Conseil de bon gouvernement « Nouvelle Semence qui va produire »,
Caracol V « Qui parle pour tous », zone nord, Chiapas, Mexique
29 septembre 2012.
À la société civile nationale et internationale
Aux adhérents à La Otra Campaña
À la Zesta internationale
Aux médias alternatifs
Aux organismes indépendants de droits humains
À la presse nationale et internationale
Compañeras et compañeros,
Sœurs et frères,
Le Conseil de bon gouvernement rend publique la troisième dénonciation des attaques, expulsions, menaces, vols, intimidations et déplacements forcés que continuent à subir nos compañeros bases de soutien, hommes, femmes, enfants de la nouvelle communauté Comandante Abel et Unión Hidalgo de la Commune autonome rebelle zapatiste La Dignidad, de la part des paramilitaires des communautés Unión Hidalgo et San Patricio qui, le 6 septembre dernier, ont pris position pour envahir et déloger nos compañeros de leurs terres.
1. Le 12 septembre, à 10 heures du matin, les paramilitaires se sont introduits pour voler et couper du bois en grande quantité sur la milpa collective de nos compañeros, tandis que d’autres montaient la garde avec des armes de gros calibre. À la fin de la coupe, ils ont tout emporté à Unión Hidalgo.
Le même jour, à 2 heures de l’après-midi, sont arrivées sept voitures de la police judiciaire et trois de la police municipale de San Patricio. Et à 6 heures du soir est arrivée une voiture de la Sécurité publique, pour chercher où installer leur campement, afin d’accomplir le plan du mauvais gouvernement d’avoir une présence policière.
Le 13 septembre sont arrivés au chef-lieu municipal de Sabanilla Noé Castañón, secrétaire général du gouvernement de l’État, et Maximiliano Narváez Franco, sous-secrétaire, pour se réunir avec les envahisseurs d’Unión Hidalgo et les priistes de San Patricio, et confirmer aux envahisseurs que les terres sont à eux ; ils ont justifié ça avec leurs projets de légalisation et se sont engagés à assurer leur sécurité en envoyant des patrouilles de police, une présence de la Sécurité publique pour veiller sur les envahisseurs et les soutenir avec des matériaux pour construire leurs maisons, comme des plaques de tôle, et même distribuer des rations alimentaires aux paramilitaires.
Pour tenir l’engagement pris envers les envahisseurs et délinquants, l’après-midi même du 13 septembre ont commencé les patrouilles de police sur le terrain récupéré.
Le 16 septembre est arrivée la Sécurité publique accompagnée de José Antonio López Pérez, conseiller de sécurité municipale de Sabanilla, pour présenter les policiers aux envahisseurs et priistes de San Patricio tout en apportant des tôles pour la construction du campement policier. Au moment même où ils prenaient position sur le terrain récupéré, les envahisseurs d’Unión Hidalgo et les priistes de la communauté mentionnée ont commencé à construire le campement de la police pour se sentir mieux protégés par le mauvais gouvernement.
Le 18 septembre à midi, la Sécurité publique qui se trouve positionnée à San Patricio a tiré deux fois pour intimider, comme les paramilitaires.
Le 14 septembre, le groupe envahisseur a récolté le maïs de nos compañeros et l’a convoyé avec six chevaux à leur communauté d’Unión Hidalgo, tandis que huit personnes armées montaient la garde.
Les 27 et 28 septembre, les paramilitaires ont intensifié les vols de maïs, en retournant le terrain pour de nouvelles semailles. La zone de milpas touchée depuis l’invasion a une superficie de 11 hectares ; cette perte équivaut à 22 tonnes en grains, d’un prix global de 132 000 pesos calculé sur la base de 6 pesos le kilo.
2. Le 26 septembre, ils ont tenu une autre réunion au chef-lieu officiel de Sabanilla, où ils ont rédigé un procès-verbal de travail entre les représentants des paramilitaires d’Unión Hidalgo et les priistes de San Patricio, sur le thème de la régularisation au nom des paramilitaires, en leur faisant croire qu’ils sont dans leur droit. Ils sont en train de les utiliser pour s’approprier les terres et en déloger nos compañeros bases de soutien zapatistes. La manière utilisée par le mauvais gouvernement pour contrôler les autorités de San Patricio dirigées par Manuel Cruz Guzmán, c’est d’octroyer de l’argent aux paramilitaires pour acheter et manipuler les représentants de cette communauté ; ils leur donnent de l’argent pour qu’ils soient d’accord sur la régularisation du terrain en faveur d’Unión Hidalgo. À cette réunion ont assisté Maximiliano Narváez Franco, sous-secrétaire du gouvernement de l’État, Héctor Andrés Gil Ajuria, fonctionnaire du secrétariat général de gouvernement, Arturo Jiménez Vásquez, fonctionnaire de la municipalité de Tila, Genaro Vásquez, président municipal de Sabanilla, Octavio López Martínez, procureur à Yajalón (Chiapas), et José Antonio López Pérez, conseiller de sécurité municipale de Sabanilla.
Nous dénonçons également le fait que nos compañeros bases de soutien déplacés de la communauté d’Unión Hidalgo se trouvent fortement menacés par les paramilitaires en train de s’organiser pour s’approprier leurs parcelles ; les compañeros affectés représentent cinq familles.
3. Ces dommages sont ceux que subissent depuis le 6 septembre nos compañeros et leurs champs de maïs, et d’autres sortes de culture de nos bases de soutien pour faire vivre leurs familles. Les délinquants se sont emparés de toute la partie de l’autre côté de la rivière, ces vols ont été constants malgré la présence de la police. On voit clairement que le mauvais gouvernement a préparé tous ces actes délictueux, qu’eux-mêmes ne voient pas comme un délit, car ils sont les plus grands voleurs de notre pays. On voit clairement que, en leur présence et celle de leurs policiers, ces délinquants circulent librement et se sentent plus en sûreté protégés par la force publique du mauvais gouvernement pour réaliser ce type de vols et de délits.
Devant tous ces actes que le mauvais gouvernement a préparés et organisés en usant de toutes les astuces contre nos compañeros en résistance avec pour objectif de détruire sans vergogne notre digne lutte, nous devons dire que c’est une attitude de lâcheté que d’utiliser des gens de la même race en cherchant à faire croire qu’il s’agit de conflits intercommunautaires.
Le projet de légalisation est une ruse pour privatiser la terre et en faire un négoce, c’est un plan de guerre dont ils usent pour déplacer nos bases de soutien, c’est-à-dire ceux qui prennent vraiment soin d’elle et la cultivent collectivement.
Ce plan du gouvernement et de ses employés au travers du projet de régularisation est une façon de gagner de l’argent et des postes publics sans se soucier des conséquences pour des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards.
Ces terres sont à nos compañeros, car nous les avons récupérées depuis l’année 1994 avec le sang de nos compañeros tombés dans la lutte. Depuis lors, ils les possèdent et les travaillent, en les cultivant pour faire vivre leurs familles, leurs enfants. En outre, en tant que zapatistes, nous avons notre propre façon de posséder la terre pour la construction de notre autonomie. Nous n’avons pas besoin de papiers signés par les mauvais gouvernements, parce que ce ne sont pas eux les maîtres de la terre, ses véritables maîtres ont été nos grands-parents et arrière-grands-parents, c’est pour cela que nos compañeros la travaillent et produisent pour le bien collectif, et nous allons la défendre quoi qu’il en coûte.
4. Nous disons à Felipe Calderón Hinojosa, à Juan Sabines Guerrero et aux présidents municipaux impliqués : ne soyez pas fumiers, n’utilisez pas des gens pauvres pour attaquer d’autres gens aussi pauvres, n’utilisez pas les conséquences de la pauvreté que vous avez créée vous-mêmes. Nous, les peuples en résistance, nous ne savons pas tourner le dos ni capituler dans notre lutte, aussi, nous vous disons ça suffit, vous n’allez pas pouvoir détruire ce village décidé à tout donner jusqu’à la dernière goutte, ne soyez pas médiocres ou couillons en utilisant vos fonctions de gouvernement à essayer de nous détruire. À dire vrai, nous en avons plein le dos de toutes ces attaques, toutes ces spoliations et menaces que vous menez contre nos villages zapatistes, nous avons toutes les raisons pour défendre la vie et l’intégrité de nos compañeros.
C’est vous les vrais coupables et auteurs intellectuels de tous les faits délictueux dont souffrent nos bases de soutien. Toutes les conséquences qui pourraient en découler, vous en êtres les principaux coupables, vous devrez rendre des comptes et être jugés devant l’histoire du peuple du Mexique.
Bien à vous.
Commander en obéissant.
Le texte porte le cachet du Conseil de bon gouvernement « Nouvelle Semence qui va produire » et il est signé par les représentants de l’équipe actuellement en service :
Franco Ramírez Pérez
Efraín Gómez Pérez
Paulina López Trujillo
Estrella Sánchez Sánchez
Traduit par el Viejo.