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Le Caracol V dénonce des attaques de paramilitaires du PRI et du PRD

Conseil de bon gouvernement de Roberto Barrios

dimanche 23 septembre 2007, par EZLN

CHA’AN LAK PEJTELEL
TE PUY YA XC’UPOJ E HABLA PARA TOD@S
PUY MU’BATI T’ YU’UN TA JPISILTIC

CONSEIL DE BON GOUVERNEMENT « NOUVELLE SEMENCE QUI VA PRODUIRE »
CARACOL V « QUI PARLE POUR TOUS »

Zone Nord, Chiapas, Mexique, le 20 septembre 2007.

Aux adhérents de l’Autre Campagne
Aux adhérents de la Zezta Internacional
Aux médias alternatifs
Aux peuples dignes du Mexique et du monde

Voici notre parole de dénonciation de différents faits qui sont en train de se produire sur notre territoire de la Commune autonome rebelle zapatiste d’Ak’abalna.

Premièrement. Le 9 février 1994, en tant que zapatistes, nous avons récupéré les terres de la Finca Morelia, qui se compose des domaines d’El Arenal, Los Mangos, El Bosque, La Catarata, La Peña et El Vado, des mains du finquero [1] Juan Benito Machín. Depuis lors, nous avons construit notre communauté que nous appelons Nueva Revolución. Ces terres appartiennent à l’EZLN comme produit du soulèvement armé, mais avec le temps, le mauvais gouvernement et ses partis politiques se sont chargés de semer la division dans la communauté.

Aujourd’hui nous dénonçons le fait que des priistes et des perrédistes [2] de la communauté veulent nous dépouiller de notre terre en la légalisant seulement pour quelques-uns. C’est-à-dire qu’ils veulent faire un nouveau recensement dans lequel ils nous évinceraient, nous, les zapatistes, alors que, depuis que nous avons récupéré cette terre, nous l’avons partagée également entre tous les habitants de la communauté, sans faire de distinction entre les zapatistes et les autres. Aujourd’hui, ils nous trahissent et oublient l’histoire de comment ça c’est passé pour récupérer cette terre, et ils nous menacent de nous dépouiller de notre terre, ou, comme ils disent, de nos droits « légaux ». Les responsables de ces faits sont les autorités officielles de la communauté, les représentants communaux Rafael Vásquez Gómez et Sebastián López Pérez, l’agent rural municipal officiel Daniel Pérez Pérez, et les membres du conseil de surveillance Manuel Pérez Ramírez et Domingo Pérez Pérez.

Deuxièmement. Le 18 mai 2007, ils ont tiré contre la maison de notre compañero Carmelino Pérez Gutiérrez. La balle a frôlé le toit, nous savons que c’était un fusil de chasse calibre 20, et que cela a été fait exprès, car il avait été menacé parce qu’il fait partie de la résistance, qu’il ne paie pas l’impôt foncier, et que, prétendument, il ne participerait pas aux travaux collectifs pour l’école officielle. Nous, nous affirmons que nous participons aux travaux collectifs qui bénéficient à toute la communauté, comme l’entretien du réseau d’eau, mais pas à ce qui se rattache aux travaux que veut le mauvais gouvernement.

Troisièmement. Le lundi 9 juillet, vers les 7 heures du matin, alors que l’un de nos compañeros allait à la milpa [3], il a vu passer un groupe de paramilitaires en « tenue léopard », c’est-à-dire en tenue militaire, qui étaient armés. Il n’a pas pu les reconnaître parce qu’ils étaient encagoulés, et ils ont vite filé vers la montagne. Le lendemain, 10 juillet, un autre de nos compañeros a vu passer un groupe de six paramilitaires en tenue militaire vert olive à environ 50 mètres de chez lui, et eux aussi ont disparu dans la jungle. Cette fois, ils ne portaient pas de cagoule, mais ils n’ont pas été reconnus parce qu’ils ne sont pas de la communauté. À nouveau le lendemain, 11 juillet, est passé par la communauté de La Chachalaca, qui se trouve à trois kilomètres à peu près, un groupe d’environ 40 paramilitaires en tenue militaire vert olive ; ils n’ont pas été reconnus non plus parce qu’ils ne sont pas de la communauté.

Quatrièmement. Le 21 août, vers les 6 heures du matin, ont été vus approximativement 50 paramilitaires avec différentes sortes d’armes à feu qui sortaient de la jungle. Ils se sont approchés d’un de nos compañeros des bases de soutien, et lui ont posé en ch’ol des questions sur les dirigeants zapatistes de Nueva Revolución. Lui a répondu qu’il ne savait rien. Les paramilitaires lui ont affirmé qu’ils avaient des camarades dans la communauté Nueva Revolución ; après cela, ils sont partis par un sentier vers Sabanilla. Le même jour, vers midi, est passé un hélicoptère militaire volant très bas ; ses portes étaient ouvertes, et des militaires armés visaient la communauté. L’agent rural municipal officiel nous a dit qu’il savait que cet hélicoptère allait atterrir, ce que finalement il n’a pas fait, car il pleuvait. Il nous a dit aussi que plusieurs communautés des alentours, soit El Ocotal, El Arenal, La Preciosa et La Chachalaca avaient demandé des patrouilles et la présence de l’armée mexicaine.

Le 7 septembre sont apparus sur la route qui va de Tila à Chulum Juárez 13 camions, certains de l’armée, d’autres de la sécurité publique fédérale et de l’État. À Coquijá, ils ont dit à un de nos compañeros qu’ils allaient entrer dans la communauté d’Iturbide et dans celle de Nueva Revolución, mais ils ne sont jamais arrivés. Pendant leur trajet, des éléments policiers descendaient des camions et s’enfonçaient dans la jungle, si bien que nous n’avons pas réussi à voir vers où ils allaient.

Cinquièmement. Au cours de l’année 2005, il y avait eu un dialogue au Conseil de bon gouvernement avec la partie adverse, mélange de priistes et de perrédistes, au cours duquel on avait cherché un accord sur le respect de nos travaux collectifs, mais au moment de signer les accords, ces personnes n’ont pas voulu le faire. On leur avait dit alors que, si quelque chose se passait, ce seraient eux les responsables, avec les autorités du mauvais gouvernement qui soutiennent ces groupes. À partir de ce moment, nous avons trouvé à plusieurs occasions des bêtes mortes, des vaches et des veaux de notre travail collectif. La dernière fois, le 20 juin 2007, nous avons inspecté soigneusement le veau mort, et il avait pris une balle calibre 22 qui lui était entrée par le dos et était sortie par la panse. Le 21 juillet, un mois après, nous avons trouvé une des truies de nos travaux collectifs morte par empoisonnement.

Sixièmement. Nos compañeros de la communauté de la Chachalaca sont menacés par le commissaire communal Fernando Pérez Díaz, l’agent rural municipal officiel Francisco Jiménez Pérez et le dirigeant de Paz y Justicia [4] Manuel Jiménez Pérez, parce que nous sommes dans la résistance et que nous ne payons pas l’impôt foncier. Ils disent qu’ils ne veulent pas voir de zapatistes dans la communauté, et qu’ils vont les tuer parce que ce sont eux qui organisent le village.

En juillet 2007, les priistes de la communauté, avec les gens de la Commission fédérale d’électricité, ont planté des poteaux pour les lignes électriques. Mais onze familles des bases de soutien n’ont pas été prises en compte, et on ne leur a pas fourni l’électricité. Les poteaux ont été plantés sur les terrains de nos compañeros sans aucune autorisation, et en plus ils ont abattu plein de jeunes arbres.

Ils les ont aussi menacés de leur ôter le droit de passage par les sentiers qui sont les leurs depuis des années. Ils veulent leur faire payer 250 pesos à chaque fois qu’ils passent par là. Ils ont dit qu’ils veulent nous faire ça parce que nous sommes zapatistes.

Septièmement. En tant que zapatistes, nous sommes en train de lutter, de construire notre autonomie, et c’est pour ça qu’ils veulent nous affaiblir. Nous n’allons pas abandonner la lutte et la résistance. Ils sont jaloux de nous parce que nous défendons nos droits et nos terres. C’est pour cela qu’ils ne peuvent pas nous voir, et c’est ce qui est en train de se passer un peu partout dans la Zone Nord.

Nous ne partirons pas, nous n’abandonnerons pas nos droits à ces terres. Cela, nous n’allons pas le permettre, car la terre a été payée avec le sang de nos compañeros tombés en 1994. En tant que zapatistes, nous déclarons que jamais ils ne vont nous humilier, nous n’allons pas nous laisser faire par leurs armées ou leurs paramilitaires. Nous sommes préparés pour défendre notre mère la terre parce que nous sommes des bases de soutien zapatistes. Ya basta. Nous voulons qu’on nous laisse vivre et travailler en paix, et qu’on respecte notre droit, parce que les maîtres de la terre, c’est nous, les zapatistes qui la travaillons. Qu’il soit bien clair que cette terre, que nous défendons, nous l’avons récupérée par un soulèvement armé, et nous continuerons à la défendre.

Depuis ce Caracol V, nous lançons un appel au peuple du Mexique et au monde, aux compañer@s de l’Autre Campagne et de la Zezta Internacional et à nos frères et sœurs honnêtes, pour qu’ils soient attentifs à ce qui est en train de se passer en territoire zapatiste, et que nous continuerons à dénoncer.

BIEN SINCÈREMENT
COMMANDER EN OBÉISSANT
CONSEIL DE BON GOUVERNEMENT « NOUVELLE SEMENCE QUI VA PRODUIRE »
CARACOL V « QUI PARLE POUR TOUS »

Traduit par el Viejo.

Notes

[1Finca : grande propriété agraire ; finquero : grand propriétaire. (NdT)

[2Priiste : du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel, sic, au pouvoir pendant soixante et onze ans) ; perrédiste : du PRD (Parti de la révolution démocratique, gauche, en théorie). (NdT)

[3Milpa (mot maya) : terrain cultivé, en particulier champ de maïs. (NdT)

[4Paz y Justicia : groupe paramilitaire tristement célèbre (massacre d’Acteal). (NdT)

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