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L’Escargot de notre vie
Le festival de cinéma Puy ta Cuxlejaltic

samedi 24 novembre 2018, par Joani Hocquenghem

Sur l’écran géant, les participantes à la Rencontre internationale des femmes en lutte de mars dernier au Caracol de Morelia chantent et dansent, échangent des expériences et des idées. Suivent les portraits filmés de la commandante Ramona, d’Angela Davis, celui de Marichuy, la candidate des zapatistes et du Congrès national indigène à l’élection présidentielle, et des épisodes de sa tournée de l’an dernier à travers le pays (La candidata imposible et Gira).

Dans l’Auditorio Comandanta Ramona, la salle tout neuve, immense, 30 mètres sur 35 à vue de nez, au sol étagé suivant la pente de la colline, où trône le gros projecteur 2K flanqué de baffles qui assurent un son dolby tonitruant, deux mille ombres alignées sur les bancs, silhouettes masquées de foulards et de passe-montagnes, les « bases d’appui » des cinq zones zapatistes, cultivateurs de maïs et de café tsotsiles, tseltales, choles, tojolabales, mames, zoques, observent, prennent des notes sur des calepins, font des remarques, réagissent ou restent silencieux, jaugent ou se distraient, chuchotent ou somnolent.

Dans l’échancrure des cagoules, les yeux brillent, attentifs, rêveurs, illuminés par l’éclat des images. Brusquement, les chevauchées héroïques de Pancho Villa ont envahi l’écran, les batailles de la révolution mexicaine du film Reed, de Paul Leduc.

Puis surgit une maison, le sol de ciment d’une de ces maisons vieillottes des faubourgs de la capitale, que lave à grande eau la muchacha, la bonne indienne d’une famille urbaine. Une année de sa vie discrète, silencieuse dans la ville énorme, du Mundial de foot de 1970 à la tuerie des étudiants par les milices des Halcones de 1971 : c’est Roma, présenté en avant-première par Alfonso Cuarón, un des amis des zapatistes.

Ils en ont beaucoup dans le ciné : réalisateurs, écrivains, producteurs, acteurs, techniciens ont mis à leur disposition les moyens d’excellentes projections et permis par leur présence d’attirer brièvement l’attention des médias sur l’événement de ces premiers jours de novembre, le festival de cinéma Puy ta Cuxlejaltic, à Oventik, l’un des cinq Caracoles (escargots) zapatistes, dans les montagnes du Haut-Chiapas.

Pas de remise de trophées, en territoire rebelle. Les soirs, chacun des cinéastes invités, célèbre ou inconnu, se voit remettre, non un prix, mais un « respect », sous forme d’une claquette de tournage signée par le sub Galeano, une poupée zapatiste en laine, un escargot de mer ou une étoile de céramique.

Drôle de mariage, conjonction des Indiens et du cinéma, inédite comme tout ce que font les zapatistes. Me voilà doublement dépaysé, moi qui habite en ville et ne vais guère voir de films, à partager ces visions, à regarder avec eux ces images du monde, une autre planète, la planète ciné, assis dans le noir face à la cinquantaine de fictions, documentaires, dessins animés, longs, courts et micro métrages du programme : pièces du puzzle en désordre, pans d’histoire, portions de géographie, pêle-mêle l’ailleurs et l’ici, les épisodes du passé et l’avalanche du présent.

Au fil des projections, les luttes des femmes de la capitale dans les dernières décennies (Mujeres : se va la vida, compañera). Celle des couturières survivantes de l’effondrement de leurs ateliers lors du tremblement de terre de 1985 (No les pedimos un viaje a la luna).

La résistance des Indiens me’phaa aux compagnies minières dévastatrices dans la montagne du Guerrero (Juba Wajiín), et celle des paysans aux projets de barrages dans l’État de Veracruz (La Antigua : Sangre que nutre).

La survie d’un village inondé dans le Sinaloa (Los reyes del pueblo que no existe, de Betzabé García) et celle d’un autre bourg déserté par la migration vers les États-Unis (Coapan sin tiempo). L’invasion des ordures, constat sans parole : El futuro en nuestras manos.

Et aussi les multiples disparitions, l’implacable machine à supprimer, l’engrenage inexorable des autorités et des mafias, des forces de l’ordre et des cartels, les 200 000 morts en douze ans de la « guerre aux narcos », les enlèvements, la torture et les exécutions, à Oaxaca en 2006 (reportage d’Al Jazeera Tierra de impunidad), à Monterrey en 2010 (Hasta los dientes). Les disparues et disparus de Tempestad de Tatiana Huezo, de No sucumbió la eternidad, de Nos faltan et Ayotzinapa, el paso de la tortuga.

Les témoignages de paysannes indiennes incarcérées, celles de Semillas de Guamúchil, celles d’Amor, nuestra prisión, celle de Koltavanej, une Tsotsil torturée pour lui extorquer des « aveux », enfermée à San Cristóbal, tout près d’ici.

Après quoi, à la lueur du projecteur, un autre Mexique. Amplifié par les haut-parleurs, le frou-frou de robes de soirée, le son de coupes de champagne et d’exotiques rires mondains résonnent sur la colline noyée de brume. Les intérieurs luxueux scintillent sur l’écran, mais les personnages BCBG qui les habitent ont leurs problèmes et bientôt sont emportés par la crise financière de 1982. Las niñas bien, d’Alejandra Márquez, est classé par le programme dans la rubrique « Les riches aussi ont des dettes ».

Par moments, les lumières se rallument ; l’écran s’éteint, foulards et passe-montagnes sortent en file indienne. Aveuglés par le soleil, des images plein les mirettes, causant en groupes dans leurs langues, ils et elles se répartissent la colline, prennent les sentiers entre les campements de toiles de bâches où fument des braseros, descendent la pente vers l’école et le Centre de langues, se regroupent devant le vaste amphithéâtre en plein air devenu le Pie Cinema Maya, auto-cinéma pour piétons où une pancarte précise : « Les voitures ne sont pas admises. »

D’autres gravissent le chemin en partie pierraille, en partie ciment, l’artère en pente abrupte de l’agglomération, sur laquelle donnent l’hôpital avec ses deux ambulances et son guichet des urgences, les locaux des coopératives artisanales de femmes, le bureau du Conseil de bon gouvernement, les petites maisons de bois des communes de la zone et l’ancien auditorium tout en bois, une salle de 1 800 places rebaptisée Multicinéma Emiliano Zapata 3D car il a été muni de trois écrans, où stationne la machine à pop-corn ornée de statuettes d’oscars en passe-montagne.

De part et d’autre, les fresques et toiles peintes exaltant la construction de l’autonomie et la résistance à l’hydre capitaliste alternent avec les photos sur toile plastique des grands méchants des superproductions hollywoodiennes. Norman Bates, le tenancier du motel de Psychose, souhaite la bienvenue. Le Joker, grimaçant ennemi de Batman, promet « un sourire pour toute la vie ». À l’effigie d’Hannibal Lecter, sous la devise « il y a beaucoup de gens exquis dans le monde », le restaurant des invités promet des tacos aux noms étranges et sert du lapin au mole muy rico.

Des jeunes très nombreux en veste et casquette verte ou marron, des marmots en chapeau et foulard comme leurs aînés, des femmes en blue jeans et T-shirt, d’autres emballées dans des châles et jupes de laine noir, rouge, violet, quelques-unes un nouveau-né au dos, marchent de long en large, de haut en bas entre les stands de broderies et tissages, les étales de fruits, les cantines de bâches tendues sur des piquets.

Trébuchant sur les cailloux de l’allée centrale, la Croisette de l’événement, je déambule moi aussi, je prends des notes comme eux, je lis les murs, griffonne des phrases, des mots sur un bout de papier.

« Bienvenue à la réalité, électrochocs, baffes et beignes gratis »
« Ici on crève les illusions, les baudruches, les promesses électorales et les programmes de gouvernement »
« Si golpeas a tu mujer, no hay revolución »
« Un pueblo que no se rebela y no resiste es un pueblo exterminado »
« Viva la lucha de los Kurdos y de los zapatistas »
« Bienvenido a este rincón de mundo donde todos somos iguales porque somos diferentes »
« Que tu alimento sea tu medicina y que tu medicina sea tu alimento »
« El gallo lleva los pantalones pero la gallina es la de los huevos »

Au passage, j’identifie le bestiaire zapatiste : le scarabée fumeur de pipe ; le poulet-pingouin, souvenir d’une tournée ancienne ; le chien-chat qui pisse partout, saupoudrant de ses observations certains communiqués ; l’escargot qui dit : « Voy lento, pero avanzo » ; les serpents et les ocelots qui ornent l’accès à l’Auditorio Comandanta Ramona, le palais du festival, où déjà les bases d’appui font la queue pour la séance de 16 heures.

La victoire des Sarayaku d’Équateur contre les projets de forage dévastateurs des compagnies minières (Los hijos del Jaguar) déclenche une salve d’applaudissements. De même que la condamnation pour génocide de l’ex-président du Guatemala Ríos Montt dans 500 años, de Pamela Yates. Ou quand le jeune boxeur mexicain du film Bayoneta, immigré dans les neiges de l’Europe du Nord, réussit à embrasser la blonde Finlandaise qui l’héberge.

Applaudissements, rires et sifflets à une scène de sexe explicite de la réjouissante satire politique de Luis Estrada El infierno. Chuchotements quand y apparaît le narcotrafiquant El Cochiloco, dont on répète le sobriquet à voix basse, interprété par Joaquín Cosío, présent à l’inauguration du festival. Et aussi quand Gael García Bernal, qui était avant-hier ici, à Oventik, réapparaît sous les traits de Che Guevara dans Diarios de motocicleta.

Silencieux, un autre jour, les contingents des bases d’appui écoutent les récits des abuelos et abuelas, les aïeux presque centenaires, ridés et chenus, interviewés par le collectif Los Tercios Compas, qui évoquent le temps d’avant le soulèvement de 1994, le temps des fincas où ils travaillaient comme péons il y a quelques décennies encore.

Puis ils regardent brûler les barricades de la rue Gay-Lussac. Les pavés volent. Les drapeaux flottent sur Renault en grève. Pendant la projection des Révoltés, de Michel Andrieu et Jacques Kebadian, mon voisin, lit à mi-voix les sous-titres pour ses camarades. Quand les cortèges entonnent L’Internationale, il s’interrompt :

« Qu’est-ce que c’est, cette chanson ? » Je le renseigne.
« Vous venez de France ? »
Lui s’appelle Moisés. Il vient de La Realidad, à une journée de route d’ici.
« Ça a été un mouvement très fort ! » s’étonne-t-il à la fin du film. « Vous y étiez ? »
J’acquiesce.
« Quel âge vous avez ?
— J’avais dix-huit ans, c’était il y a cinquante ans. C’est facile à calculer. »
Du coup lui et ses copains me regardent comme un survivant, un vrai abuelo de ceux qui ont connu d’autres époques, le temps d’avant.

À un autre moment, sur le même écran, ils voient la police et l’armée encercler et massacrer la foule des manifestants réunis à Tlatelolco. Une autre facette de 68 : quatre mois après l’euphorique mai français, l’octobre sanglant de Mexico dont témoigne El grito, de Leobardo López Aretche, filmé à l’époque et enfin disponible et restauré après des décennies d’interdiction.

« El cuche », chuchote une voix.
« El totol, mira », murmure une autre.

Ils et elles identifient les animaux du ranch, le cochon, le dindon, les graines et les plantes curatives. Un murmure général court dans les rangées du public quand les paysans acrobates sèment et récoltent sur les pentes abruptes de la sierra. Deux hommes attaquent un arbre à coups de machette ; quand il tombe, les enfants qui jouaient au premier plan s’échappent de justesse, les applaudissements éclatent.

La salle frémit de l’émotion réjouissante de la tortilla qui dore en gros plan, de la germination des haricots, de la joie du pozol que savoure une cuisinière gourmande, du plaisir de voir les objets et les gestes familiers si bien filmés, le plaisir du cinéma.

El maíz en tiempos de guerra, d’Alberto Cortés, est tourné chez les peuples wixárika, ayuuk et tseltales.

Au matin, des contingents repartent, d’autres, débarqués de camionnettes et de bus, les remplacent. Chargées de havresacs, de musettes, de bidons, de cageots de légumes, de bâches et de couvertures, de cordes et de poteaux, trimballant sur leurs dos des sacs de jute, des gerbes de feuillage, des régimes de bananes plantains ou des charges de bois à brûler, les délégations des villages qui assistent par roulement aux projections se croisent à mi-pente.

Des groupes aux points d’eau nettoient les marmites. Des gardiennes de l’ordre, matraque au côté, montent la garde aux carrefours des sentiers. Des brigades remontent la côte en ramassant les papiers qui traînent. Deux équipes s’affrontent au basket sur le terrain de ciment.

« Quel film t’a plu le plus ? »
— Tous, répond sans hésiter un moustachu attablé devant ses quesadillas.

Au restau, sous la grande tente tendue devant l’église, on tombe le foulard et le passe-montagne pour manger à l’aise.

À la fin du déjeuner, j’ai demandé un verre d’eau.
« ¿De qué quiere su agua ?, répond l’homme qui fait le service. On a des eaux préparées de tamarin...
Agua simple, por favor.
— Une compañera est allée chercher votre eau », m’indique-t-il après un moment.

Lui et ses compagnons se sont assis à une table voisine où un guitariste improvise un récital de chansons d’amour. Peu après une dame traverse la « grand-rue » une tasse fumante à la main :

« Je vous ai apporté votre eau. Elle est bouillie, elle est encore très chaude. »
Je la remercie en l’assurant que j’y serais allé si j’avais su où la chercher.
« Vous êtes écrivain ? Je vous demande ça parce qu’on voit que vous êtes tout le temps en train de prendre des notes... Vous venez d’où ? »...

Elle s’appelle Libertad. « Un petit mot, mais qui contient de grandes choses... » dit-elle de son nom.

Dès le début elle était dans le mouvement, les bases d’appui, « nous l’étions tous à Roberto Barrios », elle devait avoir dix-sept ans alors. Elle cultive la terre comme tous, elle assume aussi des tâches dans la coordination interzones et, pour l’instant, aide au service sous la grande bâche du réfectoire pendant ces jours de festival.

« Ici, nous sommes libres, nous n’avons pas à obéir à un patron ; c’est comme une grande famille, même si nous sommes de sang différent », dit-elle, fière de l’effort collectif réalisé : l’organisation des séances, des transports, des dortoirs, des réfectoires, l’approvisionnement et la vente des produits. « Tout ce que rapportent les ventes est investi dans ce dont a besoin la collectivité, tout est contrôlé. »

La guitare s’est tue ; aux tables voisines, les gens applaudissent. Libertad s’est assise. « Nous aimons le ciné », dit-elle aussi. « Les films que vous apportez nous permettent de vous connaître, de connaître les gens d’autres parties du monde, de savoir ce qu’il en est ailleurs. »

Je lui fais valoir que le ciné peut être trompeur, que les images mentent aussi.

« Oui, bien sûr. Quand ils disent une chose aux nouvelles, nous pensons que c’est le contraire... Il faut tirer le suc et laisser ce qui ne sert pas... »

« Nous ne sommes pas contre le progrès, la technologie, ce qui est moderne. Nous voulons vivre bien, dans le respect à la terre qui est notre mère, sans la détruire. Nous voyons les coups brutaux portés à notre mère la terre. »

Son visage se crispe en une moue à la fois sévère et craintive. Elle me parle de « la tempête qui vient », comme disait le sub Galeano, un temps de dévastation auquel les zapatistes se préparent et où leur expérience et celle de tous ceux qui résistent seront un recours précieux.

« Je crois que votre eau a refroidi... dit-elle en se levant. Peut-être que je m’échapperai un moment pour voir un peu de votre film. »

Dans la grande salle bondée, une fillette armée d’une longue tige de bambou fait pleuvoir maintenant, l’héroïne du conte Carrizos de Dinazar Urbina.

À un autre moment apparaît Tlaloc, le dieu de la pluie qui s’ébranle, oscille et cahote, ficelé à un énorme camion sur la route qui le mène du village de Coatlinchán, où il gisait depuis des temps immémoriaux, jusqu’à la capitale. La piedra ausente raconte l’enlèvement en 1963, au grand dam de la population locale, du monolithe qui orne depuis l’entrée du Musée d’anthropologie.

Juste après, le spectaculaire cambriolage de ce musée, le vol de ses pièces les plus précieuses la nuit de Noël 1985, soigneusement reconstitué, est le point de départ du film d’aventures héroï-comiques Museo d’Alonso Ruiz Palacios.

Et puis surgissent les videocartas du collectif Ojo de Agua, brèves lettres filmées envoyées par des enfants d’Oaxaca, du Chiapas et d’autres régions qui présentent leur communauté, ses cascades, ses montagnes, sa flore et sa faune, ses musiques, sa grand-place ou sa prison, jouent son histoire, tentent de divertissants effets spéciaux et terminent en chœur immanquablement par « Adios ! Répondez à cette lettre. Donnez des nouvelles ! ».

L’histoire de Tobias, de Francisca D’Acosta et Ramiro Pedraza, un Triqui de douze ans qui participe pieds nus à un tournoi international de basket-ball, nous emmène à Barcelone.

Rush Hour, de Luciana Kaplan, nous plonge dans les embouteillages monstrueux d’Istanbul, de Mexico et de Los Angeles.

Batallas íntimas, de Lucía Gajá, témoigne de la violence domestique au Mexique, en Espagne, aux USA, en Finlande et en Inde.

Petites historias das crianzas suit les enfants qui se préparent à un championnat de foot en Colombie, à Río, à Sarajevo, au Cameroun, en Roumanie, à Téhéran, en Chine.

La tercera raíz, de Camilo Nu et Reed Ricket, invite à un voyage musical à la recherche des racines du son jarocho traditionnel de Veracruz, remonte aux accords et rythmes soufis, berbères, gnawas du Maroc et redescend la généalogie sonore jusqu’à la danza de los Diablos du Guerrero.

La Fragile Armada, que nous avons tourné avec Jacques Kebadian et Camille Ponsin en 2001, clôt le festival sur un moment d’émotion et rappelle des souvenirs aux plus âgés. Dans la salle, les compañeros reconnaissent Oventik : la même colline, les mêmes brasiers, les mêmes tentes de toile, le même amphithéâtre en plein air et le même chemin en pente, un peu moins bâti, dix-sept ans auparavant, le point de départ de la Marche de la couleur de la terre : le voyage de la délégation zapatiste accompagnée des ovations de milliers de sympathisants jusqu’à son arrivée triomphale à la capitale.

Les derniers applaudissements se prolongent. Moisés me félicite chaleureusement, rabat son passe-montagne, rajuste son uniforme.

Au micro on annonce le bal qui fête comme il se doit la fin de l’événement.

« Tu vas danser ?
Si me sacan », si on m’invite, me répond-il en dégringolant la pente vers la piste où flottent dans le brouillard les cumbias de Los Originales de San Andrés, puis La Fille au ruban rouge par le groupe Relampago.

Demain, les délégations reprendront la route de Roberto Barrios, Morelia, La Garrucha, La Realidad pour rendre compte de ce qu’elles ont vu. Et après une dernière journée de travail, Libertad aussi s’en retournera chez elle.

« Merci d’avoir apporté vos films ! Pour nous, c’est très important, me dit-elle quand je passe dire au revoir.
— Pour ma part, je trouve ça formidable que tant de gens voient notre travail, ce n’est pas tous les jours qu’on a autant de public ! »

Apparemment les projections ne s’arrêtent pas là. Elles ont lieu en parallèle dans la grande salle du Cideci, à San Cristóbal et, quand je demande à Libertad si elle a pu voir quelques-uns des films, elle me répond :

« Non, à cause de mes tâches. Mais je les verrai bientôt, ils vont passer dans les communautés des cinq zones. »

Oaxaca, le 22 novembre 2018
Joani Hocquenghem

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