terre (FPDT) d’Atenco ; cela coïncide en outre avec les campagnes électorales pour le renouvellement des municipalités en octobre de cette année-là. Après une trentaine d’assassinats de 2008 jusqu’à présent à San Juan Copala, la Commune autonome a été expulsée par plus de 500 hommes armés, soutenus par les polices municipale et de l’État d’Oaxaca, le 13 septembre 2010 ; les maisons ont été pillées, détruites, incendiées.
C’est à cause de ces faits que la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) « ... a demandé à l’État mexicain de prendre des mesures de protection en faveur de 135 Triquis de la Commune autonome de San Juan Copala - toutes et tous expulsés - face aux agressions des groupes paramilitaires » (La Jornada du 10 octobre 2010). Mais le 16 octobre une embuscade a été tendue à des Triquis déplacés de la communauté, deux personnes ont été assassinées et deux autres grièvement blessées, malgré les mesures de protection.
Depuis qu’a surgi la Commune autonome de San Juan Copala, la stratégie de lutte a toujours été pacifique, et l’orientation celle de mener la lutte sans répondre à la violence par la violence.
L’assassinat du dirigeant du MULT Heriberto Pazos correspond à la politique répressive de l’État et à des intérêts politiques qui cherchent à continuer à exploiter, à réprimer, à coloniser. Après avoir attaqué l’autonomie, ils veulent à présent exterminer tout vestige de la lutte triqui, en attaquant cette communauté dans sa majorité, sans s’occuper de son affiliation ou de ses positions politiques, en ayant davantage de justifications pour continuer à réprimer la Commune autonome.
Nous n’oublions pas les assassinats de Teresa Bautista, Felicitas Martínez, Héctor Antonio Ramírez, Elías Fernández de Jesús, José Celestino Hernández, Beatriz Alberta Cariño, Jiry Jaakkola, Timoteo Alejandro Ramírez (dirigeant moral de la communauté triqui), Tleriberta Castro, Antonio Ramírez, Antonio Cruz, Rigoberto González, Pedro Santos, David García, Paulino Ramírez, Serafín Ubaldo Zurita, Teresa Ramírez, perpétrés entre la fondation de la Commune autonome et aujourd’hui.
Aucun d’entre eux n’a mérité l’attention de l’État pour qu’on leur assigne des gardes du corps ni même un mot du gouverneur, que ce soit du sortant (l’assassin Ulises Ruiz) ou de celui qui s’apprête à assumer le poste (Gabino Cué).
Nous rendons l’État responsable de n’avoir pas empêché le massacre à Copala et d’avoir assassiné un dirigeant du MULT, car seul quelqu’un disposant des moyens suffisants a pu se jouer de la sécurité d’Heriberto Pazos. De son vivant, celui-ci avait formé le Parti d’unité populaire (PUP) qui a participé à des alliances avec le PRI et a certains liens avec le PAN, et dans ses déclarations il s’était opposé au projet d’autonomie.
Nous nous prononçons contre le fait que cet assassinat d’État serve de prétexte aux autorités et aux paramilitaires pour continuer à massacrer, à harceler et à menacer les sympathisants de la Commune autonome dans les communautés, et ceux qui se trouvent dans les campements des villes d’Oaxaca et de Mexico.
Nous exigeons que les mesures de protection soient étendues à toutes familles de la Commune autonome, et qu’elles soient réellement appliquées.
Justice pour San Juan Copala !
Non à l’impunité, châtiment des coupables matériels et intellectuels des assassinats !
Respect de la Commune autonome de San Juan Copala !
Comité Défense et Justice pour la Commune autonome de San Juan Copala
Le 28 octobre 2010.
Traduit par el Viejo.