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Le Conseil de bon gouvernement des Altos dénonce les agressions contre les bases zapatistes de San Marcos

Conseil de bon gouvernement d’Oventik

jeudi 23 septembre 2010, par EZLN

Conseil de bon gouvernement
"Cœur central des zapatistes devant le monde"

Snail Tzobombail Yu’un Lekil J’amteletik
Ta O’ Lol Yo’on Zapatista Ta Stuk’il Sat Yelob Sjunul Balumil

Le 9 septembre 2010.

À l’opinion publique,
À la presse nationale et internationale,
À la société civile nationale et internationale,
Aux organisations des droits humains,
Aux médias alternatifs,
Aux adhérents et adhérentes de l’Autre Campagne,
Aux adhérents et adhérentes de la Sexta internationale,

Frères et sœurs,

Le Conseil de bon gouvernement "Cœur central des zapatistes devant le monde", basé à Oventik, Caracol II "Résistance et rébellion pour l’humanité", zone Altos de Chiapas, dénonçons énergiquement les attitudes suffisantes, agressives et grossières des personnes affiliées aux partis politiques et de leurs autorités de la communauté de San Marcos Avilés, municipalité de Chilon, et Pamala, municipalité de Citala.

Nos compagnons Manuel Vásquez Álvarez, de la communauté de Pamala, municipalité officielle de Citala, et Pedro Cruz Gomez, de la communauté de Guadalupe el Kaptetaj, de la même municipalité de Citala, sont venus à notre siège d’Oventik nous informer que notre compagnon Manuel Vázquez était appelé à comparaître par les autorités de l’ejido San Marcos Avilés, municipalité officielle de Chilon, et par les autorités de la communauté de Pamala, municipalité officielle de Citala. Notre compagnon Manuel s’est rendu à ce rendez-vous car depuis le début il avait été averti que s’il ne se rendait pas au rendez-vous, la police irait le chercher pour l’emmener de force ; lorsque Manuel arrive à l’agence de l’ejido San Marcos Avilés les gens affiliés au Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), au Parti de la révolution démocratique (PRD) et au Parti vert écologique du Mexique étaient réunis, et demandèrent au compagnon que soit résolu le problème surgi dans la communauté de San Marcos du fait de la mise en place d’une éducation autonome.

Notre compagnon répond que l’éducation autonome ne débute pas seulement à San Marcos mais aussi dans toutes les communes autonomes où existe notre organisation zapatiste et c’est alors que plusieurs personnes de l’assemblée commencèrent à dire un tas de grossièretés et de paroles offensantes contre nos compagnons, contre l’organisation zapatiste et ses autorités autonomes, avant de lui dire de signer un document où il est dit qu’ils devaient quitter l’organisation zapatiste, qu’ils devaient détruire la petite école que venaient à peine de construire nos bases d’appui au sein de l’ejido San Marcos pour l’éducation de leurs enfants et qu’il y a à proscrire obligatoirement l’éducation autonome.

Notre compagnon répondit qu’il ne signerait aucun document, que c’était son droit d’être dans l’organisation et que pour cela il ne la quitterait pas sous la pression de quiconque et c’est alors qu’ils l’interrogèrent plus, voulant lui faire dire qui sont les dirigeants de l’organisation ; notre compagnon répondit qu’il ne trahirait pas ses compagnons ni son organisation, une réponse qui valut à notre compagnon d’autres menaces ; ils lui dirent qu’ils allaient l’emmener au ministère public [commissariat] et ils le mirent dans la prison de la communauté à partir de minuit et quart en le sortant régulièrement de la prison pour lui mettre la pression afin qu’il signe le document, et c’est aussi quand un compagnon de la communauté arrive pour voir ce qu’il se passe avec le compagnon Manuel et immédiatement ils l’attachèrent aussi et mirent le compagnon dans la cellule, lui enlevant ses chaussures, sa ceinture, avant de lui mettre un couteau dans la poche de son pantalon pour l’accuser d’être un assassin.

Pendant ce temps, le compagnon Manuel est sorti à tout bout de champ de la cellule pour exiger qu’il signe le document jusqu’à en arriver à lui demander neuf fois qu’il signe, mais Manuel refusa catégoriquement de signer le document et c’est alors qu’ils lui dirent qu’ils ont à payer 5 000 pesos d’amende chacun pour sortir de la cellule, les compagnons répondirent qu’ils ne paieraient rien car ils ne doivent rien et qu’ils ne reçoivent aucun soutien du sale gouvernement.

Ensuite nos compagnons furent libérés de la cellule sans payer l’amende mais ils reçurent un tas de menaces, de grossièretés et ils leur dirent d’abandonner l’organisation zapatiste, qu’ils n’aillent pas informer le Conseil de bon gouvernement, tout en leur disant qu’ils leur enlèveraient les 23 hectares de terrain qu’ont achetés nos compagnons, où ils travaillent depuis plus de dix ans.

Ils dirent à nos compagnons qu’une commission s’en va demander au parquet agraire l’annulation des droits agraires des quinze compagnons ejidatarios de la communauté de San Marcos Avilés, avec l’objectif de les expulser de la communauté et que s’ils ne s’en vont pas gentiment ils le feraient de manière violente. Ces autorités mirent en pratique leurs menaces d’enlever le territoire de nos compagnons, car en effet le 24 et le 25 août de cette année des autorités et des gens affiliés à différents partis politiques prirent possession des terres achetées par nos compagnons bases d’appui depuis plus de dix ans, le total de terres s’élevant à 29 hectares et un quart, réparties en différents endroits de l’ejido, et où chaque famille des compagnons est venue travailler année après année, ce qui fait qu’on y trouvait : 5 850 plants de café, 10 hectares de milpa semés de frijoles, 7 bêtes, 6 chevaux, 3 maisons d’habitation, toutes appartenant à nos compagnons bases d’appui.

En ce moment les terres de nos compagnons et compagnes bases d’appui sont occupées par les gens des partis, qui travaillent dans les caféiers et les milpas de nos compagnons, en plus d’avoir déjà détruit un hectare de bananes qu’avaient planté nos compagnons.

Le 22 août il y eut plusieurs coups de feu en l’air pour intimider nos compagnons et des réunions nocturnes pour faire leurs plans avant de se répartir en groupes dans différents points de la communauté avec machettes, bâtons, certains avec des armes à feu, avant de se retirer tard dans la nuit.

Le 8 septembre les envahisseurs firent sortir 7 bêtes qui étaient là, sûrement pour les vendre quelque part, et ce même jour ils volèrent les clôtures utilisées par nos compagnons et il y eut plusieurs coups de feu en l’air.

Les partis politiques dirent que c’est la première étape contre nos compagnons en les dépossédant de leurs biens susmentionnés, l’étape suivante étant d’expulser de l’ejido tous les compagnons hommes, les femmes et les enfants étant gardés pour les gens des partis, et qu’ensuite seront brûlées toutes les maisons de nos compagnons.

Face à cette situation d’agression et de menace, nous, le Conseil de bon gouvernement de la zone des Altos du Chiapas, envoyons une lettre dirigée aux autorités et habitants de cet ejido pour leur dire gentiment de ne pas harceler ni agresser nos compagnons bases d’appui ainsi que de respecter leurs possessions, car ils sont aussi des habitants de l’ejido et ont les mêmes droits que tous. Les terrains des compagnons ont été achetés et ils sont en possession des documents le prouvant, ils ont donc le droit de réclamer ce qui leur appartient et ne demandent pas plus de terrain, mais seulement ce qui est à eux.

Malheureusement la réponse des autorités de l’ejido et de la municipalité à notre lettre fut composée de grossièretés, de blagues et de nouvelles menaces contre nos compagnons, ce qui montre bien que ces gens sont loin d’entendre la raison.

Mais le 9 septembre à 2 heures du matin ils accomplirent leurs objectifs et expulsèrent nos compagnons et compagnes ; 30 personnes des partis politiques emmenés par messieurs Lorenzo Ruiz Gómez et Vicente Ruiz López se dirigèrent vers les maisons des compagnons de manière agressive et violente armés de machettes, de bâtons et certains avec des armes à feu, entrèrent dans deux maisons et tentèrent de violer deux femmes. Pour ne pas répondre à la provocation et à la violence des agresseurs, nos compagnons et compagnes durent sortir de leurs maisons et abandonner toutes leurs possessions, soit 170 personnes, hommes, femmes et enfants, qui se retrouvent en ce moment réfugiés dans la montagne, souffrant la faim, le froid, les soucis et la peur du fait de l’expulsion.

Les dirigeants des partis disent qu’une fois accomplie leurs objectifs d’expulser les bases zapatistes de San Marcos, ils continueront avec d’autres communautés où sont situées les écoles autonomes.

À nous autres du Conseil de bon gouvernement, il est de notre devoir et de notre obligation de dénoncer à l’opinion publique toutes les agressions, persécutions et provocations des personnes affiliées aux différents partis politiques, appuyés, formés et payés par les sales gouvernements municipaux, de l’État et de la Fédération, qui sont les auteurs intellectuels de ces violations des droits humains.

Nous ne resterons pas muets face à toute menace ou agression contre nos compagnons, nous ne permettrons pas que les mauvais gouvernements, au travers de personnes affiliées à leurs différents partis, continuent à nous menacer et nous soumettre à leurs caprices, car l’objectif de ces attitudes violentes et agressives des trois niveaux de gouvernement au travers des partis est de nous faire tomber dans leurs provocations, d’empêcher l’éducation de nos enfants et l’avancée de notre lutte pour la construction de notre autonomie.

Car les sales gouvernements ne savent pas comment arrêter la lutte de libération nationale des zapatistes, c’est pour cela qu’ils tentent d’empêcher de cette manière l’éducation autonome et tentent de la convertir en un problème, car ils veulent continuer à nous contrôler au travers de leur éducation officielle qui ne sert à rien pour les peuples, car elle est seulement au service des riches.

Nous voulons manifester à l’opinion publique que nous allons continuer l’éducation autonome dans tout le territoire zapatiste, nos fils et filles ne vont pas aller dans les écoles officielles, car là-bas ils n’apprendront jamais la réalité de comment nous vivons, nous les peuples indigènes et tous les pauvres de Mexico, et si les différents niveaux de gouvernements ne le prennent pas en compte ce sera pour couvrir leur honte.

Nos compagnons et compagnes expulsés de leurs maisons ces dernières heures doivent retourner à leurs foyers et nous exigeons qu’ils soient respectés par les gens des partis des trois niveaux de gouvernement. Nous exigeons que leur soient remises immédiatement les possessions qui leur ont été confisquées, que soient respectés leur droit au travail de la terre comme ejidatarios, leur droit à l’éducation de leurs enfants et leurs droits à vivre sur leur propre terre.

Si leurs droits ne sont pas respectés et que le problème n’est pas résolu de bonnes manières, les responsables directs en seront les trois niveaux de gouvernement et il sera démontré une fois de plus que ce ne sont que purs mensonges quand ils parlent de droits, de respect, que les problèmes entre les peuples se résolvent par le dialogue et la raison.

Nous demandons aux adhérents et à la société civile nationale et internationale qu’ils soient attentifs à ce qui peut arriver à nos compagnons et compagnes de l’ejido San Marcos Avilés, municipalité officielle de Chilon, Chiapas.

C’est toute notre parole pour le moment, et nous continuerons à dénoncer ce qui peut arriver contre nos bases d’appui.

Salutations,

Le Conseil de bon gouvernement "Cœur central des zapatistes devant le monde",
zone Altos de Chiapas

Samuel Velásco Sánchez
Sonia Ruiz Ruiz
Flor López Pérez

Caracol "Résistance et rébellions pour l’humanité".
Ta Tzikel Vocolil Xchiuc Jtoybail Svent A Slekilal Sjunul Balumil.
San Andrés Sakamch’en de los Pobres,
San Juan de la Libertad,
San Pedro Polhó,
Santa Catarina,
Magdalena de la Paz,
16 de Febrero,
San Juan Apóstol Cancuc.

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