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Contre les mensonges répandus par Televisa et TV Azteca, voici la voix des habitants d’Atenco

Front communal en défense de la terre (FPDT)

lundi 8 mai 2006, par FPDT

Compañeros, nous vous envoyons notre premier tract, qui voudrait s’adresser à toutes les personnes qui ont été victimes de la bombe médiatique lancée contre nous. Il s’agit pour nous de commencer à inverser ce véritable lynchage médiatique propagé par le gouvernement et par ses moyens de communication.

Veuillez reproduire et diffuser ce tract. Des organisations sociales ont monté une commission d’information et de propagande qui nous aide aussi et lundi 8 mai des tracts seront imprimés dans la faculté des sciences, à partir de 10 heures, dans les ateliers du CGH. Le CLETA est également en mesure d’en imprimer. Les moyens de communication alternatifs feront circuler ce document partout où ils le pourront, mais nous avons besoin de pouvoir diffuser ce tract dans les autres États mexicains et si possible dans d’autres pays.

Merci.

Peuple du Mexique, jusqu’à présent vous n’avez fait qu’entendre les mensonges répandus contre nous par Televisa, par TV Azteca et par tous les autres moyens de (dés)information. Nous vous demandons d’écouter maintenant la voix des habitants d’Atenco :

Il faut stopper ce gouvernement traître, menteur, corrompu et assassin. Si nous ne le faisons pas nous, ceux d’en bas, personne ne le fera.

Dans l’État de Coahuila, les corps de 65 mineurs reposent dans la mine de Pasta de Conchos, ensevelis par l’oubli. Leur mort est le résultat de la négligence du gouvernement et des caciques syndicaux, mais aussi des conditions inhumaines dans lesquelles ils doivent faire leur travail, des conditions que subissent aujourd’hui des millions d’ouvriers dans tout le Mexique.

Après avoir commis un tel crime, le gouvernement PAN de Fox et le gouvernement PRD de Lázaro Cárdenas Batel au Michoacán ont fait assassiner par leur police en armes deux autres mineurs de Sicartsa, peut-être plus. Dans le port de Lázaro Cárdenas, ils ont aussi blessé par balles un bien plus grand nombre de travailleurs, qui sont des centaines à mener depuis des années une lutte acharnée pour obtenir la démocratisation de leur syndicat et pour la défense des droits de tous les Mexicains. Ils doivent se battre contre les intérêts des faux « leaders des mineurs », les caciques Napoleón Gómez Urrutía et Elias Morales, qui luttent l’un contre l’autre au profit de leur mafia respective et non pas pour les mineurs.

Ces agressions ne faisaient qu’annoncer la guerre menée par le pouvoir contre tous ceux qui refusent de courber la tête, dans tout le Mexique, et qui défendent avec fermeté le peu qui nous reste après le pillage capitaliste.

La brutalité policière, les agressions, les coups, le lynchage médiatique perpétré par les médias à la solde des puissants, la prison et l’assassinat dont les membres du Front communal en défense de la terre ont été victimes font partie de cette guerre que le gouvernement a mène de façon impitoyable à l’encontre du peuple et des organisations sociales qui résistent, dans le but de nous déposséder du moindre de nos droits et de nous arracher les ressources naturelles de notre pays, ce qui signifie pour ceux d’en bas comme nous toujours plus de travailleurs à la rue, toujours plus d’élèves sans écoles, toujours plus de personnes obligées d’émigrer aux États-Unis. Tout ça pour qu’une poignée de magnats, de corrompus et de voleurs puissent s’engraisser.

Après la violente irruption et occupation politico-militaire de notre ville, ceux d’en haut tentent - comme on pouvait s’y attendre - de masquer leur responsabilité, avec l’écran de fumée créé par les médias à leurs bottes. Ils voudraient cacher la sauvagerie avec laquelle l’armée a traité les enfants, les femmes et les vieillards d’Atenco. Ils voudraient que personne ne sache comment ils ont assassiné d’un coup de fusil un adolescent de quatorze ans et maintenant ils veulent faire croire que ce sont des membres du FPDT qui l’ont fait, alors que tout le monde sait que nous n’avons jamais utilisé d’armes à feu pour nous défendre. Ils voudraient empêcher que les gens sachent que plusieurs policiers, des imbéciles et des bêtes enragées, ont violé les femmes qu’ils avaient arrêtées et fracassé le crâne à un étudiant. C’est tout juste si les moyens de (dés)information montrent des images des féroces perquisitions effectuées chez les habitants d’Atenco ou l’incroyable brutalité avec laquelle les militaires de la PFP et la police de l’État ont matraqué de simples passants, quand ils ont fait leur entrée dans la ville. Ceux d’en haut préfèrent occulter le fait qu’outre les prisonniers politiques, il y a déjà plus de deux cents personnes disparues : nous savons que la police les a embarquées mais elles restent introuvables, elles ne sont ni dans les maisons d’arrêt ni dans les hôpitaux.

L’État et son appareil répressif, et tous les médias qui leur lèchent les bottes, ont les mains tachées du sang du peuple et rien ne pourra laver le sang versé. Leurs chaînes de télé peuvent bien passer et repasser mille fois les deux mêmes séquences - car ce sont les seules - où l’on voit des paysans frapper des policiers, la vérité saura se faire connaître et la justice se chargera des véritables responsables, de ces criminels et assassins du peuple.

Quel crime ont donc commis des habitants qui cherchaient seulement à vendre des fleurs ? Pourquoi ont-ils subi une telle répression ? Que feriez-vous si on vous frappait, si on vous tirait dessus, si on violait vos sœurs et votre mère et si on emprisonnait vos enfants, simplement parce que vous vouliez travailler pour nourrir votre famille ? Vous resteriez les bras croisés en acceptant un tel abus contre vos êtres chers ? Les habitants d’Atenco, NON ! Au lieu de ne rien faire, nous avons décidé de recourir à la légitime défense, un droit que tout le monde possède face à une agression despotique et injuste comme celle que nous avons subie.

Mais la spoliation et la répression exécutée par ceux d’en haut n’affectent pas seulement les habitants d’Atenco. Elles s’exercent contre l’ensemble du peuple mexicain, qui est constamment pillé, relégué dans la misère et victime d’exclusion. C’est pourquoi chacun doit choisir son camp dans cette lutte. Quand on ne peut accéder qu’aux canaux officiels d’information, il est compréhensible d’avoir des doutes et d’être indécis. Mais on peut toujours recourir au bon sens : à Atenco, comme dans beaucoup d’autres conflits, il y a d’un côté la police, les militaires de la PFP, les « intellectuels » inféodés au système, Vicente Fox, Madrazo, Calderón, López Obrador et tous leurs partis politiques, et de l’autre, il y a les paysans, les étudiants, les familles des prisonniers, les organisations populaires...

Dans quel camp êtes-vous ? La ligne qui nous sépare, ce sont eux qui l’ont créée avec leur corruption, avec leurs vols et avec leur répression. C’est à nous tous et à chacun de choisir le camp que nous allons rejoindre.

Ne laissez pas les « actualités » vous boucher les yeux : on y prétend que les événements d’Atenco obéissent à des « intérêts obscurs ». Rien n’est plus faux. Notre résistance n’obéit à aucun intérêt obscur, mais à la conviction transparente de défendre nos droits, notre terre, notre travail, pour Atenco et pour le Mexique tout entier, aux côtés des organisations sœurs qui luttent pour ces exigences fondamentales.

Si on veut trouver des intérêts obscurs, c’est du côté des mafias des partis qu’il faut chercher, chez ceux du gouvernement de Vicente Fox et de Peña Nieto ou dans les municipalités aux mains du PRD comme celles d’Atenco et de Texcoco, qui ont provoqué ce conflit et n’ont pas la moindre intention d’y apporter une solution.

Il est fort possible que cela soit dû à leur rancœur, à leur malaise, à la fureur qu’ils ont dû ravaler depuis 2001 parce qu’ils n’ont pas pu vaincre notre petite et humble Atenco et ses paysans rebelles qui les ont empêchés plus d’une fois de commettre leurs incessants vols, leurs fraudes et leur pillage, à commencer par leur méga-projet d’aéroport, qui a été retiré grâce à l’efficacité et à la force des habitants organisés.

Nous voulons que vous compreniez et que vous partagiez notre indignation. Nous n’avons personne d’autre à qui recourir à part vous, à part notre peuple. Nous avons besoin de vos bras et de votre voix, il y a plus de 200 personnes emprisonnées, certaines hospitalisées en état d’arrestation, et de personnes disparues, de différentes communautés et organisations. Ce n’est qu’avec votre aide que nous pourrons obtenir de ce gouvernement de geôliers et de violeurs la libération de nos camarades.

Terre, liberté, travail, santé, éducation et logement pour tout le monde, c’est cela et rien d’autre que nous défendons. Voilà quels sont nos intérêts et aucun autre. C’est pour cela que le peuple tout entier doit s’unir et se battre, être solidaire des siens, ceux d’en bas.

Liberté pour tous nos prisonniers politiques !
Présentation immédiate et en bonne santé des personnes disparues !
Toutes les forces de répression doivent quitter immédiatement San Salvador Atenco !
Fin immédiate de la répression, des perquisitions et des arrestations !

Front communal en défense de la terre de San Salvador Atenco,
organisations, collectifs et peuples solidaires de cette lutte

Traduit par Angel Caído.

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