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Oaxaca

Chronologie d’un feu qui court

septembre 2006, par “CQFD”

22 mai : 70 000 instituteurs de l’Oaxaca se mettent en grève. Le centre de la capitale est occupé. 20 000 grévistes et leurs familles campent autour de la place principale.

14 juin : 2 000 policiers attaquent à l’aube le campement. Trois heures plus tard, les instits, soutenus par la population, reprennent le contrôle de la ville.

2, 7, 16 juin : Des « mégamarches » rassemblent jusqu’à 800 000 manifestants.

17 juin : Création de l’Assemblée populaire du peuple d’Oaxaca (APPO, devenant par la suite l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca), qui exige la destitution du gouverneur et intensifie les blocages.

Fin juin : Les occupations de mairies se multiplient, suivies de l’expulsion des maires et de l’élection de conseils. On ferme les administrations et on réquisitionne les véhicules officiels.

2 juillet : Élection présidentielle. Le PRI est balayé dans les urnes. Il monnaie son soutien au candidat de droite. Le candidat de gauche, qui était favori, dénonce une fraude et mobilise ses partisans.

17 juillet : Blocus des hôtels et complexes touristiques. La guelaguetza, fête indigène devenue foire commerciale, est annulée. Une guelaguetza alternative sera célébrée avec succès. Le ministre du Tourisme parle de catastrophe « comparable à l’ouragan Wilma ».

23 juillet : Manif contre le mitraillage de Radio Universidad. Six paysans sont placés en garde à vue. Après les avoir libérés, la foule saccage le commissariat et danse dans la rue.

27 juillet : L’APPO demande au Sénat de destituer le gouverneur, qui affirme qu’« Oaxaca est en paix ».

1er août : Une manif de femmes armées de casseroles occupe la radio-télévision officielle.

3 août : Des hommes masqués tirent à la kalachnikov sur les locaux de la télé occupée.

9 août : Meurtre de trois Indiens de l’APPO. Arrestation de deux leaders de l’APPO, accusés de rébellion. Trois instits sont enlevés par des inconnus et torturés dans un commissariat.

10 août : Manif réclamant la libération des trois instits. Des barbouzes ouvrent le feu : un mort. Un site Internet appelle au meurtre des figures de l’APPO.

16 août : Les organisations patronales supplient le président Fox d’intervenir, parlant de « dégâts économiques à effet domino ».

17 août : Grève civique des syndicats de la santé, des télécommunications, de l’université et des services municipaux. Tentative d’arrestation d’un leader de l’APPO : les policiers sont giflés, désarmés puis livrés aux autorités.

21 août : Des paramilitaires expulsent les occupants de la télé officielle. Dans les heures qui suivent, l’APPO investit douze radios commerciales.

22 août : Un « convoi de la mort » parcourt les rues et tire sur les radios occupées : deux morts. Des dizaines de barricades se dressent pour empêcher les tueurs de circuler.

23 août : La procureur général accuse l’APPO d’être un mouvement de guérilla urbaine.

25 août : De mystérieux guérilleros distribuent des tracts soutenant l’APPO, la mobilisation anti-fraude et l’EZLN... Effet immédiat : l’armée patrouille la zone et intimide les assemblées de l’APPO.

30 août : Le quotidien La Jornada révèle que 1 200 hommes de main s’entraînent dans deux casernes du centre du pays en vue d’intervenir contre les mouvements d’insurrection civile.

31 août : Les travailleurs de la santé sont en grève depuis deux semaines.

1er septembre : Mégamanif. L’APPO réclame un soutien plus actif des zapatistes. « Les rues puent la sueur d’Indien et le graffiti anarcho-punk », écrit un journaliste.

4 septembre : Échec du déménagement de l’administration Ruiz à Juchitán. Sous la pression de la rue, le maire de la localité déclare le gouverneur persona non grata. À Oaxaca, l’APPO lance un manifeste où Ruiz est « proscrit » et publie des bans placardés dans tout l’État.

Cette chronologie accompagne les articles « Le Sud mexicain se met en commune »
et « Le vieux régime est mort » publiés dans
CQFD n° 37, septembre 2006.

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