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Bases d’appui zapatistes victimes de l’ouragan “Stan”

lundi 24 octobre 2005, par Gloria Muñoz Ramírez

Tout en bas de ceux d’en bas, totalement démunies, des centaines de bases d’appui zapatistes sont aujourd’hui victimes de l’ouragan « Stan ». La commune autonome Tierra y Libertad n’a pas encore évalué l’ampleur totale des dégâts, mais on a pu savoir par exemple que la commune Che Guevara avait été ensevelie et que la population (huit familles rebelles) avait également été touchée. Les zapatistes reçoivent de l’aide de ceux qui sont les plus démunis. Pour l’instant, en attendant l’aide de la solidarité nationale et internationale, seules les bases d’appui de l’EZLN se sont occupées d’héberger les zapatistes affectés, les personnes que l’on ne voit pas à la télé posant dans des scènes ridicules à côté de fonctionnaires, les gens qui n’apparaissent pas dans les statistiques officielles rendant compte de la catastrophe.

La région affectée, qui comprend la côte, la sierra et une partie de la zone frontière [avec le Guatemala], est une des zones le plus récemment rattachée à l’organisation zapatiste. Elle a été libérée et a progressé après 1994, grâce à des hommes et à des femmes qui ont rejoint la résistance au sein de communautés éloignées et éparses dans lesquelles ils organisent leur autonomie. Divers projets visant l’éducation et la santé ont vu péniblement le jour dans ce territoire, qui, bien qu’éloigné en temps et en kilomètres de la Selva, est relié au Caracol de La Realidad.

Les communautés montagnardes de Toquián, La Laguna, Las Nubes et Cruz de Piedra (officiellement commune de Siltepec), celles situées à Tapachula, Motozintla, Huixtla et Isla Mapa (sur la côte) et la communauté de Maíz Blanco, à la frontière, sont parmi les plus affectées. Toquián a dû être entièrement évacuée, les bases d’appui se sont réfugiées chez d’autres zapatistes. À La Laguna et à Las Nubes, les habitants n’ont pas eu à abandonner leurs maisons, mais le risque est très élevé dans cette zone, où l’on craint de nouveaux effondrements des collines, dans lesquelles de nombreuses failles sont apparues.

Les habitants de Cruz de Piedra ont trouvé refuge auprès de leurs familles dans d’autres villages, tandis qu’à Belisario Domínguez et à Motozintla les habitants sont restés sur place, dans des villages entièrement dévastés. Ils n’ont plus de maison et plus de vivres, ils n’ont plus de vêtements, pas de médicaments et les plantations de cafés et la milpa ont été détruites. Les inondations ont tout emporté et, à l’heure actuelle, les habitants survivent avec l’aide du conseil de bon gouvernement, mais ce n’est pas assez.

À Belisario Domínguez (officiellement commune de Motozintla), le centre de formation des promoteurs d’éducation qui venait d’être inauguré a été entièrement détruit. Ses murs d’adobe [brique crue d’argile] ont été réduits à l’état de sable, les cours sont interrompus, cinq jours à peine après avoir commencé. Elle n’avait que trois mois d’existence, cette école de vingt et un professeurs communautaires zapatistes. À Che Guevara, ce sont les efforts de plusieurs années et le travail de beaucoup de gens qui ont été ensevelis au cœur du village, entièrement dévasté, comme la maison du promoteur de santé qui servait de dispensaire de médecine traditionnelle.

Haricots, riz, soupes, farine de maïs, huile, sucre, savon, lait en boîte, ce sont les premières choses que ces personnes nomment quand elles demandent de l’aide. Du maïs ? « Euh, oui, mais alors il faut aussi nous apporter de quoi le moudre, parce que sinon... » Des médicaments contre la grippe et contre la fièvre, la toux, la diarrhée et les vomissements. Antibiotiques, analgésiques et sérum. De quoi faire la cuisine et de quoi s’abriter. Des vêtements ? « D’accord, mais alors des vêtements pratiques, pas des habits de fête ou des chaussures à haut talon ! »

Gloria Muñoz Ramirez

Chronique parue dans La Jornada,
Mexico, le 22 octobre 2005.
Traduction : Ángel Caído.

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