Le 5 mai 2008, une caravane de femmes, d’hommes et de jeunes du mouvement social de l’Oaxaca a quitté la ville d’Oaxaca pour se rendre dans cinq communautés de la région de l’isthme de Tehuantepec — Jalapa del Marquez, San Blas Atempa, Juchitan de Zaragoza, Zanatepec et Benito Juárez Chimalapas —, ainsi que dans le quartier Yagay, à Tlacolula de Matamoros, dans les Vallées centrales. Le vieux camion jaune et les trois camionnettes déglinguées qui ont abandonné ce matin-là le siège de la Section 22 — en symbole de l’alliance que l’on veut maintenir entre la base des enseignants et les gens du peuple qui participent au mouvement — n’ont guère attiré l’attention de l’opinion publique ou du mouvement social. D’autant plus que ce jour-là, la néfaste Lizbeth Caña Cadeza prononçait une autre de ses édifiantes conférences de presse où, avec son insolence et un incroyable cynisme, elle reconnut publiquement la responsabilité du mauvais gouvernement d’Ulises Ruiz dans les crimes et assassinats impunis, commis par les escadrons de la mort, dont notre mouvement social a été victime.
« Le Sentier du Jaguar, pour la régénération de notre mémoire », nom que porte cette caravane, est le résultat d’un effort collectif de celles et de ceux qui ont participé à la première rencontre de jeunes du mouvement social, à laquelle l’APPO avait appelé lors de sa troisième assemblée générale de l’État d’Oaxaca. C’est de cette rencontre des jeunes, qui a eu lieu en février 2008 dans l’héroïque ville de Zaachila, qu’est issu le projet d’organiser la caravane, dont l’objectif principal est de chercher à réorganiser le mouvement social de l’Oaxaca. Le réorganiser sur la base de l’auto-organisation, en bas, de chaque ville, de chaque cité, de chaque organisation sociale et de chaque collectif, ainsi que dans le respect total de l’autonomie de chacune des communautés et de chacun des groupes organisés et en se basant sur la conscience et sur la réflexion. Une telle proposition de réorganisation est en tout point différente de celle que font actuellement les leaders traditionnels du mouvement, qui disent vouloir le faire, eux aussi, mais d’en haut, à travers la structure bureaucratique du conseil oaxaquègne de l’APPO ; structure bureaucratique qui n’a été dernièrement qu’un boulet pour ce mouvement et le lieu privilégié d’expression des tendances autoritaires et hiérarchiques de certains groupes et organisations qui ne cherchent qu’à imposer leurs propres intérêts au reste du mouvement — par exemple, leurs visées électorales — et à dominer un mouvement social qui est par nature divers, ample et original. Un conseil d’Oaxaca qui est d’ailleurs notoirement ignoré et délaissé par la plus grande partie des gens du peuple et d’en bas, qui sont véritablement ceux qui se mobilisent et qui donnent vie au mouvement social de l’APPO.
L’itinéraire de la caravane comprend des villes et des communautés vivant des réalités sociales et affrontant des problématiques différentes, qui ont cependant en commun de lutter contre les diktats du gouvernement, local ou fédéral, ainsi que contre ceux des groupes économiques les plus puissants de notre pays et du monde. La région de l’Isthme se trouvant en effet au cœur des mégaprojets économiques tels que le Plan Puebla-Panama, ces communautés partagent le délicat privilège d’être exposées en première ligne à l’offensive lancée par le néolibéralisme contre les peuples, dans le but de s’emparer de leurs richesses et d’en finir avec la défense du territoire, de la culture et du droit des peuples à l’autodétermination.
Pour les habitants de Santa Maria Jalapa del Marquez, le 5 mai 2008 représente l’anniversaire des quarante-sept ans de l’engloutissement de leur ville sous les eaux du barrage Benito Juárez, dont la construction a été imposée à la population à coups de menaces et de promesses mensongères. En dépit du traumatisme qu’a signifié pour les habitants être arrachés à la vie paysanne et aux foyers où ils avaient vécu et travaillé pendant des centaines d’années, les anciens paysans jalapanèques ont progressivement réussi, au long des plus de quarante ans écoulés, à recréer leur propre mode de vie près des eaux de ce barrage. Nombre d’entre eux sont devenus pêcheurs, faisant de leur mieux pour cohabiter d’une façon équilibrée avec une nature altérée. Pourtant, en 2003, le mauvais gouvernement a voulu de nouveau leur imposer un projet qui les dépossèderait une fois de plus et les obligerait à changer radicalement leur mode de vie, au nom du progrès et du développement. L’installation d’une centrale hydroélectrique sur le barrage signifierait en effet la fin des pêcheurs de Santa Maria Jalapa del Marquez. Quand les habitants se sont mobilisés pour s’y opposer, le gouvernement de l’Oaxaca a d’abord répondu par la contrainte et a tenté de diviser la communauté : en 2003, le PRI s’est mis à donner des terres pour que les paysans communaux votent pour la centrale hydroélectrique, mais les comuneros ont obtenu une victoire par la voie légale, des études démontrant que le projet n’était pas viable. Le gouvernement de l’Oaxaca et le gouvernement fédéral n’en sont évidemment pas restés là et leur insistance s’est accompagnée de l’établissement d’un dialogue, selon la méthode bien connue de tous et de toutes dans l’Oaxaca, à savoir, par l’envoi de l’armée et des diverses polices pour maintenir la population sous la menace.
C’est cependant la nature qui a su imposer ses raisons, éliminant définitivement la menace d’une centrale hydroélectrique : il n’y a tout simplement pas assez d’eau. Sur place, la caravane a pu constater la baisse dramatique du niveau du barrage Benito Juárez : la retenue ne suffit pas à alimenter la centrale hydroélectrique, mais elle ne permet pas non plus de pouvoir continuer à arroser les basses terres cultivées de Juchitan et de Tehuantepec, entre autres communes appartenant au dix-neuvième district du bassin d’arrosage qui a bénéficié des eaux de ce barrage les quarante dernières années. Par contre, la raffinerie des pétroles Pemex installée à Salina Cruz continue de recevoir rigoureusement les quantités d’eau nécessaires à son fonctionnement, ce qui montre bien les priorités du mauvais gouvernement fédéral et du mauvais gouvernement de l’Oaxaca, qui ne sont évidemment ni les paysans ni l’agriculture. C’est le hurlement de protestation de la Terre-Mère qui est venu remettre les choses à leur place et a donné raison aux paysans qui se sont battus contre ces mégaprojets de développement et de prétendu progrès, démontrant au passage la myopie de certains participants aux luttes de résistance, qui exigent une plus juste répartition des profits tirés de ces projets, c’est-à-dire des miettes. L’expérience de Jalapa prouve, contrairement à ce que soutiennent certains dirigeants, certaines organisations et certains partis politiques, que ce n’est pas pour une dépossession mieux indemnisée que doivent lutter les paysans, mais contre de tels projets et contre le développement lui-même, qui apporte des profits millionnaires aux puissants tandis qu’il n’accorde que des bénéfices ridicules aux populations, avec en outre cette conséquence désastreuse que la nature s’épuisera. Les puissants ont toujours la possibilité de migrer et de continuer à exploiter d’autres terres n’importe où ailleurs dans le monde, appliquant la doctrine impitoyable de la mondialisation, mais les paysans, eux, n’ont qu’une seule terre à défendre et pour laquelle vivre. Pour preuve, le dramatique exemple de Jalapa del Marquez et de son barrage de boue craquelée d’où surgissent, tels des fantômes venus lui rappeler son passé, les vieux murs de ses maisons et de ses églises et les os de ses morts, témoins silencieux d’une escroquerie. C’est la raison pour laquelle les Jalapanèques veulent alerter d’autres populations à qui on veut imposer des projets similaires et les encourager à empêcher qu’il se passe la même chose. Les eaux limpides de ce barrage sont un miroir dans lequel les anciens habitants de Santa Maria Jalapa del Marquez ne veulent pas que d’autres gens se voient reflétés.
Le 6 mai, « le Sentier du jaguar » a poursuivi son chemin jusqu’à l’héroïque San Blas Atempa. La population est courageusement descendue dans la rue pour tenir une assemblée publique avec la caravane et exposer ses problèmes, malgré la répression qu’elle subit et l’assassinat récent d’un des habitants survenu le jour même du premier anniversaire du meurtre d’un autre de leur compañeros, commis par les tueurs à gages d’Agustina Acevedo Gutiérrez — cacique locale, membre du PRI et alliée inconditionnelle d’Ulises Ruiz Ortiz. Les femmes zapotèques de San Blas ont participé massivement à cette assemblée afin de rappeler que l’orgueil et la dignité de la femme zapotèque de l’Isthme ne peuvent être souillés par une femme ambitieuse, une criminelle corrompue comme la cacique Agustina Acevedo. L’assemblée s’est tenue sur la place de cet hôtel de ville qui abrita pendant plus de trois ans la municipalité populaire la plus attaquée et la plus réprimée par le mauvais gouvernement d’Ulises Ruiz, municipalité qui est aujourd’hui tenue par les inconditionnels de ce criminel, mais la réunion a dû brusquement être interrompue à cause de l’apparition menaçante de tueurs armés circulant en camionnette qui mettaient en danger l’intégrité physique des habitants ainsi que des participants de la caravane. Une fois de plus, on constate le climat permanent de répression, de menace et de peur qui règne à San Blas Atempa et dans l’ensemble de l’État d’Oaxaca, un climat qu’entretiennent forcément des gouvernements illégitimes et répudiés par la majorité de la population. Ce qui se passe à Blas Atempa est une reproduction fidèle de ce qui se passe dans l’Oaxaca. C’est aussi la traduction exacte, dans les faits, des discours de paix sociale à laquelle ne cessent de se référer les puissants.
« Le Sentier du Jaguar, pour la régénération de notre mémoire » est ensuite passé par la ville zapotèque de Juchitan de Zaragoza, le 7 mai. Ses terres chaudes et arides sont battues par les vents les plus forts du monde, ce qui n’a pas empêché l’épanouissement et la régénération de la culture originelle des Binni Zaa, Zapotèques de l’isthme de Tehuantepec. En dépit de ces difficiles conditions, c’est là que s’est établie depuis des millénaires la nation zapotèque. Les femmes et les hommes binni zaa ont su, dans leur sagesse, communiquer et atteindre un équilibre respectueux de l’homme et de la femme véritables avec la nature. « Le Sentier du jaguar » s’est réuni avec l’Assemblée pour la défense de la terre et du territoire, qui s’oppose à de puissantes multinationales espagnoles avançant agressivement dans la recolonisation de notre pays, avec la complicité du mauvais gouvernement mexicain, notamment avec le projet du couloir d’énergie éolienne de l’isthme de Tehuantepec. Endesa, Iberdrola, Gamesa, Unión Fenosa, voilà les entreprises multinationales qui, depuis 1994, date de l’installation du premier parc d’éoliennes, La Venta I, composé de 8 générateurs, puis avec celle de La Venta II, qui occupe 850 hectares, se répartissent les terres de l’Isthme au gré de leurs projets de production d’électricité éolienne qu’elles vendent à la CFE, la compagnie mexicaine d’électricité ; la privatisation de l’énergie électrique est donc déjà une réalité au Mexique. Ces entreprises ont essayé et continuent d’essayer d’établir un couloir éolien composé de cinq sites d’un total de 5 000 éoliennes occupant plus de 3 000 hectares de terrains agricoles où destinés à l’élevage, par le biais de contrats trompeurs qui signifient dans la pratique une expropriation pure et simple des terres des paysans acceptant de les louer. Le tout avec l’aide et la complicité du gouvernement fédéral du PAN, du gouvernement de l’Oaxaca du PRI et des municipalités du PRD. Aussi la lutte des comuneros zapotèques de Juchitan consiste-t-elle aujourd’hui surtout à annuler ces contrats, sans oublier cependant d’empêcher la construction d’un nouveau parc d’éoliennes de bien plus grandes dimensions que ceux qui existent. La Venta IV est en effet le projet que l’on voudrait imposer sur 2 300 hectares de terres zapotèques. Face à la résistance des Zapotèques de Juchitan, le gouvernement a répondu selon ses habitudes : il y a donc en ce moment 76 mandats d’arrêt et autres convocations pour enquête délivrés contre les membres de la résistance. Toujours à Juchitan, dans le quartier traditionnel du septième district, le Sentier du jaguar s’est arrêté à Radio Totopo, la radio communautaire qui émet, en zapotèque et espagnol, de ce quartier aux profondes racines zapotèques, pour faire connaître les problèmes que doivent affronter les différentes communautés de l’Isthme. La radio a participé à plusieurs campagnes de résistance, notamment la campagne récente pour s’opposer à l’installation d’un magasin de la chaîne Wal-Mart et d’une de ses succursales, Aurrera. Harcelée par le gouvernement et par les dirigeants d’entreprises qui monopolisent les médias de l’isthme de Tehuantepec, Radio Totopo a quand même tenu bon grâce au soutien inconditionnel des habitants de cette communauté zapotèque. On a pu constater à quel point ce soutien existe quand cette radio a appelé les habitants de la communauté à apporter gracieusement vivres et aliments aux participants de la caravane : leur solidarité ne s’est pas fait attendre et la guelaguetza (la fête, le partage) s’est produite une fois de plus entre gens humbles de l’Oaxaca, comme dans les meilleurs et les plus merveilleux moments de Radio Universidad, en 2006.
Le 8 mai, la caravane est arrivée sur les lieux de sa dernière étape, la communauté Benito Juárez, commune de San Miguel Chimalapa. Sans prétentions exagérées ni démagogie, cette communauté de femmes et d’hommes dignes et courageux mérite le qualificatif de gardiens de la forêt. Depuis sa fondation il y a plus de quarante ans, toute l’histoire de cette communauté est placée sous le signe de la lutte et de la résistance des comuneros du peuple chima pour défendre leur territoire contre les divers gouvernements, les caciques et les éleveurs envahisseurs de l’État du Chiapas. La communauté a été fondée sur des terres communales de San Miguel Chimalapa, mais l’administration du Chiapas a accordée une concession pour y exploiter les bois et la forêt à la compagnie forestière Sánchez Monroy, originaire du Michoacan. Après la longue lutte entamée par douze pionniers du peuple zoque, habitant ancestral de ces terres, ainsi que de plusieurs employés de la scierie locale qui se sont battus à leurs côtés et qui ont dû subsister plus d’un an et demi dans les bois en subissant toutes sortes de vexations et de violences, le gouvernement a finalement reconnu que les comuneros chimas étaient les propriétaires légaux des terres et a ordonné le départ de l’entreprise forestière. Il ne s’agit là que d’un épisode victorieux dans une longue histoire de lutte et de résistance qui a connu plus d’une défaite, car le territoire chimalapa, couvert en majeure partie de bois et de forêts vierges, d’une richesse biologique et d’une beauté incommensurables, et recélant une grande quantité d’eau, a de tout temps fait l’objet de l’ambition et de la convoitise des puissants et des gouvernements, et aujourd’hui encore. Des éleveurs des communes avoisinantes, des grands propriétaires et des hommes politiques — tel le frère de l’ancien gouverneur du Chiapas Absalon Castellanos —, des envahisseurs chiapanèques encouragés par le gouvernement du Chiapas ou des officines gouvernementales chargées de la protection de la nature comme le Profepa et le Semarnat n’ont cessé de vouloir envahir et d’exploiter sans retenue la richesse des Chimalapas et tenté de leur arracher le contrôle et l’entretien de ce territoire. Tout cela n’a fait que renforcer la détermination des Chimas de la communauté Benito Juárez pour résister et supporter les difficiles conditions que leur impose le mauvais gouvernement, en représailles pour la dignité dont ils font preuve. Par exemple, soumis à la chaleur étouffante qui règne dans l’Isthme, cette communauté est privée du simple — et par ailleurs dispensable — bienfait de l’électricité. À ce jour, des milliers d’hectares sont toujours envahis, principalement par des grands propriétaires et des membres d’ejidos soutenus par l’administration du Chiapas par l’intermédiaire de la municipalité de Cintalapa de Figueroa. L’indifférence et la complicité du gouvernement fédéral et de l’administration de l’État d’Oaxaca s’explique parce qu’ils préfèrent que ce territoire d’une grande richesse, appartenant légalement et légitimement à l’État d’Oaxaca et à la commune San Miguel Chimalapa, soit en possession de colons chiapanèques sous le régime de la petite propriété privée et de la propriété d’ejido, ce qui, en vertu des amendements récemment apportés à l’article 27 de la Constitution mexicaine, autorise leur vente et l’accumulation de la terre par très peu de personnes, condition indispensable pour pouvoir entamer tout projet d’exploitation et d’expropriation. Alors même que les Chimas ont proposé aux paysans chiapanèques qui habitent dans les territoires envahis de rester sur ces terres mais en étant placés sous le régime des biens communaux de San Miguel Chimalapa, le gouvernement fédéral et les administrations de l’Oaxaca et du Chiapas ont empêché un tel processus d’intégration qui signifierait la fin de ce conflit. Ce sont de telles raisons qui dictent la conduite du gouvernement et des diverses administrations, mais il y a plus. Les comuneros chimas, pour la plupart membres de la nation zoque, qui possèdent un grand sens du respect pour la nature et sont parvenus à coexister de manière équilibrée et respectueuse avec la forêt grâce à leur présence ancestrale sur ces terres et à l’expérience accumulée par les générations successives depuis des milliers d’années, et tous ces charognards craignent que leur sagesse ne transforme la mentalité des membres d’ejidos et des petits propriétaires chiapanèques qui occupent aujourd’hui les territoires envahis en appliquant une logique d’exploitation sans discernement des bois et des forêts, abattant des arbres sans retenue, pratiquant une agriculture conventionnelle ayant recours à un excès de produits chimiques et pratiquant l’élevage extensif.
Le 14 mai, la caravane organisée par les jeunes participantes et participants du mouvement social de l’Oaxaca a achevé cette première étape ayant permis un rapprochement entre les peuples qui, en ville et, dans ce cas, dans la région de l’isthme de Tehuantepec, luttent contre le mauvais gouvernement. Cette caravane est une contribution au nécessaire effort de réorganisation que de nombreuses communautés réalisent dans l’État d’Oaxaca, en bas et à gauche ; certains depuis très longtemps, bien qu’ils aient été interrompus par la brutale répression déclenchée par le mauvais gouvernement en 2006 contre le mouvement social dans l’Oaxaca. Partout on observe des tentatives visant à réussir une telle réorganisation non hiérarchique, respectant la diversité, et en bas, réorganisation qui n’attend pas que les leaders ou les dirigeants la décrètent. La réponse du gouvernement à un tel projet ne s’est pas fait attendre : le jour même du retour de la caravane, des agents de la police du ministère et de la police municipale de Zanatepec l’ont arrêtée et ont fouillé les participants dans un lieu reculé de la montagne, loin de tout village. Comme des bandits ou des gangs criminels, les policiers ont surgi des bois environnants pour stopper la caravane et menacer les participants, ce qui démontre une fois encore l’état de crise et la répression dans lesquels est plongé l’Oaxaca. Quoi qu’il en soit, le processus de prise de conscience des peuples de l’Oaxaca entamé en 2006, quand nous avons uni nos pas pour emprunter un seul chemin, celui de la lutte pour la liberté, a commencé. Rien ne l’arrêtera, ni toutes les polices, ni la répression, ni les assassinats commis par le mauvais gouvernement, un gouvernement qui montre en ce moment les signes honteux de sa décomposition définitive. « Le Sentier du jaguar pour la régénération de notre mémoire » continuera d’avancer sur la terre meurtrie de notre Oaxaca, en cherchant, en rencontrant et en dialoguant avec tous ceux et toutes celles qui, partout, pensent qu’un autre monde est possible et qui s’efforcent de lutter pour le créer.
David Venegas Reyes « Alebrije »
Ex-prisonnier politique, membre du conseil
de l’Assemblée populaire des peuples de l’Oaxaca (APPO)
et de Voix d’Oaxaca construisant l’autonomie et la liberté (VOCAL).
Traduit par Ángel Caído.