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Nous préférons le vent de la révolte
à celui de l’aménagement verdâtre des territoires

jeudi 22 février 2018, par Bure résistance, Les Lentillères, L’Amassada

Déclaration commune lue lors du rassemblement du 10 février 2018
à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes

par des habitant·e·s de territoires en lutte

Ça y est, ils l’ont abandonné, ce projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

C’est pas trop tôt ! Un peu partout, on se réjouit de cette victoire, de ce qu’elle représente : la possibilité de bloquer ces projets d’aménagement absurdes et destructeurs qu’on voudrait nous imposer, la possibilité d’oser imaginer à nouveau gagner et défaire le rouleau compresseur de l’État et du profit.

Les médias posent la question : cet abandon va-t-il renforcer les autres luttes ? Nous, nous savons déjà que oui. D’ailleurs, le gouvernement s’y attend lui aussi. Pourquoi sinon Édouard Philippe, premier ministre, en annonçant le retrait du projet se serait-il senti obligé d’affirmer que l’État va continuer à « aménager le pays », en prenant désormais en compte « une meilleure qualité de vie [et] un plus grand respect de l’environnement » ? Les voilà déjà à préparer l’opinion publique à accepter leurs autres projets pourris (et ceux d’investisseurs privés).

Ce qu’ils nous préparent en vérité c’est toujours le même projet. Une guerre généralisée au vivant, au nom de l’économie, sous couvert d’« aménagement des territoires ». Une guerre avec son lot de nouvelles mascarades et d’opérations policières. Avec son mélange de répression et de « consultation », comme ils disent. Qu’ils nous consultent autant qu’ils veulent, qu’ils essaient ! Quand c’est non, c’est non. À Bure, Roybon ou l’Amassada, c’est non. Les autoroutes, centres de commerce ou de loisir, lignes à grande vitesse, centrales biomasse, projets nucléaires ou d’éolien industriel, d’écoquartiers, de smart cities, d’extraction de sable, de minerais ou de souches, c’est non.

Nous l’avions déjà dit en décembre lors d’un communiqué commun à plusieurs territoires en lutte, nous le répétons aujourd’hui : leur écologie n’est pas la nôtre. Elle est avant tout un prétexte pour intensifier l’administration et le contrôle des territoires et de leurs habitants, ces territoires dans lesquels nous vivons. Leur monde uniforme n’est pas le nôtre, non plus. Que le capitalisme soit vert Center Parcs, noir pétrole, gris béton, jaune nucléaire ou rouge sang, nous savons qu’il sera toujours couleur d’uniforme.

À Notre-Dame-des-Landes comme dans tant d’autres endroits, nous ne nous contentons pas de combattre. Nous ne sommes pas ces mercenaires de la cause écolo que dépeignent certains médias, ces djihadistes verts qui n’auraient qu’une seule envie : se battre. Nous nous battons parce que nous avons des mondes à défendre. À Notre-Dame-des-Landes, ce sont d’autres formes d’organisation sociale et politique qui se sont vécues pendant les années de lutte, et aujourd’hui nous déclarons que ce sont elles, avec leur beauté comme leurs difficultés quotidiennes, que nous voulons défendre.

Nous manifestons notre soutien à l’ensemble du mouvement contre l’aéroport, à toutes celles et ceux qui vivent dans ce bocage rebelle que nous aimons tant. Nous manifestons notre soutien à toutes celles et ceux qui s’organisent pour maintenir une vie commune sur la zone, pour consolider définitivement dans les temps qui viennent cet espace hors normes à distance de l’État, et assurer que selon le texte en six points, ce soit une entité issue des différentes composantes du mouvement qui prenne en charge son avenir.

Nous ferons tout pour que subsiste à Notre-Dame-des-Landes cette aventure unique qui en inspire tant d’autres ailleurs, dans tous les endroits où pulsent nos cœurs farouches. Et nous affirmons que si l’État se risque à expulser n’importe quel lieu ou habitant·e de la ZAD, en jouant sur la division, il nous trouvera sur son chemin.

Pour finir, nous le répétons, et le répéterons encore : les luttes continuent, se rencontrent, se renforcent. Depuis Dijon, dans le Quartier libre des Lentillères foisonnant depuis dix ans, nous comptons bien mettre en échec leur sinistre projet d’écoquartier et de capitalisme vert.

Depuis Bure, du bois Lejuc occupé jusqu’aux dizaines de maisons et d’apparts habités tout autour, nous continuerons de construire un mouvement de résistance au désert atomique. Depuis la baie de Lannion comme depuis le plateau de Millevaches, nous continuerons à nous opposer à l’extension infinie de l’extractivisme. Depuis Roybon comme depuis l’Amassada, nous continuerons à préférer le vent de la révolte à celui de l’aménagement verdâtre des territoires.

À Notre-Dame-des-Landes comme dans tant d’autres territoires en lutte, rien n’est fini !

Vive la ZAD et ses mondes !

Premiers signataires :

Collectif de l’Amassada (Saint-Victor-et-Melvieu)
Collectif biomasse critique (plateau de Millevaches)
Collectif Grains de sable dans la machine (baie de Lannion)
Le Quartier libre des Lentillères (Dijon)
Des opposant·e·s à l’A45 (axe Saint-Étienne - Lyon)
Des occupant·e·s de la forêt de Roybon (Isère)

Source : zad.nadir.org
19 février 2018.

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