Aux médias honnêtes,
Aux organisations sociales,
Aux peuples indigènes du Mexique,
À La Otra Campaña,
Compañeras, compañeros, une fois de plus le sang de notre peuple devient le butin de ceux qui, en leur infinie avarice, n’ont rien à faire de la douleur du fils, de la sœur, de la mère, de l’épouse, du moment qu’ils réalisent leurs ambitions.
Hier s’est réalisé ce que nous avions dénoncé d’avance : un nouveau massacre sur nos terres, qui endeuille et emplit de douleur trois foyers d’hommes et de femmes dignes, qui le 1er janvier 2007 [1] ont décidé de cesser d’être des numéros dans une organisation clientéliste dont les dirigeants sont les soutiers des mauvais gouvernements et des riches de ce pays, uniquement préoccupés de piller les richesses naturelles de nos peuples.
Parce que c’est cela, et seulement cela, que le MULT n’a jamais pardonné à notre mouvement : avoir rendu la parole à notre peuple pour décider de son propre destin avec la dignité que nous, les Triquis, nous avons par nature. Ils pourront bien prendre leurs distances de leur bouche pleine de mensonges, la réalité, c’est que depuis que nous nous sommes séparés du MULT et de l’Ubisort, beaucoup de nos frères sont morts de leur main criminelle, parce que ce sont eux et seulement eux qui ont toujours été derrière les attaques contre notre projet d’autonomie. Ce sont eux qui ont détourné le nom de l’Ubisort pour, en compagnie de quelques criminels, attaquer sans pitié San Juan Copala et déplacer le village tout entier, ce sont eux qui aujourd’hui occupent notre communauté et nos maisons, et ce sont eux qui, avec la complicité de quelques fonctionnaires du gouvernement, veulent faire croire qu’à San Juan Copala tout est calme et qu’on peut y vivre en toute tranquillité, ce sont eux qui ont pris sous leur protection Toño Pájaro et sa bande de criminels pour les couvrir d’impunité.
Cette action lâche et criminelle était en préparation depuis plusieurs jours au travers des mensonges que ces criminels avaient diffusés dans quelques médias, où ils accusaient notre organisation d’avoir attaqué à l’arme à feu la communauté de La Cienaguilla. Par cette perverse campagne de diffamation, ils ne faisaient que préparer les conditions pour massacrer nos frères, et continuer à jouir de l’impunité que leur offre le gouvernement de l’État. Car nous voulons établir clairement que, bien qu’il existe des mandats d’arrêt contre les assassins de notre peuple, ils ne sont pas exécutés parce que le pouvoir de la direction du MULT est supérieur au gouvernement de l’État ; c’est pour cela qu’ils ont la permission de massacrer impunément, et encore qu’ils sont récompensés avec des petits bons de 50 millions de pesos accordés par le gouverneur lui-même, argent dont leur base sociale n’arrive jamais à voir la couleur. C’est tellement vrai que, malgré le temps que cette organisation, dirigée par des gens étrangers à notre culture et à notre histoire, a passé au pouvoir, les villages triquis sont de plus en plus exploités et de plus en plus pillés, alors que la bourse de ces dirigeants est tous les jours plus renflée.
Hier, à 5 heures de l’après-midi, nos frères Álvaro Jacinto Cruz, Francisco Ramírez Moreno, José Luis Ramírez, âgés respectivement de dix-huit, trente-sept et trente-huit ans, ont été victimes de l’impunité que ce gouvernement du changement a permise dans la région triqui basse. Avec aussi, bien sûr, la complicité de certains éminents fonctionnaires, du PRI et de députés, de maires ou de secrétaires du gouvernement de l’État, nos compañeros ont été attaqués lâchement avec des armes de gros calibre ; ils sont morts sur la déviation de San Pedro Chayuco, à cinq minutes d’Agua Fría Copala, alors qu’ils allaient acheter quelques produits d’épicerie.
C’est pour cela, compañeras, compañeros, que nous faisons appel à la solidarité de tous ceux qui ont le cœur bon pour nous soutenir dans notre exigence de justice et nous accompagner sur ce long chemin que nous, les Triquis, nous sommes prêts à parcourir jusqu’à obtenir la paix dans la justice et la dignité que méritent les peuples originaires de ce pays. En même temps, nous vous demandons votre soutien pour pouvoir enterrer dignement nos frères, puisque, comme on le sait, nous sommes un mouvement indépendant qui ne reçoit pas de petits bons et ne s’assied pas avec la secrétaire du gouvernement pour quémander des aumônes.
Assez d’impunité !
Le 6 août 2011.
Respectueusement,
Conseil autonome communautaire de San Juan Copala
Traduit par el Viejo.