Aux compañeras et compañeros de la Sexta nationale et internationale,
Aux médias alternatifs nationaux et internationaux de la Sexta,
Au peuple du Mexique et du monde,
Dénonciation publique
Les faits ont commencé le vendredi 25 juillet 2014. Pendant la rencontre qui s’est réalisée au Caracol de La Realidad, du 4 au 9 août, nous n’avons pas voulu les rendre publics pour ne pas troubler cette grande rencontre entre les peuples originaires de ce pays.
Nous les avons seulement portés à la connaissance du Centre des droits humains Fray Bartolomé de Las Casas, Chiapas.
Mais, comme les provocations se poursuivent, nous vous exposons les faits :
1. Un groupe de dix-neuf personnes du pueblo Pojkol, municipio de Chilón, membres de l’organisation ORCAO [1], du quartier de Chiquinaval — nous mentionnons les noms de certaines de ces personnes : Andrés Gutiérrez Guillén, Andrés Gutiérrez de Meza, Eliceo Ruiz Gutiérrez, Guillermo Pérez Guillén, Vidal Gutiérrez Gomez et Juan Ruiz Gutiérrez (ces deux derniers étant ceux qui les transportaient dans leur camionnette) — sont arrivées au hameau San Jacinto de compañeros bases d’appui zapatiste de la commune autonome San Manuel, Caracol de La Garrucha.
À 6 heures du matin, le 25 juillet, ils sont arrivés armés et ont pris possession de la terre récupérée en tirant en l’air.
Ils ont détruit le panneau que nous avions posé au sujet de l’assassinat du compañero Galeano.
Ils ont installé leur campement, faisant savoir qu’ils allaient rester ici. Toute la journée, ils ont menacé verbalement, en hurlant, nos compañeras et compañeros bases d’appui. D’autres hameaux de bases d’appui zapatistes, El Egipto et El Rosario, étant à proximité, ils sont également allés les menacer en criant qu’ils allaient les déloger, puis ils sont retournés où ils avaient installé leur campement. Au matin du 26 juillet, à 1 h 30, ils se sont retirés.
2. Le jour du 30 juillet, ils sont revenus à 6 heures du matin, ils sont entrés en enfumant le pré de trois hectares avec une substance inconnue, à l’endroit où se trouve le bétail collectif de la commune autonome San Manuel. Ils sont allés chercher les autres animaux pour qu’ils mangent l’herbe contaminée.
Ils ont blessé à l’arme blanche un taureau, tout près de la corne, à l’endroit où l’on peut mettre à mort. Ils ont laissé une inscription dans la terre disant « Territoire Pojkol ». Au milieu de ce terrain, ils ont laissé des cartouches usagées de fusil de calibre 22 et de calibre 20, en forme de croix.
Ils sont partis à 4 heures de l’après-midi.
3. Le 1er août à 23 h 30, ils sont revenus à San Jacinto, toujours armés, les mêmes de Pojkol, quartier de Santiago. Nous mentionnons les noms de certains d’entre eux : Bersain Gutiérrez Gomez, Victor Gutiérrez Gomez, Valdemar Gutiérrez Gomez et Romeo Gutiérrez Gomez. Les paramilitaires ont tué un taureau pendant que d’autres tiraient en l’air et se dirigeaient vers la communauté zapatiste El Egipto, munis de lampes. Les compañeros se sont organisés, pendant que les compañeras, les personnes âgées et les enfants se réfugiaient, à 12 h 30, dans un autre village zapatiste, où ils demeurent jusqu’à présent.
Ceux qui ont tué le taureau sont arrivés avec deux motos, quatre individus qui ont pris toute la viande, ne laissant que les os.
4. Le 6 août, aux alentours de 7 h 30 du matin, quinze individus de Pojkol sont arrivés à bord de deux camionnettes Nissan et d’une moto. Ils ont tiré des coups de feu en l’air et ont fait tomber un grand arbre, menaçant ainsi toute personne susceptible de les voir. En partant, dans l’après-midi, ils ont tiré des coups de feu.
En passant dans le hameau de compañeros bases d’appui El Rosario, ils ont tiré cinq coups de feu. Ensuite, ils ont réitéré leur agression en tirant deux coups de feu en direction du toit de la maison d’un des compañeros dans la communauté base d’appui du village El Kexil. Ils ont tiré depuis l’intérieur d’un véhicule Nissan, se dirigeant vers Pojkol.
5. Le jour du 14 août, à 4 h 50 du matin, dix-huit personnes armées de Pojkol, membres de l’ORCAO, ont encerclé la communauté de San Jacinto.
Ils ont tiré à l’aide d’armes de différents calibres. Les balles ont fini leurs courses sur les murs et les toits des maisons alors que les compañeras et compañeros dormaient. Les compañeras et compañeros ont dû se réfugier immédiatement dans une autre communauté zapatiste laissant tout ce qu’ils possédaient, n’emportant que ce qu’ils portaient sur eux.
C’est ainsi qu’ils ont évité d’être massacrés, assassinés comme à Acteal.
En partant, les compañeras et compañeros entendaient les paramilitaires tout ravager.
Jusqu’à maintenant nous savons que :
cinq maisons ont été détériorées à coups de machette ;
sept sacs de maïs et 130 kilos de grains ont été volés.
Où est la paix dont parle tant Peña Nieto (président du Mexique) ? C’est ça la paix dont parle Manuel Velasco (gouverneur de l’État du Chiapas) ? S’il arrivait la même chose au maire d’Ocosingo, Octavio Albores, qu’aux compañeras et compañeros zapatistes, croirait-il que c’est la paix ?
Qu’ils réfléchissent s’ils veulent la paix, car ce sont eux les responsables de tout ce qui pourrait arriver !
S’ils sont les gouvernements qu’ils disent être, pourquoi ne contrôlent-ils pas ces paramilitaires de Pojkol du quartier Chiquinival de la municipalité de Chilón ?
Ils ne les contrôlent pas parce que ce sont eux qui les financent, les organisent et qui commandent ces attaques contre nous.
Nous leur disons à ces gouvernements et paramilitaires qu’ils sont fait de chair et d’os comme nous, mais que nous, hommes et femmes, ne sommes pas des drogués comme ces paramilitaires. Nous leur disons de ne pas manipuler les gens, de ne pas payer des gens malintentionnés et de ne pas dépenser d’argent pour empirer la vie des pauvres qui leur est déjà si difficile.
Nous autres voulons véritablement la paix, s’il n’y a pas de paix nous lutterons jusqu’à ce que nous y parvenions.
Nous ne sommes pas à vendre, nous ne nous rendons pas, nous ne flancherons pas.
Nous sommes toutes et tous organisé•e•s afin d’obtenir une paix juste et digne. Vous, les trois niveaux de mauvais gouvernement, vous ne voulez pas la paix, nous savons que vous n’avez aucun remords, pourtant vous serez condamnés par le peuple mexicain pauvre et nous resterons à ses côtés.
Ainsi, nous vous demandons, compañeras et compañeros du Mexique et du monde, de rester en alerte face à ces sauvages agressions à notre encontre et nous restons mobilisé•e•s.
C’est notre dénonciation.
Cordialement.
Autorités du Conseil de bon gouvernement de La Garrucha
Jacobo Silvano Hernández
Rudy Luna López
Fredy Moreno Rominguez
Elizabeth Ruiz Camera
Yornely López Alvarez
Traduction : El Zapatista et Bob
Relecture : “la voie du jaguar”
Source du texte d’origine :
Enlace Zapatista