Communiqué du Comité clandestin révolutionnaire indigène
Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale
Mexique.
Avril 2011.
« Un habitant de Los Pinos [1] contemple un crime atroce,
S’en désintéresse pendant un an,
Change de place les meubles qui
Jouent les ministres ou les hauts fonctionnaires
Et se réfugie dans un coupable silence,
L’insensible, dans son désir de garder
Le fauteuil qui le rehausse.Qu’allons-nous lui donner, docteur ?
Et notre enfant médecin des âmes prescrit :
Un corset de dignité qui lui redresse le dos,
Des gouttes de vérité pour les yeux,
Des comprimés d’honnêteté (mais pas pour les mettre dans sa poche),
Des piqûres de cette dignité qui ne s’achète pas avec de l’argent
Et le repos absolu de ses habitudes corrompues.Mettez-le à l’isolement, sa maladie est contagieuse. »
Juan Carlos Mijangos Noh
(extrait de « 49 ballons », à la mémoire des 49 enfants
morts à la garderie ABC de Hermosillo, Sonora)
Au peuple du Mexique
Aux peuples du monde
Aux adhérents à la Sexta Declaración de la selva Lacandona et à La Otra Campaña au Mexique
Aux adhérents à la Zezta internationale
Sœurs et frères,
Compañeras et compañeros,
La campagne militaire psychotique de Felipe Calderón Hinojosa, qui a transformé la lutte contre le crime en argument totalitaire pour généraliser, avec préméditation, la peur dans tout le pays, affronte à présent les voix dignes et organisées des familles de victimes de cette guerre.
Ces voix qui surgissent de différents coins de notre pays nous appellent à nous mobiliser et à manifester pour arrêter la folie organisée et désorganisée qui est en train de faucher des vies innocentes, assassinées une deuxième fois quand elles sont appelées par la sottise gouvernementale « tueurs à gages » ou « victimes collatérales ».
Répondant à cet appel qui naît, entre autres, de la douleur du compañero poète Javier Sicilia, l’EZLN communique ce qui suit :
Premièrement. Les bases de soutien de l’EZLN marcheront en silence dans la ville de San Cristóbal de Las Casas (Chiapas), le 7 mai 2011, pour saluer et soutenir la digne voix qui réclame la justice. Le cortège zapatiste partira, dans l’après-midi, de la rue face au Cideci, à San Cristóbal de Las Casas, et marchera jusqu’à la place de la Paix, devant la cathédrale. En arrivant à la place sera lu un message de l’EZLN et ensuite les zapatistes retourneront à leurs communautés.
Deuxièmement. Suivant l’appel de la Marche nationale pour la justice et contre l’impunité, nous appelons nos compañer@s de La Otra Campaña au Mexique et dans le monde, les individu-e-s, groupes, collectifs, organisations, mouvements et peuples originaires adhérents à la Sexta Declaración de la selva Lacandona à se joindre, dans la mesure de leurs possibilités et des conditions qui sont les leurs, à la juste demande de cette marche nationale, soit en accompagnant la marche centrale qui part de la ville de Cuernavaca (Morelos) le 5 mai 2011, soit dans la ville de Mexico le 8 mai 2011, soit entre le 5 et le 8 mai dans leurs localités respectives, par des marches silencieuses avec banderoles et pancartes, par des meetings, par des manifestations culturelles, etc., avec les mots d’ordre suivants :
Assez de sang !
(où chacun complètera la phrase avec ses revendications particulières).
Troisièmement. Nous lançons un appel particulier à nos compañer@s de La Otra au Chiapas à manifester, en silence, à nos côtés le 7 mai 2011, et à se réunir au Cideci, à San Cristóbal de Las Casas (Chiapas) à midi, pour marcher de là à la place de la Paix.
Quatrièmement. Nous appelons nos compañer@s de la Zezta internationale à soutenir, depuis leurs géographies et calendriers respectifs, cette demande d’arrêt du bain de sang qui a lieu sur les terres mexicaines et de justice pour les victimes.
Cinquièmement. Nous appelons également les peuples originaires du Mexique, regroupés dans le Congrès national indigène, à soutenir cette lutte pour mettre fin au cauchemar de sang qui baigne nos terres.
Sixièmement. Répondant à l’exhortation à nommer les victimes de cette guerre, nous nommons les personnes assassinées par un groupe criminel à Villas de Salvárcar (Ciudad Juárez, Chihuahua) à la fin janvier 2010 et qui attendent justice :
Marcos Piña Dávila
José Luis Piña Dávila
Rodrigo Cadena Dávila
Juan Carlos Medrano
Horacio Alberto Soto Camargo
José Luis Aguilar Camargo
Yomira Aurora Delgado
Brenda Ivonne Escamilla
José Adrian Encino Hernández
Edgar Martínez Díaz
Jesús Enríquez
Jesús Armando Segovia Ortiz
Carlos Lucio Moreno
Eduardo Becerra
Jaime Rosales
Démocratie ! Liberté ! Justice !
Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain,
pour le Comité clandestin révolutionnaire indigène
Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale,
sous-commandant insurgé Marcos
Mexique, avril 2011.
Traduit par el Viejo.