Cette célébration se déroulera trois jours avant le Mardi gras, en pleine période de carnaval. S’il est une fête qui permet de narrer la geste des humbles chahutant les puissants, c’est bien celle-ci. Nous souhaitons donc qu’elle vienne inspirer le ton, le rythme et l’esthétique de la journée. Mais le carnaval dispose d’un autre attrait : fête des passages, il survient quand l’hiver n’a pas encore laissé place au printemps, que les jours peinent à rallonger, qu’une saison vient de se finir sans qu’on ait encore basculé dans la suivante. Autant d’allégories rappelant la fin de cette lutte d’un demi-siècle contre l’aéroport qui laisse place à de nouveaux enjeux et combats, ici et ailleurs. Ne nous y trompons pas, le carnaval ne célèbre pas un changement d’ère, il l’accompagne, voire le suscite. Rite grâce auquel on se projette ensemble dans l’avenir, confiants face à nos incertitudes, il est le premier jour des saisons futures.
Le 10 février, deux cortèges forts de musiques et de chants partiront donc du Gourbi et de Saint-Jean-du-Tertre aux alentours de 13 heures. Nous vous y convions déguisés autour d’un thème large et équivoque : « Nous sommes bocage. » Revêtez vos plus belles cornes de buis, arborez un superbe pelage de boue ou des plumes de granit… peu importe, nos costumes seront du bois dont on a défendu et sauvé cette terre. Armés de cette exubérance, nous pousserons des chars et des charrettes pleines d’objets. Nous avons besoin de vous pour les remplir. Nous vous proposons d’apporter des représentations de choses qu’il vous tiendrait à cœur de voir disparaître avec l’aéroport. Certaines luttes sœurs envisagent déjà de construire de grosses maquettes en carton symbolisant ici un méga-transformateur aveyronnais, là une poubelle nucléaire meusienne, ou encore un TGV transalpin. Ce sera donc le moment de mettre en avant nos combats communs et la solidarité entre nos luttes. Mais rien n’exige de limiter notre imagination à des infrastructures ou des GPII [1], et nous sommes sûrs que les idées ne vous manqueront pas pour illustrer ce contre quoi vous luttez.
Les cortèges convergeront jusqu’à la ferme de Bellevue où un énorme Caramentran représentant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes nous attendra. Grâce aux bagagistes du mouvement, nous l’agrémenterons de tous les objets trimballés dans les défilés puis nous laisserons le soin à l’animal totémique le plus célèbre de la ZAD d’y bouter le feu. Nous n’aurons plus qu’à danser et chanter à nos succès passés et à venir.
En vous espérant nombreux, joyeux et toujours déterminés.
Source : [bleu violet]zad.nadir.org[/bleu violet]
22 janvier 2018.