Bulletin de presse.
Vendredi 25 mai 2012.
- Mai 2012, à la veille du Wirikuta Fest [1], la récente déclaration du gouvernement stipulant qu’il s’engageait à protéger Wirikuta a été considérée par les autorités wixaritari comme incomplète, fallacieuse et comportant de nombreuses informations erronées qui déforment la situation réelle du lieu sacré.
- Il n’y a pas eu de suspension de l’activité minière dans l’ensemble du périmètre sacré de Wirikuta.
- First Majestic Silver Corp, par le biais de sa filière mexicaine Minera Real Bonanza, cède un lot d’exploitation minière de 761 hectares et tire bénéfice de la couverture médiatique du Wirikuta Fest.
- Le projet minier La Luz, de First Majestic Silver et Minera Real Bonanza, continue son expansion.
- La référenciation géographique des autels sacrés réalisée par le gouvernement n’a rencontré aucun consensus de la part du peuple wixárika, dont les autorités et assemblées n’ont pas été consultées. Celles-ci refusent donc de corroborer les informations obtenues.
- Le principal projet minier, Universo, ainsi que les exploitations de tomates qui menacent Wirikuta n’ont été l’objet d’aucune prise de position de la part du gouvernement mexicain.
- En dépit de la profonde inquiétude des représentants du peuple wixárika concernant la déclaration du gouvernement, ceux-ci persistent dans leur intention d’établir avec l’État mexicain un dialogue et des accords visant à la défense et à la protection intégrales du territoire sacré de Wirikuta.
Wirikuta est le territoire sacré du peuple wixárika. Sa superficie s’étend sur 140 212 hectares.
Au jour d’aujourd’hui les entreprises minières ont des projets actifs dans 79 de leurs concessions, dont 70 % sont comprises à l’intérieur des limites du territoire sacré de Wirikuta et de la réserve naturelle protégée (déclarée par décret régional). Ces 70 % équivalent à une surface de 97 000 hectares, dont 59 000 sont englobées dans le projet Universo et se situent donc à l’intérieur de Wirikuta. Ces informations ne figurent à aucun endroit du communiqué gouvernemental.
Hier le gouvernement fédéral, par le biais des responsables des ministères de l’Intérieur, de l’Économie, de la Réforme agraire (SRA) et de l’Écologie, et de la Commission nationale pour le développement des peuples indigènes (CDI), a communiqué les modalités d’un décret présidentiel établissant une réserve minière nationale comprenant une zone d’environ 45 000 hectares où n’ont pas été octroyées de concessions minières ; 95 000 hectares, où sont actuellement répertoriés les projets miniers, restent sans protection. Les communautés wixaritari ne furent à aucun moment consultées dans cette prise de décision.
La référenciation géographique réalisée par le SRA-CDI fut faite sans consultation et ne fut ni portée à la connaissance du peuple wixárika ni acceptée par la grande majorité du peuple. De plus, elle ne fut pas prise en compte pour les modalités de la réserve minière nationale, pas plus que les institutions concernées.
Le gouvernement affirme qu’aucun projet minier n’est actif à Wirikuta et qu’il n’y a aucune mise en péril de la réserve naturelle. Il semble méconnaître les explorations actuellement réalisées par diverses entreprises minières, explorations répertoriées et photographiées, ainsi que les agro-industries dévastatrices que le peuple wixárika dénonce depuis déjà plus d’un an. Ces exploitations pillent et détruisent la réserve, exterminant chaque jour des milliers d’espèces protégées en voie de disparition, et ce dans l’illégalité la plus totale.
La mention d’Elvira Quezada [2] stipulant qu’il reconnaîtra Wirikuta comme une réserve naturelle protégée au niveau fédéral ouvre la possibilité d’une amplification de la protection de la réserve. Nous considérons que le modèle de réserve de la biosphère proposé est idéal, et nous appelons donc, avec tout le respect requis, à ce qu’il fasse l’objet d’une consultation libre, préalable et informée, en accord avec la Constitution, des assemblées communautaires wixaritari, puisque celles-ci sont les principaux organes décisionnaires du peuple wixárika, dans le but d’établir le plan de gestion fondé sur les études et sur les connaissances du peuple wixárika, du Front pour la défense de Wirikuta et de tous les assesseurs auxquels ceux-ci peuvent avoir recours pour la conservation, la restauration et la préservation de Wirikuta et de ses zones d’influence.
First Majestic Silver Corps, par le biais de sa filière mexicaine Minera Real Bonanza, a cédé au gouvernement (non au peuple wixárika ni aux habitants de Wirikuta) un lot minier de 761 hectares qui correspond à la concession de Minera Real Bonanza (lot minier Bonanza 3, fraction 8, titre 234874, concession faite pour l’exploitation de divers métaux) et qui est le même lot que celui que la compagnie se proposait d’abandonner depuis janvier 2011 ; proposition que le peuple wixárika avait refusée afin d’affirmer sa position selon laquelle Wirikuta ne se limite pas au Cerro Quemado, mais s’étend sur au moins 140 212 hectares qui constituent une entité indivisible. Le lot minier de Real Bonanza, fraction 8, est une zone stérile qui ne comprend aucun minéral économiquement exploitable et qui fait par ailleurs partie d’une zone ne figurant pas dans les projets miniers de First Majestic Silver. Le projet d’exploitation reste donc strictement inchangé d’un point de vue gouvernemental.
Une autre preuve de l’absence de valeurs morales de First Majestic Silver est son attitude de mensonge constant et sa présomption à émettre des jugements de valeur sur la culture wixárika et sur ce qu’elle symbolise.
Lamentablement cela ne constitue une solution d’aucun point de vue ; il s’agit simplement d’une stratégie pour profiter de la couverture médiatique du Wirikuta Fest et pour donner une impudente image de la prétendue responsabilité sociale de First Majestic Silver.
Le chemin est long et nous demandons donc à l’État mexicain de maintenir le dialogue avec le peuple wixárika à travers ses représentants traditionnels, civils et agraires, pour la protection intégrale du territoire sacré de Wirikuta.
Pour terminer, nous réitérons notre demande que toutes les concessions minières situées dans la réserve naturelle et culturelle de Wirikuta soient abandonnées, de même que les activités agro-industrielles qui portent atteinte à la biodiversité du territoire.
Conseil régional wixárika pour la défense de Wirkuta
Front pour la défense de Wirikuta Tamatsima Wa’haa
Traduit par Lenda Pessoal.