Aux peuples indigènes du Mexique et du monde,
Aux communicateurs et aux médias,
À l’opinion publique nationale et internationale,
Aux organismes de droits humains nationaux et internationaux
Au mouvement social, aux organisations démocratiques, au peuple du Mexique et du monde,
À l’Autre Campagne,
Aux femmes et aux hommes qui rêvent de lendemains meilleurs et d’un monde différent,
Les communautés, quartiers et personnes qui forment la Commune autonome de San Juan Copala ont subi durant les derniers mois une escalade d’assauts violents contre nous ; les gens qui sont engagés dans ce projet ont résisté vaillamment, et les personnes [extérieures] qui ont confiance en notre destin en tant que peuple indigène ont pris des risques à nos côtés pour le défendre quel qu’en soit le prix.
Un clair exemple de cela a été la déplorable perte de Bety Cariño et Jyri Jaakkola dans l’attaque armée du 27 avril contre la caravane humanitaire ; ils ont exposé leurs propres vies pour pouvoir informer le monde des conditions infra-humaines dans lesquelles vivent les habitants de San Juan Copala, assiégés militairement par un groupe paramilitaire qui guette nuit et jour nos compañeras et compañeros.
C’est parce que le monde doit connaître ces conditions et la complicité des autorités du gouvernement d’Oaxaca avec ce groupe paramilitaire, que nous lançons à nouveau un appel à la communauté nationale et internationale, à tous les pays du monde, pour rompre une bonne fois l’encerclement paramilitaire dans lequel vivent plus de 70 familles qui se trouvent dans des conditions inhumaines et de violation permanente de leurs droits à l’exercice de leurs propres formes d’organisation sociale, politique et culturelle et au plein exercice de leur vie communautaire.
Parce que le silence ne peut être imposé par le bruit des armes, nous invitons à constituer la Caravane humanitaire "Bety Cariño et Jyri Jaakkola", qui se réalisera le 8 juin 2010, en rectifiant pour tout le monde que cela ne se fera pas le 30 mai comme cela a été publié dans quelques médias, car il faut chercher et assurer l’approvisionnement en vivres suffisant pour ces familles pour plusieurs semaines encore, et surtout pour obtenir les conditions de sécurité indispensables à sa réalisation sans mettre en danger aucune des personnes qui décideront de nous accompagner.
Les conditions humanitaires sont extrêmes, aussi les gens n’en peuvent plus, sans eau, sans électricité, sans nourriture. Les familles ont besoin de notre soutien et de notre solidarité, c’est pourquoi nous demandons que se coordonnent les organisations de droits humains nationales et internationales et qu’elles se joignent à la convocation initiale, et nous demandons au Centre de droits humains "Bartolomé Carrasco" (BARCA) d’Oaxaca de coordonner l’ensemble. Nous demandons en particulier l’intégration du Réseau national d’organismes civils de droits humains "Tous les droits pour tous et toutes", du Centre de droits humains Miguel Agustín Pro Juárez et du Centre national de communication sociale, pour qu’ensemble ils puissent assurer la couverture de la caravane et mener à bon port cette mission humanitaire.
Nous lançons aussi un appel à la Croix-Rouge internationale, à Amnesty International, aux Brigades internationales pour la paix et au bureau au Mexique de la haute-commissaire pour les Droits humains de l’ONU à se joindre dans la mesure de leurs possibilités à cette caravane.
Aux médias nationaux et internationaux engagés pour la vérité à établir et vérifier la réalité de San Juan Copala, pour qu’ils racontent au monde comment vivent les exploités du Mexique et d’Oaxaca, pour qu’ils voient de leurs propres yeux les conditions inhumaines dont Bety Cariño et Jyri Jaakkola ont voulu rapporter le témoignage, ce qui leur a coûté la vie.
L’intégrité et la sécurité de tous ceux et toutes celles qui accompagneront cette caravane est uniquement de la responsabilité de l’État mexicain dans son ensemble, les droits protégés dans notre Constitution et dans les traités internationaux ne peuvent être limités par des groupes paramilitaires ou des gouvernements corrompus.
La Caravane humanitaire "Bety Cariño et Jyri Jaakkola" parviendra à rompre l’encerclement paramilitaire et à sauver la vie à plus de 70 familles qui actuellement survivent dans des conditions inhumaines.
Parce que les droits du peuple triqui ne sont sous le contrôle d’aucun groupe paramilitaire !
Parce qu’on n’obtient la paix et la justice qu’en les construisant d’en bas !
Tous et toutes à San Juan Copala le 8 juin prochain !
Autorités de la Commune autonome de San Juan Copala
Traduit par el Viejo.