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Depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
Ce que nous voulons pour le 9 janvier

jeudi 7 janvier 2016, par ZAD

Un texte d’occupant•e•s de la ZAD sur la mobilisation du 9 janvier 2016, sur les dynamiques pensées en assemblée et sur les raisons de faire en sorte qu’il y ait beaucoup de monde et de détermination ce jour-là. Il est possible de le rediffuser autour de vous aux personnes qui pensent rejoindre cette mobilisation.

Nous sommes un groupe d’occupant•e•s de la ZAD qui participe aux assemblées d’organisation du 9 janvier. Ce texte a l’ambition d’énoncer, depuis notre position dans le mouvement, quelle dynamique on souhaite pour ce moment. Il s’agit à la fois de diffuser le consensus d’action élaboré dans les assemblées et de partager des réflexions pour contribuer à se tenir ensemble ce jour-là.

Le procès du 13 janvier est une attaque sans précédent contre les habitants et paysans résistants de la ZAD. Une attaque du même ordre que celle de l’automne 2012, même si elle ne prend pas cette fois-ci la forme d’une intervention policière, du moins pour l’instant. AGO-Vinci veut à tout prix acculer les habitant•e•s au départ, en les menaçant d’expulsion sans délai, de saisie de leur bien et de leur cheptel et en réclamant qu’ils soient condamnés à des amendes journalières exorbitantes.

Le 9 janvier, nous voulons arracher l’abandon des procédures d’expulsion et d’expropriation à l’encontre des habitant•e•s dit•e•s historiques de la ZAD. Nous voulons reprendre l’initiative et l’offensive face aux attaques répétées de ces derniers mois contre le mouvement : relance des procédures contre les habitant•e•s, nouveaux appels d’offres pour les travaux, campagne médiatique contre la ZAD... Le 9 janvier est donc un jour décisif. Pourtant, nous ne l’envisageons pas comme un coup d’éclat sans lendemain mais plutôt comme le début d’une montée en puissance afin d’arracher l’abandon du projet dans les deux années qui viennent.

Pour la journée du 9 janvier, l’assemblée du mouvement a imaginé une forme spécifique qui n’a pas vocation à devenir une ligne figée. Le mouvement pourra en utiliser d’autres, que ce soit en cas d’attaque sur la zone ou de futures mobilisations. Ce 9 janvier, plusieurs convois de vélos et de tracteurs convergeront des quatre points de la région pour faire un grand banquet au pied du pont de Cheviré, ils seront rejoints par une manif piétonne au départ de Neustrie. Si les autorités cherchent à nous en empêcher, nous trouverons ensemble le moyen de nous déployer sur les axes de circulation de diverses autres manières, en divers points. Cette forme est un pari audacieux. L’action conjointe, ce jour-là, de différents convois, avec les paysans solidaires et les comités locaux, préfigurera le blocage décentralisé de la région en cas d’expulsion de la ZAD ou de démarrage des travaux. Ce 9 janvier est organisé dans la plus grande urgence, mais nous en ferons néanmoins une démonstration de force.

Dans ce contexte de menaces renforcées, le blocage est — avec l’occupation — l’une des pratiques à même de dépasser les désaccords qui traversent régulièrement le mouvement autour des formes et objectifs des manifestations de rue. Tiraillé par ses divergences stratégiques, celui-ci a eu trop tendance à se replier sur ce qui se construit à l’intérieur de la ZAD. Ce qui s’y joue est passionnant et crucial pour l’avenir mais insuffisant pour obtenir en soi l’abandon du projet. Ces derniers mois, la volonté de mener de nouveau des actions unitaires à l’extérieur de la zone, facilitée par l’acharnement de Manuel Valls contre la ZAD et ses habitants, a permis à la lutte de reprendre progressivement du poil de la bête et de sortir de l’attente d’une intervention. Se sont succédé un rassemblement à Angers contre les naturalistes collabos du Gecco, un blocage de l’usine Nobelsport de Pont-de-Buis avec les comités de soutien du Finistère, un convoi « Cap sur la COP » qui a bravé l’état d’urgence jusqu’aux portes du palais de Versailles. Alors que l’État cherche à resserrer l’étau, il est vital d’amplifier cette dynamique.

Nous invitons donc, ce 9 janvier, toutes celles et tous ceux qui veulent renforcer cette lutte à faire preuve d’une attention particulière aux différentes composantes du mouvement : aux habitant•e•s concerné•e•s par ces procédures qui portent avec nous cette action mais dont la plupart ne souhaitent pas que ça tourne à l’émeute ; aux paysan•ne•s qui mettent leur outil de travail en jeu sur le périph’ ; mais encore à toutes celles et à tous ceux qui seront à nos côtés ce jour-là.

Avoir une attention particulière à se tenir ensemble, dans notre diversité, c’est par exemple ne pas chercher à déclencher un affrontement direct avec la police, ce qui serait absolument anti-stratégique ce jour-là. Mais c’est aussi savoir faire bloc en cas de charge pour éviter les arrestations. C’est ne pas chasser les journalistes dont la présence est perçue comme nécessaire par nombre d’entre nous dans ce contexte. Mais c’est aussi ne pas harceler les personnes qui se masquent parce qu’elles ne veulent pas être prises en photo par la police. C’est être en capacité de dialoguer tout en gardant en tête les objectifs communs de la journée : que ce soit face à un automobiliste exaspéré, face à un citoyen qui entreprend de démontrer en quoi peindre un slogan sur la route serait une « action violente », ou face à quelqu’un qui se laisserait emporter par la colère qu’attisent les provocations policières. Le succès de cette action repose sur notre capacité à faire qu’au fil de la journée les diverses initiatives soient comprises et portées ensemble.

Ce qui fait notre force c’est de nous être mis•e•s d’accord en assemblée du mouvement sur l’objectif du 9 janvier et sur l’ambiance que nous y voulons. Ce jour-là, ce n’est qu’en faisant preuve d’une intelligence collective transversale aux différentes sensibilités qui font cette lutte que nous parviendrons à constituer une puissance à même de faire plier le gouvernement.

Des occupant•e•s de la ZAD
Source : zad.nadir.org

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