Laissant nos pays derrière nous, on pensait qu’on allait continuer à vivre au moins libres. Cette liberté nous a été confisquée dès le moment où on est entrés en Grèce, même si entrer en Grèce veut dire risquer de mourir en mer, comme dans le cas des noyés de Farmakonisi et de Mytilini. Une fois en Grèce, on se retrouve dans une prison à ciel ouvert. On nous empêche de travailler par le biais de lois aussi racistes qu’obsolètes. Les flics, les fascistes, les racistes nous persécutent dans les rues. C’est pas seulement Asoee, c’est aussi Monastiraki, Thissio, Omonoia, ça se passe dans tous nos quartiers. Chaque jour nous vivons sous la menace d’être emprisonnés dans un commissariat ou dans les camps de détention. On nous stigmatise par le biais de campagnes racistes de désinformation. Selon les médias, nous sommes des voleurs, des tueurs, des porteurs de maladies.
Et maintenant avec les opérations des flics devant l’université, on nous interdit de vendre dans la rue, ce qui était notre seul moyen de survie. Ce qui était notre seul moyen pour gagner un peu d’argent, pour payer notre loyer, pour payer les factures d’électricité, d’eau, pour avoir quelque chose à manger. La seule chose qu’on veut est de pouvoir vivre dignement à la sueur de notre front.
Si on ne peut pas travailler faute de papiers, si on ne peut pas sortir de nos maisons faute de papiers, si on ne peut pas s’intégrer faute de papiers, si on ne peut pas se soigner faute de papiers, pourquoi ne pas nous enfermer dans une chambre et y mettre le feu ?
Nous, nous ne sommes pas des voleurs, des tueurs, des violeurs. On dit partout que les pays du « tiers monde » ne sont pas civilisés. Mais là-bas au moins il n’y a pas cette furie contre les étrangers, avec tant de camps de détention, tant de murs aux frontières, tant de noyades provoquées par des flics. La Grèce est l’un des derniers pays à ne pas comprendre que nous, les immigrés, nous ne sommes pas un problème. Nous, nous voulons un monde sans discriminations, sans racisme, sans injustice, sans riches ni pauvres, nous qui vivons tous les jours avec le souci de la survie, avec la brutalité policière, avec la violence des patrons, nous, nous ne sommes pas un problème. Mais nous pouvons en devenir un.
Que les flics se cassent !
Police partout ! Justice nulle part !
Communautés de lutte des locaux et des immigrés à Asoee et partout !
Assemblée des immigrés et des solidaires d’Asoee
(on se rencontre tous les jeudis à 19 heures à Asoee),
Athènes, le 1er avril 2014.