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Commission pour la défense des biens communaux de Santa María Ostula

Des groupes paramilitaires, soutenus par les forces armées gouvernementales, mènent une guerre contre l’autonomie communale à Ostula, dans le Michoacán

mercredi 25 août 2010

Au peuple du Mexique et aux peuples du monde,
Aux médias,

Au travers de ce communiqué nous voulons dénoncer la guerre que des groupes paramilitaires, couverts par les forces armées du gouvernement, ont déclenchée contre notre communauté ces dernières semaines, afin d’en finir avec notre lutte et notre organisation autonome.

Le 4 mai, plus de mille hommes armés appartenant à l’Armée mexicaine, à la Police fédérale et à la Marine du Mexique ont encerclé le chef-lieu municipal de Santa María Ostula, soi-disant pour rechercher des armes.

Le 7 mai, un groupe paramilitaire d’environ 150 personnes qui disaient être de La Placita, Michoacán, est entré fortement armé dans les communautés d’Ostula et d’El Coire pour distribuer de la propagande en soutien à ses activités, et dans le but déclaré, mais non atteint, d’assassiner le compañero Valentín Álvarez Medina, président suppléant du commissariat aux biens communaux d’El Coire, et militant actif pour la récupération de nos terres et contre les projets routiers, touristiques et miniers que les mauvais gouvernements cherchent à réaliser sur le territoire nahua. Ce groupe armé si nombreux a pu agir impunément, sans être détecté par les nombreuses forces militaires et de sécurité qui se trouvent détachées dans la région.

Le 29 juin a été enlevé le comunero Máximo Magno Valladares, sans qu’on ait de ses nouvelles depuis. Le 17 juillet, le comunero Humberto Santos Valladares a été assassiné sur la route fédérale. Le 19 juillet, on a tiré sur le comunero Roberto Arceo ; puis, le 27 juillet, ont été assassinés les comuneros Venancio Ramírez Cirino, Manuel Flores Álvarez et Miguel Ángel Flores Álvarez ; quelques jours plus tard, le 3 août, a été assassiné le comunero José Martínez Ramos. Dans tous ces cas, il s’agit de l’action concertée de cartels qui ont pénétré dans nos communautés ces derniers mois et qui jouissent de la protection gouvernementale.

De même, le responsable des biens d’Ostula, le compañero Trinidad Verdía Zepeda, a été diffamé devant la communauté par des officiers de la Marine du Mexique qui, lors de diverses perquisitions, l’ont signalé comme « informateur » du gouvernement dans le but évident de dresser contre lui sa communauté et d’éroder la confiance entre les comuneros et l’autorité communale.

Dans une opération conjointe de la Marine, de la Police fédérale et de la Police de l’État le 2 août, les comuneros Timoteo Ramírez Cirino, du hameau d’El Duín, et Arnoldo Robles Luna, du chef-lieu d’Ostula, ont été arrêtés, chacun à son domicile, sans qu’il existe à leur encontre de mandat d’arrêt ni de mandat de perquisition pour entrer chez eux. Dans le cas de Timoteo Ramírez, les envoyés de « la loi » ont subtilisé six mille pesos. Le même jour, cette opération a également pris d’assaut la maison du comunero Semeí Verdía et en a soustrait la somme de douze mille pesos et divers objets de valeur. Le gouvernement a déclaré faussement que Timoteo Ramírez et Arnoldo Robles ont été arrêtés ensemble et en possession d’armes à bord d’une camionnette sur la route fédérale, car autrement il ne leur est pas possible de justifier cette procédure anticonstitutionnelle.

À ce qui précède, nous devons ajouter les disparitions forcées du compañero Francisco de Asís Manuel, président des biens communaux de Santa María Ostula, et des comuneros Javier Martínez Robles et Gerardo Vera Orcino. De plus, le gouvernement n’a pas donné de réponse satisfaisante au problème agraire dont nous souffrons au lieudit Xayakalan, il prétend remédier au compte-gouttes à une situation aussi complexe et nous offre en paroles des solutions que nous ne voyons jamais arriver.

Avec tout ce qui a été décrit ici, pour nous il n’y a pas de doute : devant la rébellion et la dignité démontrées par Ostula pour défendre ses terres et son organisation communale autonome, y compris la constitution d’une garde communale pour son autodéfense, ceux qui détiennent le pouvoir dans ce pays, qu’ils s’appellent gouvernement, narcotrafiquants ou entreprises multinationales, ont déclenché une guerre de terreur contre notre communauté ; guerre qui, cachée derrière le masque de la prétendue guerre contre le narcotrafic, cherche à semer la terreur dans notre population pour freiner notre juste lutte, imposer les intérêts des entreprises minières qui commencent à envahir le territoire nahua, rendre totalement illégale notre autodéfense communale, en finir avec nos autorités et notre organisation communale, et promouvoir la participation des jeunes indigènes aux cartels du narcotrafic comme vile chair à canons, pour provoquer la division et la décomposition sociale à l’intérieur des communautés indigènes.

Nous répétons que nous ne renoncerons à nos terres, à notre liberté et à nos droits qu’au prix de nos vies, et que nous ne permettrons plus un nouveau braquage, une nouvelle spoliation à l’encontre de notre communauté. Nos exigences sont les suivantes :

1. Présentation en vie des comuneros Francisco de Asís Manuel, président des biens communaux, Javier Martínez Robles et Gerardo Vera Orcino ; élucidation de l’assassinat du professeur Diego Ramírez Domínguez et châtiment des auteurs intellectuels et matériels de sa mort ; enquête sur les assassinats, tentatives d’assassinat, enlèvements et persécutions, impunis jusqu’ici, de comuneros appartenant aux communautés nahuas de la Côte.

2. Respect de la possession par Ostula des terres récupérées le 29 juin 2009 dans le lieudit Xayakalan.

3. Solution immédiate et urgente à notre problème agraire dans le lieudit Xayakalan de la part des gouvernements de l’État et de la Fédération, pour garantir de façon définitive l’appartenance juridique de ces terres à Ostula.

4. Démantèlement des groupes de narco-paramilitaires, et châtiment des fonctionnaires de gouvernement qui les protègent.

5. Garanties de la part des gouvernements de l’État du Michoacán et de la Fédération pour le fonctionnement des polices communautaires et de leur garde communale dans les communautés de Santa María Ostula, El Coire et Pómaro, c’est-à-dire sur tout le territoire nahua de la Côte du Michoacán.

Respect de la totalité de nos terres communales !
Respect de notre police communautaire et de sa garde communale !

Santa María Ostula, Michoacán, le 17 août 2010.

TERRE ET LIBERTÉ

La Commission pour la défense des biens communaux
de la communauté indigène de Santa María Ostula

Traduit par el Viejo.

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