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El Libertario devant la mort de Hugo Chávez
Ni deuil ni célébration ! L’heure de l’autonomie des luttes sociales est arrivée !

lundi 18 mars 2013, par “El Libertario”

Quand une très grave maladie, des soins médicaux conditionnés à des décisions politiques et un malade halluciné de pouvoir se superposent, on ne pouvait attendre que ce dénouement : le caudillo est mort et un changement important dans la scène politique vénézuélienne est en marche.

En un instant, ce qui était la plus grande force du régime est devenu sa plus grande faiblesse : Chávez était tout et, en disparaissant, il ne reste qu’à conjuguer la fidélité absolue à son souvenir avec l’obéissance à ses dispositions pour sa succession. Ce qui met en évidence la fragilité d’un gouvernement qui voulut renforcer son prétendu caractère « socialiste et populaire » avec la pratique d’un culte grotesque de la personnalité, maintenant réduit à une ridicule invocation des âmes.

Le disparu a été lui-même l’auteur principal de cette fin. Le secret qui a entouré sa maladie répondait aux ressorts mêmes de la centralisation extrême du pouvoir. Il en découle qu’à défaut de cohérence idéologique interne ses partisans s’affrontent entre eux pour l’héritage du commandement, avec un clair avantage pour les bureaucrates haut placés (rojos-rojitos, rouges - un peu rouges) et la caste militaire, en pleines manœuvres de négociation pour assurer l’impunité de leurs corruptions.

En ce qui concerne les oppositions de droite et sociale-démocrate, la nouvelle situation arrive sans qu’ils aient surmonté leurs échecs à la présidentielle du 7 octobre et aux régionales du 16 décembre [2012]. Élections où elles s’étaient engagées avec de grandes illusions et l’offre d’un « chavisme sifrino » (chavisme de riches), promettant aux électeurs de maintenir l’emploi des instruments du clientélisme et d’être efficaces en cela, comme Chávez en ce domaine. Maintenant, cette opposition passe-partout veut croire qu’une fortuite métastase a enfin mis à sa portée l’accès à ce pouvoir politique dont ses ambitions, ses erreurs, sa paresse et son incompétence l’ont éloignée pendant de longues années. Un pouvoir qu’elle exercerait avec une sottise et une ardeur prédatrice similaires à celles pratiquées par la « bolibourgeoisie » [bourgeoisie bolivarienne] chaviste.

Face à ces calculs mesquins et opportunistes, qui mettent sur le même plan le Grand Pôle patriotique (Gran Polo Patriótico) et l’opposition de la Table d’unité démocratique (Mesa de Unidad Democrática), nous avons la grave situation du pays : inflation galopante, chômage et précarité croissants, dévaluation monétaire, effrayante insécurité des personnes, grave crise dans les services d’eau et électricité, éducation et santé tout à fait délabrées, manque de logement, travaux publics obsolètes ou en exécution brouillonne, attention démagogique aux besoins extrêmes des plus nécessiteux, et une liste de maux pas forcément longue mais qui n’en est pas moins néfaste.

Ces problèmes ne sont pas la principale préoccupation des deux groupes en lutte pour la Silla de Miraflores (le fauteuil présidentiel) et le butin pétrolier. C’est pourquoi notre réponse collective doit mépriser leur permanent chantage de nous demander un appui électoral en échange de solutions qui n’arrivent jamais ou sont ridiculement incomplètes. C’est l’heure de déborder ces états-majors pourris et de construire, par en bas, une vraie démocratie, avec égalité, justice sociale et liberté. Il faut consolider l’indignation généralisée devant la situation que nous subissons et la convertir en luttes sociales autonomes, étendues et autogestionnaires, en disant clairement aux politiciens du pouvoir que nous n’avons pas besoin d’eux comme intermédiaires ou comme gracieux donateurs de ce que d’en bas et unis nous pouvons obtenir, sans « mains blanches » ou « bérets rouges ».

Colectivo editor de El Libertario.
Caracas, 5 mars 2013.

Source de la traduction :
Polémica Cubana.
Texte original :
El Libertario.

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