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Déclaration du Conseil autonome de la zone côtière du Chiapas après la libération des prisonniers arrêtés le 22 février 2011

jeudi 3 mars 2011, par Consejo Zona Costa de Chiapas

Communiqué du Conseil autonome régional
de la zone côtière du Chiapas
suite à la libération des derniers prisonniers
arrêtés lors du blocage de route du 22 février 2011

Costa de Chiapas, 3 mars 2011.

À la société civile du Mexique et du monde,
Au digne peuple du Chiapas,
À nos sœurs et nos frères zapatistes,
À nos sœurs et nos frères de l’ejido San Sebastián Bachajón et de la communauté de Mitzitón,
À nos compañeras et compañeros de l’Autre Campagne et de la Zezta internationale,
À tous ceux qui lutte pour un monde autre,
Aux organisations non gouvernementales des droits de l’homme du Chiapas et du Mexique,
Aux organisations sociales, politiques, aux réseaux nationaux et internationaux,
Au groupe de soutien à la zone côtière GAZC,

Hier 2 mars, à 21 h 15, les compañeros défenseurs des droits de l’homme Nataniel Hernández Núñez, José María Martínez Cruz et Eduardo Alonso Martínez Silvas, séquestrés par le gouvernement du Chiapas depuis le 22 février, ont signé leur sortie de la prison CERSS n°14 d’El Amate, et ont été remis en liberté provisoire. Cela signifie que l’instruction est toujours ouverte, livrée aux caprices et sous la menace ouverte du gouvernement de Juan Sabines Guerrero. Au cas où ce ne serait pas suffisant, une plainte précédente contre le compagnon Nataniel Hernández Núñez, datant de 2010, est toujours en cours d’instruction au niveau de la justice fédérale.

Il existe toujours aussi une menace judiciaire de délivrance de mandats d’arrestation ainsi que des menaces physiques contre les membres du Conseil autonome régional de la zone côtière du Chiapas.

On sait bien que n’importe quel appareil judiciaire travaille suivant les consignes données par les mauvais gouvernements afin de contrôler, d’intimider et de pousser les villages et peuples en lutte à la démobilisation. Stratégie qui forme un chapitre entier du manuel [mexicain] de contre-insurrection et de sécurité nationale. Mais l’information libre, la mobilisation et la solidarité aident toujours à faire disparaître les peurs, à continuer à travailler et à ne pas être arrêtés.

Le gouvernement de l’État du Chiapas a intensifié les agressions contre les frères et sœurs qui luttent et résistent en défense de la terre, de la côte, des ressources et de la vie digne des communautés, villages, quartiers, faubourgs et communautés de pêcheurs. Le gouvernement de l’État criminalise la lutte sociale ; à travers la prison, la violence et le barrage médiatique, il prétend faire taire la voix des organisations qui mettent en lumière cette guerre de dépossession menée contre les villages. Les photos et déclarations du gouvernement de Juan Sabines doivent être lues à l’envers ; cela veut dire que quand il déclare qu’il ne se passe rien, qu’on respire la paix sociale et que les droits de l’homme sont respectés, on doit lire qu’il se passe beaucoup de choses, que l’on réprime, menace, enferme et harcèle les villages et les peuples.

Ce qui se passe n’est pas exceptionnel, il suffit d’en changer les noms : si on change gouvernement du Chiapas par gouvernement fédéral, on peut saisir la même guerre d’extermination depuis Ciudad Juárez jusqu’à Cancún, de Tonalá jusqu’à Tijuana. À Oaxaca, au Guerrero, dans le District fédéral, les gens modestes et rebelles qui s’organisent pour dire ASSEZ ! se retrouvent toujours confrontés au même système et aux intérêts qui s’approprient la planète : le système capitaliste et les grandes transnationales qui sur toute la planète dépouillent et déclarent la guerre, assassinant et réprimant celles et ceux qui osent les affronter. Nous autres, nous nous sommes mis à l’étude de l’histoire de celles et ceux d’en bas. Nous avons appris de la digne lutte de l’EZLN, du Front civique tonaltèque, de la lutte de tant de gens qui ne se sont pas rendus, qui ne se sont pas laissés tromper par les mauvais gouvernements et qui ont appris que ce que ceux d’en haut font le plus c’est mentir, mentir et continuer à mentir (à part voler, voler et continuer à voler).

Face à cette situation qui prévaut pour nous toutes et tous, habitants des villages, communautés de pêcheurs et quartiers qui constituent le Conseil autonome régional de la zone côtière, nous revendiquons notre droit à nous organiser, à nous exprimer et à construire une vie autre et meilleure : NOUS NE NOUS RENDONS PAS, non nous n’utilisons pas la voie de l’affrontement ni de la violence pour exiger et faire valoir nos droits comme villages. Nous savons que les gens au pouvoir ne sont pas plus que les marionnettes et prête-noms des grands intérêts économiques et médiatiques. Nous ne sommes pas pour autant disposés à être de nouveau écrasés.

La responsabilité de ce qui peut arriver dans cette lutte que nous allons continuer est à tous les niveaux de gouvernement : fédéral, Felipe Calderón Hinojosa ; de l’État du Chiapas, Juan Sabines Guerrero et son secrétaire de gouvernement, Noé Castañón León ; municipal, à Tonalá, David Aguilar Solís, et à Pijijiapan, Saín Cruz Trinidad (destitué récemment, pour sa tendance connue à faire disparaître des fonds municipaux, puis récompensé par le sous-secrétariat de gouvernement région côtière) et son successeur, José Cinco Ley.

Nous n’avons rien à négocier, nous voulons dire clairement que nos mobilisations et nos efforts sont dédiés à la libre détermination des villages et à [leur] autonomie, à la libération de nos compañeros des communautés de Bachajón et Mitzitón, prisonniers politiques ; pour la liberté de tous les prisonniers de conscience de l’État du Chiapas, pour la fin des agressions contre les adhérents de l’Autre Campagne et contre les communautés zapatistes.

Au final, nous adressons ici nos chaleureux remerciements pour le soutien donné par tant de gens modestes et simples du monde entier et de tout le pays qui ont tourné leur regard ces derniers jours vers ce petit endroit de la côte Pacifique. Aux organisations et collectifs frères, qui ont tout fait de leur côté et que nous savons attentifs, nous disons que nous cheminons ensemble vers la construction de nouvelles manières de construire une vie digne, libre et autonome.

Liberté immédiate pour tous les prisonniers politiques au Chiapas !
Halte à la répression du gouvernement du Chiapas contre les défenseurs des droits de l’homme !
Respect des communautés zapatistes !
Jugement pour les paramilitaires de Mitzitón !
Respect des villages de Bachajón !
Respect de la libre détermination des villages et de l’autonomie !

Conseil autonome régional de la zone cotière du Chiapas

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