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Pour un Réseau de résistance et de rébellion
propositions de l’EZLN

mardi 25 septembre 2018, par EZLN, SCI Galeano, SCI Moisés

Lors de la Rencontre des réseaux d’appui au Conseil indigène de gouvernement, dans le caracol de Morelia, en août 2018, l’EZLN a présenté un long texte en trois parties développant une analyse de la situation au Mexique et dans le monde. Dans sa partie finale, il formule des propositions de portée internationale pour poursuivre et amplifier le processus engagé avec le Conseil indigène de gouvernement.
C’est cet extrait qui est publié ici.

(...)

Nous pensons que nous devons rester du côté des peuples originaires.

Peut-être certains des réseaux croient-ils encore que nous soutenons les peuples originaires. Ils vont voir, le temps passant, que ça va être l’inverse : ce sont eux qui vont nous aider avec leur expérience et leurs formes d’organisation, autrement dit c’est nous qui allons apprendre. Car si quelqu’un est expert en matière de tempêtes, ce sont bien les peuples originaires — ils ont été attaqués de tant de manières et ils sont toujours là, ou plutôt nous sommes toujours là.

Mais nous pensons aussi — et nous vous le disons très clairement, compañer@s — que cela ne suffit pas, que nous devons inclure dans notre horizon l’ensemble de nos réalités avec leurs douleurs et leurs rages, c’est-à-dire que nous devons cheminer vers l’étape suivante : la construction d’un Conseil qui intègre les luttes de tous les opprimés, de tous et toutes les jetables, des disparues et des assassinées, des prisonniers politiques, des femmes agressées, de l’enfance prostituée, de tous les calendriers et de toutes les géographies qui tracent la carte impossible pour les lois des probabilités, les sondages et les votes : la carte contemporaine des rébellions et des résistances sur la planète entière.

Si vous allez, avec nous, défier la loi des probabilités qui dit qu’il n’y a aucune chance, ou très peu, que nous réussissions, si nous allons défier les sondages, les millions de votes, et tous les chiffres que le Pouvoir puisse afficher pour nous soumettre ou pour nous affaiblir, alors nous devons faire que le Conseil devienne plus grand.

Pour le moment c’est seulement une pensée que nous exprimons ici, mais nous voulons construire un Conseil qui n’absorbe ni n’annule les différences, mais au contraire permette d’accroître leurs potentialités dans le cheminement avec d’autres qui ont le même objectif.

Suivant le même raisonnement, ces paramètres ne devraient pas avoir pour limite la géographie imposée par les frontières et les drapeaux : il devrait donc tendre à devenir international.

Ce que nous proposons, c’est non seulement que le Conseil indigène de gouvernement cesse d’être uniquement indigène, mais aussi qu’il cesse d’être national.

C’est pourquoi, nous, femmes et hommes zapatistes, proposons de soumettre à une consultation, outre l’ensemble des propositions formulées durant cette rencontre, ce qui suit :

1. Réaffirmer notre appui au Congrès national indigène et au Conseil indigène de gouvernement.
2. Créer et maintenir des canaux de communication ouverts et transparents entre nous qui nous sommes connus durant le cheminement du Conseil indigène de gouvernement et de sa porte-parole.
3. Commencer ou continuer l’analyse-évaluation de la réalité dans laquelle nous nous mouvons, en produisant et en partageant ces analyses et évaluations, ainsi que les propositions d’action coordonnées qui en découlent.
4. Nous proposons le dédoublement des réseaux de soutien au CIG afin que, sans cesser de soutenir les peuples originaires, notre cœur s’ouvre aussi aux rébellions et résistances qui émergent et persévèrent là où chacun se meut, dans les campagnes ou dans les villes, sans qu’importent les frontières.
5. Commencer ou continuer la lutte qui vise à élargir les revendications et la nature du Conseil indigène de gouvernement, de sorte qu’au-delà des peuples originaires il incorpore les travailleurs des campagnes et des villes, ainsi que tous et toutes les jetables qui ont leur propre histoire et leur propre lutte, c’est-à-dire une identité.
6. Commencer ou continuer l’analyse et la discussion qui vise à faire naître une coordination ou une fédération de réseaux, qui évite toute direction centralisée et verticale, et qui fortifie l’entraide solidaire et la fraternité entre ceux qui la forment.
7 et dernier. Réaliser une réunion internationale de réseaux, quel que soit le nom qu’on lui donne — quant à nous, nous proposons que nous nous appelions pour le moment Réseau de résistance et rébellion... et chacun son nom —, en décembre de cette année, quand nous aurons analysé et évalué ce que décideront et proposeront le Congrès national indigène et le Conseil indigène de gouvernement (lors de leur réunion, en octobre prochain) et aussi afin de connaître les résultats de la consultation à laquelle nous appelons dans la présente réunion. Pour cette rencontre, nous proposons, si vous voulez, l’espace d’un des caracoles zapatistes.

Notre appel ne s’adresse pas seulement aux peuples originaires, mais aussi à toutes celles et tous ceux qui se rebellent et résistent dans tous les recoins du monde. À ceux qui défient les schémas tout faits, les règles, les lois, les préceptes, les chiffres et les pourcentages.

(…)

Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain,
sous-commandant insurgé Moisés, sous-commandant insurgé Galeano.
Mexique, août 2018.

Source et texte d’origine :
Enlace Zapatista.

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