« ... Nos peuples ont, dans le cadre de leurs droits à la libre détermination et à l’autonomie, le droit d’organiser leur autodéfense de la façon qu’ils jugeront bonne, tant qu’elle ne porte pas atteinte au respect des droits humains ; aussi la création, dans le cadre de notre culture et de notre organisation traditionnelle, de polices communautaires, de gardes communales ou d’autres formes d’organisation communale pour l’autodéfense indigène sont légales, légitimes, et surtout nécessaires face à la corruption profonde et à la décomposition des instances chargées de rendre la justice... »
(Déclaration sur le droit à l’autodéfense indigène,
Congrès national indigène, Santa María Ostula, 14 juin 2009)
Au peuple du Mexique et aux peuples du monde
Aux peuples indigènes du Mexique
À l’Armée zapatiste de libération nationale
Au Mouvement national pour la paix dans la justice et la dignité
À La Otra Campaña
Il y a deux ans, notre communauté a repris plus de mille hectares de terres, de bois et de plages dont elle était graduellement dépossédée depuis plus de quarante ans au lieudit connu sous le nom de Xayakalan. Cela a été possible malgré les groupes de tueurs à gages payés par les petits propriétaires de La Placita qui ont agressé notre communauté avec des armes de guerre, soutenus par le silence toujours complice de tous les niveaux de gouvernement.
La lutte d’Ostula pour récupérer ses terres a été un succès parce qu’elle a su unifier chacun des comuneros et comuneras qui habitent ses vingt-trois hameaux, et qu’elle a osé exercer son droit légitime à l’autodéfense indigène, en réorganisant sa police communautaire traditionnelle et un corps de garde communale qui, durant des jours, des semaines et des mois, ont protégé notre population tandis que nous fondions et construisions un nouveau centre de peuplement communal sur les terres récupérées : Xayakalan.
Avec cette lutte pour la terre, notre communauté a laissé de côté les partis qui, des années durant, l’avaient divisée. Par un accord de l’assemblée communautaire il a été décidé d’interdire l’installation de bureaux de vote sur tout notre territoire communal pour les élections fédérales de l’année 2009.
Nous n’oublions pas qu’à ce moment si difficile nous avons été soutenus par les communautés sœurs de Pómaro et El Coire, et que nous avons pu compter sur la courageuse compagnie de centaines de membres de peuples indigènes, d’organisations sociales, d’associations d’étudiants, d’intellectuels et de journalistes, qui ont donné à notre lutte de la force et de l’allant.
Dans la lutte pour reprendre nos terres, nous avons jeté à bas deux grands projets que le gouvernement fédéral et celui de l’État pensaient mettre en œuvre sur les terres du peuple nahua de la Côte pour accélérer la spoliation de ses terres et de ses plages : la construction de la super-route Coahuayana-Lázaro Cardenas et le Plan régional pour le développement touristique intégral de la côte du Michoacán. En particulier à travers le second, ce qu’on cherchait était que nos plages, et en premier lieu celle de Xayakalan, passent aux mains de riches capitalistes nationaux et étrangers.
Le mauvais gouvernement ne s’est pas avoué vaincu, et ne veut pas résoudre un problème agraire qu’il a inventé lui-même. Il ne perd pas l’espoir que les terres récupérées, ainsi que les mines et les plages des communautés nahuas, passent entre des mains privées ; c’est pourquoi il encourage une guerre permanente contre Ostula. En ce sens, nous réaffirmons que la possession que nous avons reprise, et qui se trouve protégée par nos anciens titres primordiaux, nous ne l’abandonnerons jamais sinon au prix de nos vies ; nous ne permettrons jamais plus un nouveau hold-up, une nouvelle spoliation contre notre communauté.
Cette guerre que vit actuellement notre communauté, et qui est un petit chapitre de la guerre qui déchire la nation tout entière, nous pouvons la raconter en chiffres : vingt-six comuneros tués, quatre disparus, des dizaines de veuves et d’orphelins, des centaines de déplacés. Ce que nous ne pouvons pas traduire en chiffres, c’est la désolation, la tristesse et le désarroi de tant de familles, non plus que la silencieuse complicité de la Marine nationale mexicaine et du gouvernement du Michoacán avec cette vague de crimes.
Nous invitons la société civile nationale et internationale à se joindre à la campagne « Halte à la guerre contre Ostula », en exigeant des gouvernements de l’État et de la Fédération :
- Qu’ils cessent d’être complices des mafias criminelles qui contrôlent actuellement la majeure partie du territoire du Michoacán.
- Le respect de la vie et de la culture de notre communauté.
- La reconnaissance des terres communales de Xayakalan.
- L’octroi de garanties pour le fonctionnement de notre police communautaire.
- Le châtiment des responsables de l’enlèvement, de la torture et de l’assassinat des comuneros qui ont lutté pour les terres et la liberté d’Ostula.
Les adhésions, soutiens, activités et contributions à la campagne « Halte à la guerre contre Ostula » peuvent être envoyées à l’adresse électronique altoalaguerracontraostula(a)gmail.com
Nous saluons la digne lutte de la communauté purhépecha de Cherán qui, en exerçant elle aussi son droit à l’autodéfense, défend aujourd’hui du crime organisé ses forêts et ses habitants, grâce à ses propres formes d’organisation et à la participation unie de tous les comuneros et comuneras. Frères, vous n’êtes pas seuls !
Nous saluons également la lutte désintéressée du Mouvement national pour la paix dans la justice et la dignité contre cette guerre criminelle qui a déjà fait plus de quarante mille morts dans tout le pays, et nous nous joignons à ses justes demandes, car il s’agit d’une guerre dont nous ne voulons pas, que nous n’avons jamais demandée ; il s’agit d’une guerre néolibérale pour en finir avec les pauvres de ce pays, pour en finir avec nos frères migrants, pour en finir avec les communautés zapatistes, pour occuper et spolier les territoires des communautés indigènes ; il s’agit d’une guerre qui en comble quelques-uns de billets de banque et la plupart de douleur.
Aux peuples indigènes et aux peuples du monde entier nous rappelons à nouveau nos exigences :
1. Présentation en vie des comuneros Francisco de Asís Manuel, président des biens communaux, Javier Martínez Robles et Gerardo Vera Orcino ; la vérité sur l’assassinat du professeur Diego Ramírez Domínguez, et le châtiment des auteurs intellectuels et matériels de sa mort ; enquête sur les assassinats et disparitions de comuneros appartenant à la communauté d’Ostula.
2. Respect de la possession par Ostula des terres qu’elle a reprises le 29 juin 2009 dans le lieudit connu en tant que Xayakalan.
3. Solution immédiate et urgente à notre question agraire dans la zone de Xayakalan de la part des gouvernements de l’État et de la Fédération, afin de garantir définitivement l’appartenance juridique de ces terres en faveur d’Ostula.
4. Désarticulation des groupes de narco-paramilitaires et châtiment des fonctionnaires de gouvernement qui les protègent.
5. Octroi de garanties de la part du gouvernement fédéral et de celui de l’État du Michoacán pour le fonctionnement de la police communautaire sur le territoire nahua de la côte du Michoacán.
Respect de la totalité de nos terres communales !
Respect de notre police communautaire et de sa garde communale !
Présentation en vie du compañero Francisco de Asís Manuel, président des biens communaux de Santa María Ostula, et des comuneros Javier Martínez Robles et Gerardo Vera Orcino !
Châtiment des coupables de l’assassinat du professeur Diego Ramírez Domínguez !
Halte à la séquestration et à l’assassinat de comuneros d’Ostula !
Châtiment des coupables de la répression contre Santa María Ostula !
Xayakalan, communauté d’Ostula, Michoacán, le 29 juin 2011.
Terre et liberté !
La Commission pour la défense des biens communaux
de la communauté indigène de Santa María Ostula.
Dans le cadre de la campagne « Halte à la guerre contre Ostula »,
donnons un coup de main à Xayakalan
Le 21 juin dernier, le village de Xayakalan a été frappé sévèrement par l’ouragan Beatriz. Pour cette raison, nous invitons la société civile nationale et internationale à soutenir la reconstruction et le renforcement de Xayakalan, une communauté autonome sans reconnaissance du gouvernement, sans ressources publiques et en résistance ; tout cela à un moment plus que difficile pour Ostula, où sa résistance lui coûte tant de morts, de harcèlement et de mépris.
Compte bancaire pour verser de l’argent, au nom de :
Encargado del orden en Xayakalan
Bernardino Gómez Mata
Cuenta de ahorro número 2776589065,
Banco BBVA Bancomer
Sucursal 1256 en Tecomán, Colima.
Clave 012 097 027765 890652.
Merci de confirmer vos envois sur ostula(a)hotmail.com
Traduit par el Viejo.