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Les femmes et les enfants déplacés de San Juan Copala réinstallent leur campement sur la grand-place d’Oaxaca

jeudi 6 janvier 2011

Communiqué des femmes et des enfants déplacés de San Juan Copala.
3 janvier 2011.

Au peuple d’Oaxaca

Après plus d’un an de siège de notre village de San Juan Copala par des groupes paramilitaires liés au PRI qui ont commis des dizaines d’assassinats contre des hommes, des femmes, et des enfants, et qui ont bénéficié tout le temps de la complicité de l’assassin Ulises Ruiz Ortiz, le 19 septembre 2010 nous avons dû abandonner notre village pour éviter d’être massacrés.

Mais c’est dès le mois de novembre 2009 que San Juan Copala a commencé à subir la violence paramilitaire ordonnée par le mauvais gouvernement ennemi de l’autonomie indigène, de la justice et de la liberté pour les peuples. Pour avoir prétendu nous gouverner nous-mêmes en tant qu’indigènes et en tant qu’êtres humains, le prix à payer a été la violence la plus infâme, et cela avec la complicité et le silence honteux de tous les gouvernements et de tous les partis politiques jusqu’à ce jour.

C’est pourquoi aujourd’hui encore Rufino Juárez Hernández et Antonio Cruz García, ceux qui ont menacé la caravane du 27 avril et dont les tueurs ont assassiné Alberta Cariño et Jyri Antero Jaakkola, se promènent en toute impunité même ici, dans la capitale de l’État.

Non contents de cela, le 5 décembre dernier ils ont imposé un groupe de leurs tueurs comme autorités de notre village de San Juan Copala, dont la majorité des habitants est déplacée dans d’autres communautés ou, comme nous, sur cette grand-place de la ville d’Oaxaca.

Aussi, aujourd’hui, nous exigeons du gouvernement de l’État qu’il mette fin à l’impunité dont jouissent ces assassins du peuple qui, comme Ulises Ruiz prétendent s’abriter sous le manteau de l’immunité. Nous exigeons également que la seule autorité municipale reconnue du village de San Juan Copala soit l’autorité autonome nommée par la majorité de la population selon nos us et coutumes, et non les tueurs imposés par les paramilitaires qui se sont emparés de notre village.

Le 2 de ce mois, ces criminels, se moquant ouvertement de notre situation de déplacés, nous ont appelés « auto-exilés » et nous ont invités à revenir à notre communauté, voulant ainsi maquiller leurs horribles crimes.

Enfin, nous vous disons que, par respect pour notre culture oaxaquègne, nous nous sommes retirés le 20 décembre de cette grand-place pour laisser le champ libre aux festivités de Noël, mais aujourd’hui, 3 janvier 2011, nous retournons installer notre campement de déplacés sur la grand-place de la ville d’Oaxaca pour continuer à dénoncer les crimes, la spoliation et les violations qu’a subis notre village.

Nous continuerons notre protestation, car tant qu’il n’y aura pas de châtiment pour les coupables, il y aura complicité du gouvernement, quelle que soit sa couleur. Il n’y aura pas de paix si auparavant il n’y a pas de justice. Il n’y aura pas de réconciliation par-dessus l’impunité des crimes commis contre le peuple.

Respectueusement,
Les femmes et les enfants déplacés de San Juan Copala

Traduit par el Viejo.

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