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Oaxaca

Répression à San Miguel Chimalapa

Sept personnes arrêtées et quatre blessées

lundi 14 novembre 2011, par VOCAL

Aujourd’hui mercredi 9 novembre 2011, à 10 h 30 du matin, ont été réprimés les habitants de la commune de San Miguel Chimalapa (Oaxaca) par des policiers de l’État d’Oaxaca.

Le bilan pour l’instant est de sept arrestations et quatre blessés, tous habitants et comuneros de la commune de San Miguel Chimalapa (Oaxaca). La répression policière s’est déroulée au chef-lieu municipal de San Miguel Chimalapa, avec un bilan de sept comuneros arrêtés dont les noms suivent : Angélico Solano Jiménez, Bernabé Solano Jiménez, Florido Antonio Cruz, Amado Miguel Gutiérrez, Gustavo Guzmán, Crispín Sánchez Jiménez et R. Sánchez Gutiérrez. Les personnes suivantes sont signalées blessées par la répression policière : Amable Toledo Domínguez, Marquito Cortes Sánchez, Pasco Angélico Gonzales Solano, Jesica Sánchez López. Les comuneros arrêtés ont été transférés par la police de l’État d’Oaxaca vers une destination inconnue, tandis que les blessés sont restés dans le village de San Miguel Chimalapa.

Les comuneros et les autorités de San Miguel Chimalapa font porter la responsabilité de cette répression au gouverneur de l’État d’Oaxaca, Gabino Cué Monteagudo, et en tant qu’opérateurs directs de la répression au procureur de justice de l’État d’Oaxaca, Javier Jiménez Herrera, et au sous-procureur de justice dans l’isthme de Tehuantepec, José Matus Cruz.

La commune de San Miguel Chimalapa (Oaxaca) est située dans la zone orientale de l’État, aux limites de l’État du Chiapas. Bien qu’il dispose de documents qui prouvent légalement la possession des terres qu’il occupe [1], ce village a été l’objet de continuelles tentatives de spoliation de ses territoires. Des exploitants forestiers et des éleveurs de l’État voisin du Chiapas envahissent et dépouillent son territoire de toutes les façons légales et illégales possibles. Le fait que l’État mexicain lui-même ait provoqué l’invasion des terres légalement en la possession de San Miguel Chimalapa est particulièrement grave ; il l’a fait par l’octroi à des ejidos de l’État voisin du Chiapas de décrets présidentiels de possession sur les territoires communaux de San Miguel Chimalapa, alors que la commune disposait de décrets présidentiels antérieurs. Cette situation démontre que c’est l’État mexicain lui-même qui a provoqué les invasions du territoire de San Miguel Chimalapa et violé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’État d’Oaxaca, cela s’ajoutant à la violence qui peut être suscitée dans la région.

Bien que San Miguel Chimalapa ait démontré la non-validité des décrets présidentiels qui portent atteinte à son intégrité territoriale, bien que légalement il ait raison, le gouvernement fédéral du Mexique et ceux des États du Chiapas et d’Oaxaca insistent pour obliger San Miguel Chimalapa à vendre ses terres pour permettre aux communautés d’envahisseurs chiapanèques d’y rester. C’est une violation flagrante de l’état de droit et de la constitutionnalité que commet l’État mexicain lui-même contre les communautés indigènes et les communes libres. En plus, l’État mexicain, à travers son secrétariat à l’Environnement et aux ressources naturelles (Semarnat), avive le conflit et donne son aval à la spoliation, car il a concédé des permis d’exploitation forestière aux ejidos chiapanèques établis sur le territoire oaxaquègne de San Miguel Chimalapa, ce qui porte atteinte à l’état de droit et provoque la violence dans la région.

Malgré les violations continuelles à leurs droits et à leur territoire, les comuneros de San Miguel Chimalapa ont proposé à de multiples occasions la solution pacifique du conflit avec les ejidatarios chiapanèques en leur offrant de rester sur leur territoire à condition d’accepter de faire partie des biens communaux de San Miguel Chimalapa, comme il apparaît sur les minutes des accords de solution définitive de Chimalapas du 20 décembre 1993 et du 25 juillet 1995, signés par le gouvernement de l’État d’Oaxaca et les communautés. Cependant, cette solution pacifique, que de nombreuses organisations et même des fonctionnaires gouvernementaux considèrent comme la meilleure, est continuellement en butte aux obstacles que constituent les intérêts économiques de chefs d’entreprise, d’éleveurs, de caciques et d’exploitants forestiers qui prétendent s’emparer des richesses de cette région stratégique et riche en biodiversité et en ressources naturelles.

Pour ces raisons, les premiers jours de novembre, l’assemblée communautaire de San Miguel Chimalapa a décidé d’établir un blocage des chemins d’entrée et de sortie de l’ejido envahisseur chiapanèque Gustavo Díaz Ordaz, établi sur 5 000 hectares du territoire communal de San Miguel Chimalapa, pour faire pression sur le gouvernement fédéral et ceux d’Oaxaca et du Chiapas en faveur de l’application des accords de solution définitive du conflit.

Bien qu’aient été établies des tables de dialogue dans la ville de Mexico entre le gouvernement fédéral et ceux d’Oaxaca et du Chiapas, c’est à ce moment qu’a lieu cette répression contre les indigènes zoques de la commune de San Miguel Chimalapa qui défendent légalement et légitimement leurs territoires.

Nous exigeons :

1. La présentation immédiate et en liberté des citoyens et comuneros de San Miguel Chimalapa : Angélico Solano Jiménez, Bernabé Solano Jiménez, Florido Antonio Cruz, Amado Miguel Gutiérrez, Gustavo Guzmán, Crispín Sánchez Jiménez et R. Sánchez Gutiérrez. Les personnes suivantes sont signalées blessées par la répression policière : Amable Toledo Domínguez, Marquito Cortes Sánchez, Pasco Angélico Gonzales Solano, Jesica Sánchez López.

2. Également que le gouvernement fédéral laisse de côté "son absurde prétention" que l’assemblée de San Miguel Chimalapa accepte de vendre ses terres et de démembrer son territoire ancestral, et qu’au contraire il reprenne, respecte et fasse valoir les accords de solution agraire définitive pour les Chimalapas, établis dans les minutes des accords du 20 décembre 1993 et du 25 juillet 1995, où est assumée et signée l’offre des communautés chimalapas d’accepter comme comuneros les membres des noyaux agraires d’origine chiapanèque.

Nous rendons responsables :

1. Gabino Cué Monteagudo, gouverneur de l’État d’Oaxaca, pour avoir ordonné la répression qu’aujourd’hui subissent les comuneros de San Miguel Chimalapa (Oaxaca).

2. Le procureur de Justice de l’État d’Oaxaca, Javier Jiménez Herrera, et le sous-procureur de justice dans l’isthme de Tehuantepec, José Matus Cruz, pour être les chefs directs qui ont ordonné l’arrestation des sept comuneros de San Miguel Chimalapa.

Voix oaxaquègnes construisant l’autonomie et la liberté (VOCAL)
Oaxaca de Juárez (Oaxaca), le 9 novembre 2011.

Traduit par el Viejo [2].

Notes

[1Depuis… 1687 ! NdT

[2Note du traducteur : ce texte ne dit pas un mot sur les raisons précises de l’intervention policière ; il s’agissait de "libérer" un chef de file des éleveurs chiapanèques, "retenu" par les Chimalapas pour obliger à ouvrir des négociations. À la lointaine époque où il était étudiant, le futur traducteur a participé pour la même raison à la "rétention" d’un recteur d’académie, et ne considère donc pas cette méthode comme choquante dans certaines circonstances. En revanche, il lui semble toujours contre-productif de ne pas dire toute la vérité…

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