27 mars 2012.
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À la presse nationale et internationale
À la société civile nationale et internationale
Aux organismes de droits humains
Aux médias alternatifs
Aux adhérents et adhérentes de La Otra Campaña
Aux adhérents et adhérentes de la Zesta internationale
Frères et sœurs,
Le Conseil de bon gouvernement « Cœur central des zapatistes face au monde », dont le siège est à Oventik, Caracol II « Résistance et rébellion pour l’humanité », zone Altos de Chiapas, Mexique, se voit à nouveau obligé de dire sa parole pour dénoncer et condamner devant l’opinion publique nationale et internationale les injustices actuellement commises contre notre compañero base de soutien à l’EZLN :
Le jeudi 22 mars, dans l’après-midi, nous parvient la nouvelle que notre compañero Francisco Sántiz López et son frère Lorenzo vont sortir incessamment du centre de détention n° 5 où ils se trouvent injustement privés de liberté, ainsi que nous l’avons fait savoir dans notre déclaration en date du 16 mars dernier.
Mais juste à quelques mètres de la sortie de la prison, voilà que les machines de communication (portables) de ceux qui théoriquement libéraient notre compañero Francisco Sántiz López se mettent à sonner. Ils reçoivent la nouvelle que Francisco ne peut pas sortir, parce qu’il est accusé d’un autre délit fédéral plus grave, « port d’arme à feu à usage exclusif de l’armée », et que cela empêche sa libération.
Nous ne trouvons plus les mots pour qualifier l’attitude des trois niveaux de mauvais gouvernement [municipal, de l’État et fédéral, NdT], du Ministère public fédéral dans l’État, dont le siège est au premier tribunal pénal fédéral, du ministère de la Justice de la République et des commissions nationales de droits humains du mauvais gouvernement. Car ils ne ressentent aucune douleur dans leurs cœurs en fabriquant des délits et en condamnant à la prison des gens innocents comme notre compañero Francisco.
Notre compañero Francisco a été accusé faussement et arrêté injustement, il n’a rien à voir avec ce qui s’est passé à Banavil, parce qu’il n’était pas là et n’a pas participé aux faits dont on l’accuse. Francisco n’est pas un assassin, et il n’a pas d’arme, ce sont seulement les gens du PRI qui l’accusent faussement.
Après qu’ils eurent réalisé l’attaque du 4 décembre 2011, le juge titulaire lui-même a demandé les armes qui accusaient les agresseurs, et c’est alors que MM. Alonso López Ramírez et Diego Méndez López ont remis leurs armes, dont ils s’étaient servis pour tirer sur M. Lorenzo López Girón. À partir de ce moment, ils ont cherché la façon d’échapper à la responsabilité de leurs actes violents, et ils ont dit que les armes étaient à Francisco et à Lorenzo, et ensuite c’est comme ça que le Ministère public a présenté les choses, pour pouvoir monter contre Francis et Lorenzo un délit de port d’arme à feu à usage exclusif de l’armée.
Comme nous l’avons établi dans notre déclaration précédente, notre compañero base de soutien Francisco est innocent, aussi doit-il être libéré immédiatement.
Francisco est base de soutien de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), son unique délit est de l’être, de lutter pour son peuple, de dire la vérité, de lutter pour les véritables démocratie, liberté et justice pour lesquelles nous luttons tous, nous les zapatistes. Cela met fort en colère les mauvais gouvernants, ils nous haïssent beaucoup ; c’est pourquoi ils veulent se venger et nous font la guerre de toutes les manières possibles dans le but d’empêcher notre lutte d’avancer.
Mais Francisco n’a pas commis le délit de port d’arme, son épouse dit qu’il ne connaît rien aux armes ni aux explosifs ; elle insiste sur le fait que tout ce qu’ils connaissent et font, ce sont les tamales et l’atole de riz [mets et boisson populaires, NdT], et vendre des fruits et des légumes pour survivre avec son époux, les seules armes qu’ils connaissent et possèdent, ce sont les ustensiles pour réaliser tout cela.
Pour confirmer une fois de plus l’innocence de notre compañero Francisco, il y a douze personnes de plus pour témoigner, et elles assurent que Francisco n’a pas participé à la provocation et qu’il n’a pas d’arme, et ces douze personnes sont prêtes à témoigner où et quand il le faudra.
À la fin de notre déclaration nous donnons en annexe leurs noms, leurs signatures et leurs empreintes digitales pour authentifier leur témoignage.
En plus de ces témoins, le juge suppléant de Tenejapa lui-même a dit à la famille de Francisco que lorsqu’on est allé arrêter Francisco à son étal de fruits et légumes au chef-lieu municipal, on n’a trouvé sur lui aucune arme à feu ni rien de ce genre ; le juge suppléant lui-même est témoin que Francisco ne portait aucune arme quand on l’a arrêté, il a ordonné cette arrestation pour obéir à un ordre du juge titulaire.
Peu après, on a su au travers d’autres médias que le juge titulaire lui-même sait parfaitement que Francisco n’a commis aucun délit et n’est pas l’assassin. Le juge titulaire a dit et répété qu’il n’a arrêté Francisco qu’à cause des pressions des gens de Banavil. Et cela nous laisse entendre que l’autorité est corrompue, car si les gens, ou les caciques et les provocateurs arrivent à faire pression sur le juge pour envoyer en prison une personne innocente, c’est qu’ils ont donné de l’argent au juge corrompu ; comment serait-il possible, autrement, qu’une autorité se laisse convaincre par ces gens de commettre une si grande injustice ?
Et ensuite, il y a les commentaires des habitants de Banavil eux-mêmes, qui sont en train de réaliser beaucoup de travaux coopératifs que leur demandent les caciques pour donner au juge, pour que, comme ça, les provocateurs et les caciques soient protégés et favorisés par les autorités.
Les autorités de l’ejido [communauté, NdT] de Banavil savent bien que Francisco n’a pas commis de délit, et elles savent bien qui sont les provocateurs et agresseurs, à savoir :
- Alonso López Ramírez, Diego Méndez López premier du nom, Diego Guzmán Méndez, Agustín Méndez Luna, ancien maire, Manuel Méndez López, Diego Méndez López II, Alonso Guzmán López et Agustín Guzmán López de l’ejido de Banavil ;
- de l’ejido Mercedes, il y a MM. Pablo López Intzin, Antonio López Méndez et Alonso López Méndez ;
- et de l’ejido Santa Rosa, il y a M. Pedro Méndez López.
Ces personnes que nous mentionnons savent pertinemment que ce sont elles qui ont projeté et agi pour agresser et expulser MM. Alonso López Luna, Lorenzo López Girón et Antonio López Girón, qui auparavant avaient déjà été l’objet de menaces de mort contre eux-mêmes et leurs familles de la part de ces mêmes messieurs que nous signalons.
Tous les deux, Francisco et Lorenzo, étaient accusés des mêmes délits d’homicide et de lésions. Le gouvernement leur retire ces charges, et voilà qu’on accuse Francisco d’un autre délit. Ils disent que l’un peut sortir sous caution, Lorenzo, mais que pour l’autre il n’y a pas de caution possible ; c’est bien la meilleure preuve que les juges, les Ministères publics et les procureurs ne font rien d’autre qu’inventer des délits.
L’avocat commis d’office n’a pas permis au Centre de droits humains Frayba de regarder le dossier de Francisco, parce qu’il a dit que le Centre n’a pas de relation en tant qu’avocat avec son client. Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce qu’ils n’ont pas fini de monter ou fabriquer d’autres délits contre notre compañero ?
Il est évident que les autorités ne font que jouer avec les os du mort, qu’ils enterrent et déterrent en cachette, et après ça les habitants trouvent des morceaux du squelette. Car les autorités, les caciques et les provocateurs savent où ils ont mis leur mort, c’est signe que l’assassin est parmi eux. C’est pourquoi quand les autorités judiciaires arrivent soi-disant pour enquêter, ils l’emmènent autre part, et les autorités judiciaires n’y trouvent rien à redire parce qu’elles sont complices des véritables responsables de l’homicide.
Sabines et Calderón [gouverneur du Chiapas et président de la République, NdT], qui parlent tant de respect et de justice, sont les premiers à violer les droits humains, ils sont complices du crime et feignants, car ils n’enquêtent pas là où se trouve le mort, et se contentent de condamner à la prison une personne innocente. Car depuis le début, le juge titulaire a dit que Francisco n’a pas commis de délit, que s’il l’a arrêté, c’est sous la pression des gens.
C’est pourquoi c’est complètement injuste, c’est intolérable, ce que sont en train de faire les mauvais gouvernements de notre pays contre nos compañeros et contre nos communautés bases de soutien zapatistes.
Nous les zapatistes, nous ne nions pas que nous avons des armes, mais en bois, et des bâtons, c’est comme ça que nous sommes partis nous battre le 1er janvier 1994, mais le mauvais gouvernement veut faire de nous des paramilitaires.
Car nous le savons bien, les seuls qui portent des armes à feu à usage exclusif de l’armée, ce sont les paramilitaires de différentes communautés et M. Lorenzo Ruiz Gómez de l’ejido San Marcos Avilés (commune officielle de Chilón) et son équipe d’agresseurs qui ont commis tant de méfaits contre nos compañeros bases de soutien, et ce Lorenzo et sa bande sont libres et continuent leurs actes répréhensibles.
C’est sans nul doute que la fabrication de délits contre nos compañeros vient de Los Pinos [l’Élysée mexicain, NdT] et qu’elle a pour but de détruire la résistance des communautés bases de soutien zapatistes. On voit clairement que c’est planifié, organisé et exécuté à partir des trois niveaux de mauvais gouvernement, ils essaient d’empêcher à tout prix la construction de l’autonomie des peuples originaires sur le territoire zapatiste, cela fait partie du plan de guerre de basse intensité contre nos communautés en résistance.
Nous répétons à nouveau que notre compañero Francisco est innocent et n’a rien à voir avec ce qui s’est passé à Banavil (commune officielle de Tenejapa). En outre, le Centre de droits humains Fray Bartolomé de Las Casas (Frayba) a déjà fait connaître l’innocence de Francisco et il a aussi signalé publiquement qui sont les agresseurs et il donne leurs noms dans un de ses communiqués, mais les mauvais gouvernements de l’État et de la Fédération, les juges fédéraux et les commissions de droits humains du mauvais gouvernement agissent avec toujours plus d’impunité et de complicité avec les vrais coupables, mais condamnent à la prison injustement notre compañero Francisco Sántiz López.
En tant que Conseil de bon gouvernement, nous exigeons énergiquement la liberté immédiate et inconditionnelle de notre compañero Francisco Sántiz López détenu injustement depuis le 4 décembre 2011.
Nous, c’est notre devoir et notre obligation que de continuer à dénoncer devant l’opinion publique tout type d’injustice et de violation des droits humains de la part de n’importe quel niveau des mauvais gouvernements, ce qu’ils veulent continuer à faire avec notre compañero Francisco.
Nous disons encore une fois aux trois niveaux de mauvais gouvernement officiel, et aux gens qu’ils paient, contrôlent et manipulent, qu’ils ne pensent pas un instant qu’ils vont arrêter grâce à des provocations, des menaces, des agressions, des emprisonnements et des persécutions la lutte des peuples zapatistes, la lutte des peuples originaires de tout le Mexique pour la construction de leur autonomie et leur libre détermination ; quel qu’en soit le prix, quoi qu’il arrive, nous allons continuer à avancer, nous allons continuer à dire la vérité, parce que nous, les zapatistes, nous ne mentons pas, nous ne trahissons pas, c’est pourquoi la raison et la justice sont de notre côté.
Bien que ces mauvais gouvernements et les partis politiques ne se lassent pas de dire qu’il n’y a ni injustices ni violation des droits humains et que nous vivons en paix dans notre État et dans le pays, nous, nous nous demandons de quelle sorte de justice, de liberté, de respect et de paix ils parlent, si les prisons se remplissent d’innocents, si dans nos communautés et communes pullulent les menaces, les provocations, les agressions, les persécutions, les expulsions et les spoliations commises par les paramilitaires et les personnes de différents partis politiques. Est-ce que, par hasard, ce n’est pas de l’injustice les milliers de morts dans tout le pays, les milliers d’emprisonnés, les milliers de disparus, les milliers de déplacés durant ce sexennat ?
Face à toutes ces agressions, provocations, persécutions et emprisonnements contre nos compañeros, nous ne resterons pas silencieux. Nous allons continuer à les dénoncer devant l’opinion publique nationale et internationale, nous allons continuer à exiger le respect pour nos compañeros et les communautés en résistance.
Pour le moment, c’est là toute notre parole et nous demandons à tous les gens honnêtes et bons d’être attentifs à ce qui peut arriver à notre compañero Francisco et à tous nos villages.
Bien à vous,
Le Conseil de bon gouvernement
« Cœur central des zapatistes face au monde »,
zone Altos de Chiapas
(Cachet du Conseil de bon gouvernement)
Signature de :
Abraham Hernández Pérez
Silvia Pérez Sántiz
Víctor Gómez López
Gabriela Hernández Pérez
Nom et signature des témoins du compañero Francisco :
Alonso Luna López
Alonso Girón Sántiz (empreinte digitale)
Alonso Intzin Guzmán
Sebastián López Pérez (empreinte digitale)
Antonio Girón Méndez
Alonso Pérez Gómez
Juan Guzmán Sántiz
Rosa López Sántiz
Pedro Girón Méndez
Antonio Guzmán Sántiz
Jorge Girón Méndez
Juan Pérez Gómez
Traduit par el Viejo.