Bonjour compañeras du Congrès national indigène et du Conseil indigène de gouvernement,
Bonjour compañeras commandantes, bases d’appui, autorités autonomes, responsables de zone, miliciennes et insurgées,
Avant toute chose, nous souhaitons envoyer une grande étreinte à la famille de la compañera de Basse-Californie du Sud Eloisa Vega Castro, membre des réseaux de soutien au Conseil indigène de gouvernement, décédée alors qu’elle accompagnait la délégation du Conseil indigène de gouvernement le 14 février 2018.
Nous avons attendu aujourd’hui pour saluer la mémoire d’Eloisa, pour que notre étreinte soit plus grande et arrive loin, de l’autre côté du Mexique.
Et cette étreinte et ce salut sont grands car ils sont de la part de toutes et tous les zapatistes en ce jour du 8 mars pour cette femme qui a lutté et qui aujourd’hui nous manque : Eloisa Vega Castro. Nous tenons à exprimer toutes nos condoléances à sa famille.
Sœurs et compañeras qui nous rendez visite,
Merci à toutes celles qui sont ici présentes pour cette première rencontre internationale des femmes qui luttent.
Merci d’avoir fait l’effort de venir depuis tous les mondes dans ce petit coin où nous nous trouvons.
Nous savons bien que ça n’a pas été facile d’arriver jusqu’ici et que sûrement de nombreuses femmes qui luttent n’ont pas pu venir à cette rencontre.
Mon nom est insurgée Erika, c’est comme ça qu’on nous appelle, nous les insurgées, quand nous ne parlons pas de manière individuelle mais collectivement. Je suis capitaine insurgée d’infanterie et je suis accompagnée d’autres compañeras insurgées et miliciennes de différents grades.
Notre travail sera de veiller sur cet endroit pour que seules les femmes y entrent et qu’aucun homme ne vienne. Car nous savons qu’ils sont malins.
Vous allez donc nous voir circuler dans différents endroits mais ce sera pour veiller à ce qu’aucun homme n’entre. Et s’il y en a un qui entre, nous l’attraperons et le sortirons car nous avons clairement dit que les hommes n’étaient pas invités. C’est pour cela qu’ils doivent rester dehors et attendre pour savoir après ce qui s’est passé ici.
Vous, vous pouvez aller où vous voulez. Vous pouvez sortir ou entrer le nombre de fois que vous voulez, vous avez juste besoin de votre badge et c’est tout. Mais les hommes ne pourront entrer qu’à la fin de la rencontre.
Il y a également ici des compañeras promotrices de santé et quelques docteures. Donc si vous tombez malade ou si vous vous sentez mal, il suffit que vous le disiez à n’importe laquelle d’entre nous qui préviendra rapidement les promotrices afin qu’elles vous reçoivent et, si nécessaire, que la docteure vous ausculte. Et si c’est nécessaire, nous avons une ambulance disponible pour vous emmener à l’hôpital.
Il y a aussi des compañeras coordinatrices, techniciennes du son et de la lumière, des responsables de l’hygiène, des déchets et des sanitaires et, pour que ces compañeras puissent participer à la rencontre, eh bien nous vous demandons de faire attention à vos déchets, à la propreté de l’endroit et des toilettes.
Aujourd’hui, nous sommes nombreuses mais c’est comme si nous étions une seule pour vous recevoir et faire en sorte que vous vous sentiez le mieux possible dans les conditions qui sont les nôtres.
Sœurs et compañeras,
Notre parole est collective, c’est pour cela que mes compañeras sont ici avec moi.
À moi, il me revient de lire, mais nous nous sommes mises d’accord sur ces mots de manière collective avec toutes les compañeras qui sont organisatrices et coordinatrices dans cette rencontre.
Pour nous, en tant que femmes zapatistes, c’est un immense honneur d’être ici avec vous et nous vous remercions car vous nous avez donné un espace pour partager avec vous nos paroles de lutte en tant que femmes zapatistes que nous sommes.
Dans la mesure où je parle au nom de mes compañeras, ma parole sera un mélange de paroles car sommes toutes de différents âges et de différentes langues, et nous avons des histoires différentes.
Ainsi, moi, j’ai travaillé comme servante dans une maison de la ville, avant le soulèvement, mais j’ai aussi grandi dans la résistance et la rébellion zapatiste de nos grands-mères, mères et sœurs plus âgées.
J’ai aussi vu la situation de nos villages avant la lutte, c’était une situation très compliquée à expliquer par les mots et encore plus difficile à vivre. J’ai vu comment mouraient de maladies curables les enfants, les jeunes, les adultes, les personnes âgées.
Et tout ça par manque d’attention médicale, d’une bonne alimentation, d’éducation. Mais on mourait aussi pour le simple fait d’être femme, et on mourait encore plus pour cette raison.
Il n’y avait pas de cliniques et, où il y en avait, c’était loin. Et les médecins du mauvais gouvernement ne nous recevaient pas et ils ne nous reçoivent toujours pas car nous ne savons pas parler espagnol et parce que nous n’avons pas d’argent.
Dans la maison ou j’ai travaillé comme servante, je n’avais pas de salaire, je ne savais pas parler espagnol et je ne pouvais pas étudier, j’ai juste pu apprendre à parler un peu plus.
Après avoir su qu’il y avait une organisation qui luttait, j’ai commencé à participer en tant que base d’appui. Je sortais la nuit pour aller apprendre et je revenais au petit matin car à cette époque personne ne savait rien de la lutte que nous faisions car tout était clandestin.
À cette époque, je participais aux travaux collectifs avec d’autres femmes zapatistes. Nous faisions de l’artisanat, nous récoltions des haricots, nous travaillions dans les champs de maïs et avec les animaux.
Et nous faisions tout de manière clandestine. Si nous avions des réunions ou des moments d’études politiques, nous devions le dire d’une autre manière car certains ne savaient pas ce qu’il se passait même dans leurs propres familles.
Mais aussi, je suis née et j’ai grandi après le début de la guerre.
Je suis née et j’ai grandi avec les patrouilles militaires qui rôdaient autour de nos communautés et chemins, en écoutant les soldats dire des conneries aux femmes simplement parce qu’ils étaient des hommes armés et que nous étions et sommes des femmes.
Mais comme nous étions ainsi, en collectif, nous n’avons pas eu peur, nous avons plutôt décidé de lutter et de nous soutenir collectivement en tant que femmes zapatistes que nous sommes.
C’est comme ça que nous avons appris que nous pouvions nous défendre et que nous pouvions diriger.
Et ce n’était pas pour les paroles d’un discours, mais bien dans les faits que nous avons pris les armes et que nous nous sommes battues contre l’ennemi, et en réalité nous avons pris le commandement et nous avons mené des combats avec une majorité d’hommes dans nos troupes.
Et oui, ils nous ont obéi car l’important n’était pas d’être un homme ou une femme, ce qui comptait c’était d’être disposée à lutter sans te rendre, sans te vendre et sans capituler.
Et même si nous n’avions pas fait d’études, nous avions beaucoup de rage, beaucoup de colère à cause de toutes les saloperies qu’ils nous font.
Car j’ai vécu le mépris, l’humiliation, les moqueries, les violences, les coups, les morts pour le fait d’être une femme, d’être indigène, d’être pauvre et maintenant d’être zapatiste.
Et sachez bien que ce n’était pas toujours un homme qui m’exploitait, qui me volait, qui m’humiliait, qui me frappait, qui me méprisait, qui me tuait.
Il y avait aussi beaucoup de femmes qui me traitaient ainsi. Et qui le font toujours.
Et j’ai également grandi dans la résistance et j’ai vu comment mes compañeras ont créé des écoles, des cliniques, des travaux collectifs et des gouvernements autonomes.
Et j’ai vu des fêtes publiques, où toutes nous savions que nous étions zapatistes et nous savions que nous étions ensemble.
Et j’ai vu que la rébellion, que la résistance, que la lutte est aussi une fête, même si parfois il n’y a pas de musique ni de bal mais seulement la pression des différents travaux, de la préparation, de la résistance.
Et j’ai vu que là où avant je ne pouvais que mourir car j’étais indigène, pauvre, femme, nous construisions collectivement un autre chemin de vie : la liberté, notre liberté.
Et j’ai vu que là où, avant, nous n’avions qu’une maison et un champ, nous avions maintenant des écoles, des cliniques et des travaux collectifs où en tant que femmes nous utilisions des machines, pouvions avoir accès à des équipements et diriger la lutte. Même si nous avons fait des erreurs, nous avançons progressivement, sans que personne ne nous dise comment faire, mis à part nous-mêmes.
Et je vois maintenant que nous avons bel et bien avancé, même si ce n’est qu’un peu, c’est toujours quelque chose.
Et ne croyez pas que ça a été facile. Ça a été dur et ça continue à l’être.
Et pas seulement à cause de ce sale système capitaliste qui veut nous détruire, mais aussi parce que nous devons lutter contre le système qui fait croire et penser aux hommes que nous, les femmes, valons moins et que nous ne servons à rien.
Et parfois aussi, il faut le dire, même entre femmes, nous nous faisons des saloperies et nous nous parlons mal ; en d’autres termes, nous ne nous respectons pas.
Car il ne s’agit pas seulement des hommes, il y a aussi des femmes des villes qui nous méprisent, qui disent que nous ne savons rien sur la lutte des femmes, car nous n’avons pas lu de livres dans lesquels les féministes expliquent comment les choses doivent être et tant d’autres choses qu’elles disent et critiquent sans connaître notre lutte.
Car être femme est une chose et être pauvre en est une autre. C’est encore autre chose d’être indigène. Et les femmes indigènes qui m’écoutent le savent bien. Et c’est encore autre chose de bien différent et de plus difficile d’être femme indigène zapatiste.
Et nous sommes évidemment bien conscientes qu’il reste encore beaucoup à faire, mais comme nous sommes des femmes zapatistes, eh bien, nous ne nous rendons pas, nous ne nous vendons pas et nous ne changeons pas de chemin de lutte, c’est-à-dire, nous ne capitulons pas.
Et ce que nous sommes capables de faire, vous le voyez bien dans cette rencontre, car nous l’avons organisée entre femmes zapatistes.
Car ça n’a pas été juste une idée comme ça.
Il y a déjà plusieurs mois, quand le Congrès national indigène et le Conseil indigène de gouvernement ont dit qu’en tant que femmes nous allions dire que nous n’avions pas peur ou que si, nous avions peur mais que nous la contrôlions, nous avons commencé à penser collectivement sur le fait que nous devions aussi faire quelque chose.
Donc dans toutes les zones, dans les collectifs de femmes, grands et petits, on a commencé à discuter de ce qu’on allait faire en tant que femmes zapatistes que nous sommes.
Et lors du pARTage de l’an passé, l’idée a surgi que seules les femmes zapatistes allions parler et honorer le Conseil indigène de gouvernement. Et c’est ce que nous avons fait, car ce sont des femmes seulement qui ont reçu nos compañeras du Conseil indigène de gouvernement et la porte-parole Marichuy, ici présente.
Mais pas seulement, nous avons aussi pensé dans les collectifs et nous avons débattu de ce que nous devions faire car nous voyons bien que quelque chose est en train de se passer. Et ce qu’on voit, sœur et compañeras, c’est qu’on est en train de nous tuer. Et qu’on nous tue car nous sommes des femmes.
Car c’est notre délit et on nous donne une sentence de mort.
Nous avons donc pensé à cette rencontre et inviter toutes les femmes qui luttent.
Et je vais vous dire pourquoi nous avons pensé cela :
Ici sont présentes des femmes de nombreuses parties du monde.
Il y a des femmes qui ont fait de longues études, qui sont docteures, qui ont une licence, qui sont ingénieures, scientifiques, professeures, étudiantes, artistes, dirigeantes.
Bon, nous, nous n’avons pas fait beaucoup d’études, certaines d’entre nous parlent tout juste espagnol.
Nous vivons dans ces montagnes, les montagnes du Sud-Est mexicain.
Nous sommes nées ici, nous avons grandi ici. Nous luttons ici. Nous mourrons ici.
Et nous voyons par exemple ces arbres qui sont là, que vous vous appelez « forêt » et que nous, nous appelons « montagne ». Bon, mais nous savons que dans cette forêt, dans cette montagne, il y a plein d’arbres différents. Et nous savons qu’il y a, par exemple, des ocotesou des pins, il y a des coabas, des cèdres, il y a des bayaltes et de nombreux types d’arbres. Mais nous savons aussi que chaque pin ou ocote n’est pas pareil, mais plutôt que chacun d’entre eux est différent.
Nous le savons, oui, mais en voyant tout ça, on dit que c’est une forêt ou une montagne. Bon, ici nous sommes comme une forêt ou comme une montagne. Nous sommes toutes femmes.
Mais nous savons qu’il y en a de différentes couleurs, tailles, langues, cultures, professions, pensées et formes de lutte. Mais nous disons que nous sommes des femmes et en plus que nous sommes des femmes qui luttent. Donc, nous sommes différentes mais nous sommes pareilles.
Et bien qu’il y ait des femmes qui luttent et qui ne sont pas là, eh bien nous pensons à elles même si nous ne les voyons pas. Et nous savons aussi qu’il y a des femmes qui ne luttent pas, qui se contentent de ce qu’il y a, en d’autres termes, qui s’effacent. Et donc, dans le monde entier, nous pouvons dire qu’il y a des femmes, une forêt de femmes, que ce qui les rend semblables, c’est qu’elles sont femmes.
Mais donc nous, en tant que femmes zapatistes, nous voyons quelque chose de plus qui est en train de se passer. Car, ce qui nous rend égales, c’est aussi la violence et la mort qu’ils nous imposent. Donc nous voyons que le côté moderne de ce sale système capitaliste, nous voyons qu’il a transformé toutes les femmes de ce monde en forêt à cause de sa violence et de sa mort qui ont le visage, le corps et la tête idiote du patriarcat.
Donc, nous vous disons que nous vous invitons pour que l’on se parle, que l’on s’écoute, que l’on se regarde, que l’on se célèbre.
Nous avons pensé que ce devait être juste entre femmes pour pouvoir parler, écouter, regarder, fêter sans le regard des hommes, et peu importe que ce soient des hommes bons ou mauvais.
L’important c’est que nous sommes des femmes et nous sommes des femmes qui luttons, c’est-à-dire que nous ne nous contentons pas de ce qui se passe et chacune, selon ses manières de faire, son temps, son lieu, lutte c’est-à-dire qu’elle se rebelle, qu’elle se fâche et qu’elle fait quelque chose.
Donc nous vous disons, sœurs et compañeras, que l’on peut sélectionner ce que l’on va faire lors de cette rencontre. C’est-à-dire que nous pouvons choisir.
Nous pouvons choisir d’être en concurrence pour voir qui est la plus chouette, qui a les meilleures paroles, qui est la plus révolutionnaire, qui est celle qui pense le plus, qui est la plus radicale, qui est celle qui se porte le mieux, qui est la plus libérée, qui est la plus jolie, qui est la meilleure, qui danse le mieux, qui peint le mieux, qui chante bien, qui est la plus femme, qui gagne la compétition sportive, qui lutte le plus.
De toute façon, il n’y aura pas d’hommes pour dire qui gagne et qui perd. Seulement nous.
Ou bien, nous pouvons écouter et parler de manière respectueuse en tant que femmes de lutte que nous sommes, nous pouvons nous offrir des danses, de la musique, des vidéos, des peintures, de la poésie, du théâtre, de la sculpture, des jeux, de la connaissance et ainsi alimenter nos luttes, celles que chacune d’entre nous a là où elle se trouve.
Nous pouvons donc choisir, sœurs et compañeras. Ou on se met en compétition entre nous et à la fin de la rencontre, en rentrant dans nos mondes, on se rendra compte que personne n’a gagné.
Ou on se met d’accord pour lutter ensemble, aussi différentes que l’on soit, contre le système capitaliste patriarcal qui est celui qui nous violente et nous assassine.
Ici, l’âge n’est pas important. Peu importe que vous soyez mariées, célibataires, veuves ou divorcées, que vous soyez de la ville ou de la campagne, que vous soyez membres d’un parti politique, que vous soyez lesbiennes ou asexuelles ou transgenres ou peu importe comment vous vous qualifiez, peu importe que vous ayez fait des études, que vous soyez féministes ou non.
Vous êtes toutes les bienvenues et, en tant que femmes zapatistes, nous vous écouterons, nous vous regarderons et nous vous parlerons respectueusement.
Nous avons fait en sorte que dans toutes les activités, dans toutes, il y ait certaines d’entre nous qui puisse porter votre message à nos compañeras dans les villages et communautés. Nous allons mettre une table spéciale pour recevoir vos critiques, vous pourrez nous y donner ou dire ce qu’il vous semble que nous avons mal fait ou ce que nous faisons mal.
Nous le verrons et l’analyserons et, si c’est vrai ce que vous dites, nous verrons comment faire pour améliorer les choses.
Ce que nous ne ferons pas en revanche, c’est rejeter sur les hommes ou sur le système la faute des erreurs qui sont les nôtres. Car la lutte pour notre liberté en tant que femmes zapatistes que nous sommes nous appartient. Ce n’est pas aux hommes ni au système de nous donner notre liberté.
Au contraire, le travail du système capitaliste patriarcal est de nous maintenir soumises. Si nous voulons être libres nous devons conquérir la liberté nous-mêmes en tant que femmes que nous sommes.
Nous allons vous voir et vous écouter avec respect, compañeras et sœurs. À partir de ce que nous observons et écoutons, nous saurons prendre ce qui nous aidera dans notre lutte en tant que femmes zapatistes que nous sommes, et ce qui ne nous aidera pas, eh bien non. Mais nous, nous ne jugerons personne. Nous ne dirons pas que c’est bien ou mal.
Nous ne vous avons pas invitées pour vous juger. On ne vous a pas non plus invitées pour être en compétition. On vous a invitées pour que l’on se rencontre en tant que différentes et en tant que semblables.
Ici, il y a des compañeras zapatistes de différentes langues originaires. Elles écouteront les paroles collectives des femmes de chaque zone.
Nous ne sommes pas toutes là.
Nous sommes bien plus nombreuses et la rage et la colère que nous avons est grande.
Mais notre rage n’est pas seulement due à notre condition, c’est-à-dire à notre lutte, mais pour toutes les femmes qui sont violentées, assassinées, violées, frappées, insultées, méprisées, moquées, disparues, détenues.
Donc nous te disons, sœur et compañera, que nous ne vous demandons pas que vous veniez lutter pour nous, et de la même manière, que nous n’irons pas lutter pour vous.
Chacun connaît sa direction, sa manière et son temps.
La seule chose que nous vous demandons c’est de continuer à lutter, que vous ne vous rendiez pas, que vous ne vous vendiez pas, que vous ne renonciez pas à être des femmes qui luttent.
Et pour terminer, nous vous demandons quelque chose de particulier pour ces jours-ci où vous serez avec nous. Il y a des femmes qui viennent de différentes parties du Mexique et du monde, sœurs et compañeras, qui sont âgées, sages comme nous disons.
Ce sont des femmes qui luttent depuis des années.
Donc on vous demande que vous leur témoigniez du respect et une considération particulière, car nous voulons nous aussi devenir comme elles, arriver à un certain âge et savoir que nous continuons à lutter.
Nous voulons être âgées et pouvoir dire que ça fait de nombreuses années et que chaque année a été une année de lutte. Mais pour cela nous devons être vivantes. C’est pour ça que cette rencontre est pour la vie.
Et personne ne va nous offrir ça, sœurs et compañeras. Ni dieu, ni l’homme, ni le parti politique, ni un sauveur, ni un leader, ni une leader, ni une cheffe.
Nous devons lutter pour la vie. C’est pas grave, c’est ce que nous avons dû faire, et vous aussi sœurs et compañeras, et toutes les femmes qui luttent aussi.
Peut-être que, quand cette rencontre se terminera, quand vous rentrerez dans vos mondes, avec vos temps, vos manières, quelqu’un vous demandera si des accords ont été pris. Car il y a beaucoup de pensées différentes qui sont parvenues jusqu’aux terres zapatistes. Peut-être que vous répondrez non. Ou peut-être que vous répondrez oui, que nous avons fait un accord.
Et peut-être, que quand on vous demandera quel a été l’accord, vous direz : « Nous nous sommes mises d’accord sur le fait de vivre et comme pour nous vivre c’est lutter, eh bien nous nous sommes mises d’accord pour lutter chacune à sa manière, à son endroit et selon son temps. »
Et peut-être même que vous répondrez : « Et à la fin de la rencontre nous nous sommes mises d’accord pour revenir nous rencontrer l’année suivante en terres zapatistes car elles nous ont invitées de nouveau. »
Voici notre parole, merci de nous avoir écoutées.
Vive toutes les femmes du monde entier !
Mort au système patriarcal !
Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain.
Les femmes zapatistes.
8 mars 2018, Chiapas,
Mexique, le monde.
Source et traduction :
[bleu violet]Enlace Zapatista[/bleu violet]