« - Quels géants ? dit Sancho Panza.
- Ceux que tu vois là-bas, répondit son maître.
- Eh bien, Votre Grâce, répartit Sancho,
ceux-ci, qui ressemblent à des géants, n’en sont pas, mais des moulins à vent.
- On voit bien, riposta Don Quichotte, que tu n’es pas instruit en matière d’aventures :
ce sont des géants, et si tu as peur, ôte-toi de là et mets-toi en prière,
le temps que je livre contre eux une féroce et inégale bataille... »
Miguel de Cervantes Saavedra
Ils sont arrivés en offrant le développement, l’emploi, en échange de la remise de nos terres, de nos eaux, de notre vent, de notre territoire ; l’État mexicain, dans le but d’attirer l’investissement financier international, s’offre comme grouillot du capital pour nettoyer le terrain grâce à ses institutions et faire en sorte que ce capital s’empare de notre territoire ; sans rien nous demander, sans nous consulter, et sans nous informer sur la manière dont ces investissements affecteront nos vies, construites depuis des millénaires sur cet espace de la géographie.
Contrairement à ce qui était offert, au passage de ce projet nous ne voyons que destructions sur nos terres, tromperies, dommages, abus, menaces, intimidation, affrontements entre frères et villages. Nous réaffirmons notre conviction que le « Mégaprojet éolien de l’isthme de Tehuantepec » est un projet du capital privé national et transnational qui nous dépouille de notre patrimoine bioculturel, et bénéficie uniquement aux entreprises qui produiront de l’énergie électrique avec notre vent et sur notre terre : Iberdrola, Unión Fenosa, Enel, Endesa, Preneal Gamesa, Acciona, Renovalia, Demex, Électricité de France et Peñoles, entre autres.
De la même manière, nous dénonçons le fait que cette énergie alimentera des entreprises comme Coca-Cola, Pepsi, Soriana, Wall-Mart, Bimbo, Brasserie Moctezuma, Cemex, alors que nous, les peuples de l’Isthme, nous continuons à payer l’électricité à un prix très élevé, parce que ça nous coûte de l’argent et notre liberté, puisque nous avons des compañeros emprisonnés ou sur qui pèsent des mandats d’arrêt ou des inculpations, et qu’il existe une politique d’intimidation et de harcèlement envers notre mouvement de la part du gouvernement, des entreprises et de la Compagnie fédérale d’électricité (CFE).
Nous considérons qu’on a violé notre droit à être consultés et au consentement libre et informé, avec des mensonges et des tromperies, en nous faisant louer les terres de propriété sociale pour une période de soixante ans, voire pour un temps indéfini, en échange d’un faux développement ; un clair exemple en est le scénario que vit la communauté zapotèque d’Unión Hidalgo, où Demex (filiale de l’entreprise espagnole Renovalia) prétend construire un parc éolien pour fournir l’entreprise transnationale Bimbo et où les entrepreneurs espagnols réclament nos terres comme les leurs, et leur ont déjà causé des dommages graves et importants ; en même temps, ils essaient d’intimider ceux qui, comme nous, ont décidé de défendre les terres, par des plaintes pénales pour spoliation avec le soutien et la complaisance du « gouvernement du changement » de Gabino Cué Monteagudo.
De cette manière, ce Mégaprojet imposé aux peuples de l’Isthme à La Venta, La Ventosa, Santo Domingo Ingenio, La Mata, San Francisco del Mar, Santa María del Mar, San Mateo del Mar, San Blas Atempa, Juchitán, Unión Hidalgo, dévoile à nouveau son véritable visage de spoliation déguisée en location, en usufruit et en servitude de passage. Face à cette constante et permanente menace, l’Assemblée des peuples de l’Isthme pour la défense de la terre et du territoire invite toutes les organisations sœurs, les peuples, les communautés, la société civile à :
La deuxième rencontre de « Nos voix de lutte et de résistance », qui aura lieu le samedi 23 juillet 2011, à 10 heures, dans la communauté d’Unión Hidalgo, État d’Oaxaca, au 63 de la rue Guadalupe Victoria, au coin de la rue Amado Nervo.
L’ordre du jour est le suivant :
1. Le Mégaprojet éolien : sa signification, la dynamique et ses acteurs.
2. Impacts et dommages du Mégaprojet éolien. Développement ? Investissement ? Pour qui ?
3. Le contrat civil : le visage rénové de la spoliation de territoire.
4. Échange d’expériences : nos voix de lutte et de résistance.
Fraternellement,
Assemblée des peuples de l’Isthme pour la défense de la terre et du territoire
Conseil citoyen indigène zapotèque de San Blas Atempa
Radio communautaire Totopo
Radio communautaire indigène, interculturelle, bilingue de Xadani
Démocratie directe
Collectif enseignant et populaire 14 Juin
Voix oaxaquègnes construisant l’autonomie et la liberté
Coordination des peuples en résistance d’Oaxaca
Groupe solidaire La Venta
Non au projet éolien transnational !
Les entreprises hors de notre territoire !
Non aux mines !
Non aux barrages !
Non aux tarifs élevés d’électricité !
Non à la néocolonisation !
La terre, on l’aime et on la défend !
Traduit par el Viejo.