Aujourd’hui on se réjouit, on danse, on se serre dans les bras et on fait tourner la nouvelle : le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est abandonné. Ainsi c’est donc possible de bloquer ces foutus « grands projets » ! Et contrairement à ce que dit Retailleau (sénateur de Vendée et conseiller régional des Pays de la Loire), ce ne sont pas « les zadistes qui ont gagné », ce sont les paysan·ne·s, les habitant·e·s, celles et ceux qui se battent depuis plus de quarante ans contre cette absurdité. Ce sont aussi celles et ceux qui, poussé·e·s par leur révolte, sont allé·e·s s’installer là-bas et se sont fait paysan·ne·s à leur tour, habitant·e·s, gardien·ne·s. Ce sont ces liens, cette solidarité et cette force dont nous nous réjouissons aujourd’hui.
Le gouvernement a annoncé, en même temps que le retrait de l’aéroport, que « les squatteurs devront partir d’ici au printemps prochain ». Quelle illusion de croire qu’il sera possible d’arracher ces liens, ces vies construites à Notre-Dame depuis plusieurs années et ancrées aussi profondément dans le sol !
Face à ceux qui prétendent décider de nos vies, nous résisterons, comme toujours. Nous serons à Notre-Dame pour défendre la ZAD, nous serons dans les villes pour crier notre colère, nous serons à Bure, à l’Amassada, à Roybon, partout où il faudra lutter. Ce « nous », ce ne sont pas les « mercenaires des luttes » que dépeignent les médias, ce sont tous ces humains qui ont encore un peu de bon sens. Tou·te·s celles et ceux qui sentent qu’il y a un truc qui cloche dans ces projets d’aménagement pharaoniques et polluants, qui brisent nos liens aux autres et au monde.
Nous répétons que l’abandon de l’aéroport ne sera pas l’occasion d’expulser d’autres lieux occupés. Si des négociations sont mises en place à Notre-Dame pour conserver les terres, nous accordons notre confiance à tou·te·s celles et ceux qui y habitent, et nous serons à l’affût de toute tentative de scission ou de traitements inégaux. Nous comprenons le besoin de pérenniser certains espaces, autant que nous comprenons le refus du « retour à l’état de droit » (puisque l’État central cherche à nous aménager et que son droit n’est pas juste).
Nous rappelons aussi que la construction d’une poubelle nucléaire, d’un mégacentre commercial (Gonesse) ou d’une LGV (Lyon-Turin) ne sont pas négociables. Ce sera non, toujours non. Partout en fRance des gens se battent, occupent, bloquent des projets absurdes. De ces refus naissent des mondes nouveaux. On bâtit, on cultive, on organise nos vies ensemble. Nous avons cessé de croire que « la croissance va reprendre et le chômage baisser », que « demain ça ira mieux »... Nos vies sont belles maintenant. Nous ne sommes pas dans le refus de tout, bien au contraire : nous défendons un certain rapport aux autres, à la terre et au monde. Nous ne voulons ni « exploiter » ni « aménager », nous voulons « faire avec ». Cela bouleverse tout, de notre intimité jusqu’à notre organisation politique, et c’est pour cela que nous dérangeons.
Ici à Roybon nous étions venu·e·s empêcher la construction d’une usine à touristes et la destruction de ce milieu forestier, dénoncer les magouilles de Pierre et Vacances et leurs fausses promesses. Comme à Notre-Dame nous nous sommes installé·e·s et avons tissé des liens. Et après l’abandon du projet de Center Parcs, nous ne savons pas encore comment, mais nous resterons. Pour continuer à bâtir des vies autres, et pour que cette lutte ne soit pas effacée par l’histoire officielle.
Ceci est un cri de victoire.
Ceci est une invitation à se retrouver à Roybon, à Notre-Dame ou ailleurs.
Ceci est un encouragement à résister, à bâtir, à vivre.
Assemblée de lutte contre Center Parcs
Source : zadroybon.wordpress
29 janvier 2018.