Conseil de bon gouvernement
Corazón Céntrico de los Zapatistas delante del Mundo
Snail Tzobombail Yu’un Lekil J’amteletik Ta O’lol
Yo’on Zapatista Ta Stuk’il Sat Yelob Sjunul Balumil
Le 7 octobre 2008.
Aux adhérentes et aux adhérents de l’Autre Campagne,
À la Zezta internationale,
Au Centre des droits de l’homme Frayba,
Aux autres organismes indépendants de protection des droits humains,
Aux moyens de communication alternatifs,
Aux peuples en lutte,
Compañeros et compañeras,
Nous, Conseil autonome rebelle zapatiste Magdalena de La Paz et le Conseil de bon gouvernement « Corazón Céntrico de los Zapatistas delante del Mundo » (Cœur central des zapatistes devant le monde), zone des Altos de Chiapas, siégeant à Oventik, portons à votre connaissance les informations les plus récentes dont nous disposons concernant la tentative de spoliation d’une partie du territoire appartenant à la communauté Aldama et de la tentative de division dans le but de provoquer des affrontements effectuées par les mauvais gouvernants à l’encontre des indigènes d’Aldama et de la communauté de Santa Marta, dans le cadre de leur stratégie de contre-insurrection et d’anéantissement des peuples autochtones.
À savoir :
Premièrement. Le 25 septembre dernier, une « audience de conciliation » est censée avoir eu lieu, dont le compte rendu rédigé établirait sept prétendus « accords » avec lesquels on voudrait nous faire croire que l’on aurait déjà rendu justice et ainsi résolu le conflit portant sur 30 hectares de terres opposant Aldama et Santa Marta à cause de nouveaux plans définitifs tracés par le programme Procede. Rien n’est plus faux et nous, les zapatistes, nous avons percé à jour ce genre de manœuvre depuis des années et nous ne sommes pas comme les affiliés aux PRI, qui se laissent facilement duper.
Cette prétendue « audience de conciliation », cette tromperie donc, a été organisée par les agents du mauvais gouvernement PRD de Juan Sabines, en l’occurrence Juan González Esponda et José Bernardo Magdalena Velasco, ainsi que par les agents du mauvais gouvernement fédéral du PAN de Felipe Calderón chargés de diviser les communautés indigènes avec leur programme Procede renommé Fanal, en l’occurrence les fonctionnaires du tribunal agraire, dans le cas et la région qui nous concerne, sous la direction de l’ingénieur Rufino Rosales.
Cette prétendue issue donnée au conflit n’a d’autre but que de manipuler nos frères appartenant au PRI, les habitants d’Aldama comme ceux de Santa Marta, tandis que les manœuvres fallacieuses des mauvais gouvernants veulent maintenir sous leur contrôle et sous leurs ordres nos frères commissaires des biens communaux de ces deux communautés ainsi que les 84 affiliés au PRI d’Aldama directement affectés par la spoliation de leurs terres. Le tout, avec la complicité des présidents des conseils municipaux de Chenalhó et d’Aldama.
Deuxièmement. Dans cette prétendue « audience de conciliation », le mauvais gouvernement qualifie les travailleurs comuneros d’Aldama de « propriétaires » des 30 hectares disputés et non de ce qu’ils sont, c’est-à-dire les légitimes possédants de ces terres : c’est précisément en cela que réside le piège et l’origine de la tromperie parce qu’on fait d’eux des personnes qui ont occupé une terre qui appartiendrait selon les autorités à Santa Marta. C’est un mensonge énorme car cette terre appartient à Aldama et qu’il en est ainsi depuis bien avant qu’Aldama porte ce nom, depuis bien avant qu’Aldama se soit appelée Santa María Magdalena, depuis bien avant qu’elle ait porté quelque nom que ce soit en castilla, la langue imposée par les envahisseurs espagnols. Cette terre fait partie du territoire des habitants de ce qui s’appelle aujourd’hui Aldama depuis des temps ancestraux.
L’enjeu de toute cette tromperie est de provoquer affrontement entre ces deux communautés. Aldama et Santa Marta ont toujours su être d’accord sur leurs limites territoriales et ont même signé en plusieurs occasions des arrêtés dans lesquels elles ratifiaient le respect de leurs territoires respectifs.
Troisièmement. Les biens communaux d’Aldama comme ceux de Santa Marta font partie du territoire de la Commune autonome rebelle zapatiste Magdalena de La Paz, qui dépend à son tour du Caracol II « Résistance et rébellion pour l’humanité », aussi tout ce qui gruge et affecte des membres des bases de soutien de l’EZLN va-t-il à l’encontre de nos peuples et de notre lutte et exige-t-il de nous que nous agissions pour les défendre.
Pour nous, les zapatistes, il ne s’agit pas d’une simple coïncidence quand le mauvais gouvernement effectue sur nos territoires des actions qui suscitent des divisions comme celles que provoque le Procede. Ce n’est pas nouveau pour nous de voir que, bien loin de chercher à résoudre un problème, il cherche à le faire empirer, pas plus qu’il nous semble étrange que le gouvernement fédéral, le gouvernement chiapanèque et les autorités municipales se mettent d’accord pour nous attaquer.
Nous tenons à rappeler de façon très claire que notre Armée zapatiste de libération nationale a courageusement déclaré la guerre au mauvais gouvernement en prenant la parole pour crier basta contre ce mensonge criminel qui voudrait nous assassiner en tant que peuples ou, pire encore, qui voudrait que des frères indigènes s’entretuent, croyant que de cette manière il garderait les mains propres. Mais ça ne marchera pas. C’est pourquoi nous prenons les devants aujourd’hui, pendant qu’il en est encore temps, pour faire connaître à la communauté nationale et internationale les agissements du mauvais gouvernement pour provoquer des affrontements.
Quatrièmement. Nous, zapatistes de la Commune autonome rebelle zapatiste Magdalena de La Paz, en représentation de nos 31 compañeros zapatistes menacés d’être spoliés de leurs terres, manifestons notre rejet de tout accord établi dans le cadre de cette prétendue « audience de conciliation » que nous avons déjà mentionnée, en vertu de quoi nous avertissons qui de droit que :
1. Nous ne débourserons pas un centime pour couvrir les frais du commissaire de Santa Marta ou du sieur Manuel Utrilla ou comme on voudra le nommer. Parce que nous sommes des comuneros d’Aldama et que c’est exclusivement dans ce cadre que nous collaborons aux frais de nos commissaires des biens communaux.2. Nous ne procéderons pas au nettoyage des rues avoisinantes du polygone de Santa Marta, parce que ce n’est pas notre territoire. Par contre, nous continuerons à le faire, comme toujours, à la demande de nos commissaires des biens communaux, sur le polygone du territoire d’Aldama, commune à laquelle nous appartenons.
3. Nous ne participerons pas aux assemblées de Santa Marta, nous continuerons bien entendu à participer aux assemblées d’Aldama, notre communauté.
4. Nous ne débourserons pas un centime et encore moins mille pesos, comme on le voudrait, pour devenir comuneros de Santa Marta, pour la bonne et simple raison que nous ne sommes pas intéressés à devenir membre de cette communauté, attendu que nous appartenons au village tzotzil d’Aldama.
5. En qualité de représentants de nos 31 compañeros des bases de soutien de l’EZLN devant l’assemblée de Santa Marta, nous ne reconnaissons aucune autorité en cette matière aux commissaires des biens communaux d’Aldama et ne reconnaissons aucun accord signé par eux aujourd’hui comme dans le futur, étant donné qu’il n’ont pas l’esprit très clairs dans cette affaire. Pour tout le reste, pour l’heure nous continuons à les reconnaître comme nos représentants, attendu que nous sommes comuneros d’Aldama.
Cinquièmement. Les terres dont il est question appartiennent aux 115 comuneros d’Aldama, aux 84 affiliés au PRI et aux 31 membres des bases de soutien de l’EZLN, les 30 hectares mentionnés faisant partie du territoire qu’était ancestralement ce qui est connu aujourd’hui sous le nom d’Aldama, et nous sommes disposés à nous battre pour qu’il continue d’en être ainsi.
Si le mauvais gouvernement veut voir le sang couler sans être éclaboussé, c’est trop tard parce que nous avons déjà révélé à la face du monde que Felipe Calderón et Juan Sabines sont totalement impliqués dans ce plan de contre-insurrection visant à faire s’affronter les peuples indigènes d’Aldama et de Santa Marta.
En vertu de tout ce qui précède, nous vous demandons de rester attentifs aux développements de ce problème, afin de pouvoir au besoin effectuer les actions de soutien et de défense que vous jugerez nécessaires.
Salutations.
Le Conseil autonome de Magdalena de La Paz,
Martín Pérez Hernández,
président du conseil
Manuel Santiz Hernández,
syndic municipal
Gilberto Pérez Gómez,
juge municipal autonome
Salvador Santiz Jiménez,
représentant des personnes affectées
Manuel Hernández Santiz,
représentant des personnes affectées
Mariano Hernández Santiz,
représentant des personnes affectées
Pour le Conseil de bon gouvernement de la zone des Altos,
Rosalinda Gómez López
Carlos Pérez Díaz
Juvencia Pérez Santiz
Reinaldo Pérez Paciencia
Traduit par Ángel Caído.