Le Codeci exige la justice pour Catarino.
Nous lutterons avec ténacité pour l’obtenir.
Vendredi dernier, 22 octobre 2010, deux balles, aussi lâches que l’a toujours été l’intimidation violente du pouvoir de l’État d’Oaxaca, ont cinglé les terres de la Cuenca oaxaquègne, pinçant en même temps des milliers de cœurs de cette région et d’autres parties du pays. Ces balles ont tenté de brider les luttes et les rêves de Catarino Torres Pereda, et ont fini par lui arracher la vie.
En tant que projet en cours de construction nationale, le Comité de défense citoyenne, encore sous le coup de la stupeur et de la rage, fait appel aujourd’hui à la dignité que nous nous sommes forgée, malgré la persécution incessante et les coups officiels que nous subissons depuis 1998.
C’est avec cette rage digne que nous condamnons le lâche crime contre notre frère, l’inoubliable Catarino Torres, que nous refusons le grave état de choses dans lequel ils veulent nous plonger et étouffer les dirigeants politiques d’Oaxaca et du pays. Face à cela, nous nous sommes réunis pleins de douleur devant le cadavre de notre dirigeant historique et moral, car à partir d’aujourd’hui nous assumons son héritage comme le symbole et la motivation de la lutte que nous tous, des dizaines de dirigeants communautaires et régionaux des États où le Codeci a travaillé ces dernières années, devrons poursuivre. Nous avons décidé de condamner cet acte.
Nous lançons un énergique appel à l’État mexicain à arrêter la violence politique, la persécution à allures de sale guerre dans l’État d’Oaxaca, et le terrorisme officiel contre la dissidence politique, produits des batailles féroces et sanglantes pour le pouvoir politique dans notre État et dans le pays.
Ainsi, nous annonçons que nous allons donner toute leur dignité aux paroles et aux luttes de notre compañero Catarino dans sa démarche de rébellion joyeuse, si pleine d’initiatives civiles et d’action radicale. Nous poursuivrons ses rêves de justice, de liberté et de démocratie à partir de la libre détermination communautaire.
Nous exigeons que le ministère de la Justice de la République se charge de cette affaire le plus vite possible, que se fasse immédiatement la justice et que s’établissent les bases pour en finir avec tant d’impunité qui nous maintient, tant les organisations sociales et populaires que la société dans son ensemble, dans un état permanent d’angoisse.
Nous dénonçons cette mort comme un crime politique, car il ne peut exister d’autre mobile. Le prouvent les incessantes menaces et l’incessante persécution politique dont Catarino en particulier a été la cible au cours des douze dernières années, parce qu’il était à la tête d’innombrables luttes pour la terre, pour la justice, et pour la construction d’un projet d’organisation alternative au (dés)ordre social en vigueur.
Nous remercions pour leurs marques de solidarité les groupes, les personnes, les journalistes, les universitaires et les organisations qui nous ont apporté leurs paroles et leur soutien moral, ratifiant ainsi notre travail incessant pour obtenir justice pour notre compañero et justice pour Oaxaca.
Avec rage et dignité !
Comité de défense citoyenne (Codeci)
Lundi 26 octobre 2010
Tuxtepec, Oaxaca.
Traduit par el Viejo.