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Sept heures d’affrontements à Oaxaca contre la visite de Felipe Calderón

Gabino Cué et Felipe Calderón répriment violemment
les manifestations des enseignants et du peuple d’Oaxaca

mardi 22 février 2011, par VOCAL

Aujourd’hui mardi 15 février des policiers fédéraux, de l’État, des groupes de choc civils et des francs-tireurs placés sur les terrasses de différents immeubles du centre historique d’Oaxaca ont provoqué et réprimé la protestation pacifique que les enseignants et le peuple oaxaquègnes réalisaient à cause de la présence à Oaxaca de Felipe Calderón.

Depuis l’après-midi du 14 février, un énorme déploiement des policiers locaux et fédéraux ainsi que de l’armée a pris possession de la Grand-Place et des rues environnantes du centre historique. À 11 h 30 du matin, ce mardi 15 février, un groupe d’enseignants appartenant à la 22e section du SNTE-CNTE réalisait une protestation pacifique à l’angle d’une des rues qui mènent à la Grand-Place ; à ce moment, la Police fédérale préventive (PFP) les a chargés, et deux enseignants ont été blessés, dont le secrétaire à la presse du syndicat, ainsi qu’un compañero du mouvement social qui a reçu un impact d’arme à feu à la tête. Face à cette agression, les enseignants se sont défendus et, en manière de protestation, ont retenu trois membres de la Police fédérale préventive, ce qui a causé plus tard une opération de la PFP pour prendre le local de la 22e section - "Cepos 22" - où les enseignants retenaient les agents de la PFP ; ceux-ci ont arrêté violemment quatre professeurs qui se trouvaient là. Une fois regroupés les enseignants et le peuple en général, autour de 14 heures, les protestations ont continué aux abords de la place, tandis que d’autres professeurs et personnes du peuple en général se dirigeaient vers elle. Elles ont été dispersées avec des gaz lacrymogènes et des tirs d’armes à feu réalisés par des francs-tireurs postés sur les terrasses de différents immeubles du centre historique. Dans la rue Cinco de Mayo, à plusieurs pâtés de maisons du lieu de la protestation, le compañero "Kalamar", qui est membre du collectif Hormigas Libertarias (Fourmis libertaires), a été blessé d’une balle à la tête. Nous sommes pour le moment dans l’obligation de taire le nom du compañero pour des raisons juridiques et de sécurité.

À l’hôtel Casa Azul, situé rue Fiallo dans le centre historique, a été vu sur la terrasse le chef policier répresseur Daniel Camarena, que Gabino Cué a hérité de l’assassin Ulises Ruiz, en compagnie de civils qui portaient des armes longues, probablement des francs-tireurs.

Après 14 heures, des dizaines de camionnettes ont circulé à grande vitesse sur la promenade touristique en direction de l’ancien couvent de Santo Domingo, où se trouvait déjà un barrage de douze militaires à 50 mètres de l’entrée. Ces camionnettes transportaient une partie du cortège des gouvernements fédéral et de l’État ; elles sont entrées dans la cour de Santo Domingo entourées par des dizaines de policiers fédéraux. À 14 h 30 environ au moins cinquante policiers fédéraux ont arpenté la promenade pour renforcer l’encerclement.

Pendant ce temps, les affrontements avec la police s’étendaient de la Grand-Place aux rues environnantes. À ce moment, on a pu observer une voiture de couleur noire, plaques de l’État de Puebla TWM 9318, à la tête d’une caravane de huit camions militaires qui transportaient des dizaines de militaires et des dizaines d’individus en civil (au moins cent), avec des T-shirts à rayures et des lunettes noires, qui ont été "lâchés" dans le centre historique pour perpétrer des actes de destruction qui seraient attribués aux manifestants ; entre autres actes, un camion de la PFP a été incendié sur la Grand-Place, et aussi à ce qu’il semble un autocar sur la route de Xoxocotlán. Dans les mêmes moments, on a pu voir l’arrivée d’un avion de la PFP à l’aéroport de la ville d’Oaxaca avec de nouveaux renforts fédéraux.

Au moment où est écrit ce communiqué, on a la confirmation de quatorze personnes blessées, dont deux à la tête par balles, fruit de tirs de francs-tireurs postés sur les terrasses proches de la Grand-Place, et une autre blessée au corps par balle, plus deux autres personnes blessées par des impacts de grenades lacrymogènes, et d’autres encore qui sont hospitalisées à cause des coups reçus.

À l’hôpital de la Sécurité sociale de la ville d’Oaxaca ont été admis quatre enseignants, deux blessés par balles et deux par des grenades lacrymogènes. Dans le même hôpital, on a pu voir arriver la PFP qui, au milieu d’une impressionnante opération comprenant des voitures de patrouille, des ambulances et même des camions de pompiers, a "sorti" quatre blessés de la PFP qui avaient été admis dans ce même hôpital.

Le soir, des dizaines de policiers et de militaires se sont installés dans l’hôtel Parador Crespo, situé rue Crespo dans le centre historique, où ils resteront cette nuit à deux rues de la CASOTA, lieu où notre organisation VOCAL a son siège.

Nous dénonçons ces faits et en rendons directement responsables Felipe Calderón et Gabino Cué Monteagudo. Celui-ci a trahi trop tôt la confiance des Oaxaquègnes qui ont cru à ses promesses selon lesquelles plus jamais la police ne serait utilisée pour réprimer la protestation sociale.

Nous dénonçons la gravité de ces faits, surtout l’utilisation de groupes de choc paramilitaires et de francs-tireurs, comme partie prenante d’une stratégie clairement fasciste pour réprimer et terroriser le peuple d’Oaxaca et ses organisations et secteurs mobilisés.

Nous dénonçons le blocus médiatique et institutionnel qui a nié et ignoré purement et simplement la présence de francs-tireurs et de groupes de choc paramilitaires infiltrés dans les manifestations d’aujourd’hui.

Nous dénonçons l’attitude cynique et perverse de Gabino Cué, qui a immédiatement appelé au dialogue les enseignants oaxaquègnes, et nous alertons du danger qui plane sur tout le mouvement social oaxaquègne si des faits aussi graves restent impunis du fait d’accords entre le gouvernement et la direction du syndicat enseignant.

Nous lançons un appel à l’observation internationale et nationale sur ces événements d’Oaxaca qui semblent inaugurer une étape de fascisme d’État de la part de Felipe Calderón et de son valet à Oaxaca, Gabino Cué Monteagudo.

Aujourd’hui on a entendu dans les rues d’Oaxaca le premier "¡Ya cayó, Gabino ya cayó !".

Fraternellement

Voix d’Oaxaca construisant l’autonomie et la liberté (VOCAL)
Oaxaca de Magón, ville de la résistance, le 15 février 2011.

Traduit par el Viejo.

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