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À Freddy Gomez
à propos de Dédicaces
Un exil libertaire espagnol

lundi 24 septembre 2018, par Tomás Ibáñez

Querido Freddy,

Por mil razones después de haberlo leído en diagonal he tenido que esperar largo tiempo para leer tu libro con detenimiento y debo decir que lo he hecho con gran placer, así que nunca es tarde si la dicha es buena, y aquí van algunos comentarios.

Je me suis retrouvé comme si c’était hier dans cet « arrière-pays » qui est le tien et qui recoupe largement le mien par les personnages évoqués et surtout par l’atmosphère parfaitement rendue de cet exil libertaire (parisien, mais pas seulement) dans lequel toi et moi avons grandi. Par atmosphère j’entends non seulement les rapports humains, la quotidienneté, l’imaginaire partagé (avec ses espoirs et ses nostalgies), mais aussi les enjeux que faute de mieux j’appellerais « politiques ». Il y a dans ton livre trop d’images et de références qui me sont familières pour que je ne me sente pas comme si je déambulais à nouveau au sein d’une tranche de vie encore très proche, à commencer, par exemple, par l’évocation dès le début du texte (p. 17) de cette rue des Partants où vivait ma mère et où je fus domicilié pendant un temps.

Avant de commenter des aspects liés au contenu laisse-moi te dire une chose liée à la forme, mais que tu sais déjà, car, comme à l’habitude, ton écriture est superbe et ce n’est pas une flatterie. Elle a du mal à ne pas laisser deviner, en arrière-champ, l’imposant bagage culturel que tu as emmagasiné, des réminiscences de Nietzsche, par exemple (como simple botón de muestra), sous-tendent cette liaison entre la marche et la pensée que tu évoques (p. 63). Et puis, le texte est parsemé de petites perles littéraires, de brillants « éclats » (terme que je reprends de tes [bleu violet]Éclats d’anarchie[/bleu violet]), telles que : « Il était d’une marge que la marge ignore » (p. 73) ; ou, p. 49, cette phrase que tu glisses dans le discours de Barcena : « Aucune liberté n’est plus belle que celle qui chevauche l’impossible », mais j’arrête car je n’en finirais pas.

Sur le plan des contenus, je partage dans sa quasi-totalité les considérations (prêtées en bonne mesure à Barcena) que tu énonces à propos de la « révolution » de 36, de ses non-dits, et aussi à propos de ces impasses politiques dans lesquelles s’enferma l’exil. Je coïncide aussi en bonne mesure avec tes réflexions sur l’anarchisme, même si je prends distance avec la diatribe de Barcena contre l’individualisme à propos de « Géo » (p. 82 et suivantes), regretté aussi une certaine dureté envers Prudhommeaux. Par contre les propos prêtés à Mercier sont superbes (p. 159) et je m’y retrouve totalement.

C’est bien sûr le chapitre « La dérive des parallèles » qui parle du temps que j’ai connu de plus près — je te remercie, au passage, des propos que, via Pascual, tu tiens sur moi, et j’en profite pour te dire que le fait de me savoir l’un des deux « non-morts » dans la longue liste finale m’a inquiété quelque peu ! — et ta description colle tout à fait avec mes souvenirs.

Barcena est, bien sûr, fait de divers fragments mais, moins bariolé qu’Arlequin, c’est bien entendu ton père qui en constitue l’ossature principale. Je me trompe sans doute, mais il me semble que le deuxième composant principal de ton personnage de fiction c’est toi-même, la vie, les sentiments, et une partie du discours est en bonne mesure celle de Fernando, mais c’est Freddy qui est présent quand il s’exprime plus politiquement ou philosophiquement. Barcena, personnage de fiction mais non pas créé ex nihilo, où se mélangent, entre autres, deux générations de l’exil.

Bueno, Freddy, no te doy más la lata, bravo encore pour ton livre dont j’espère que nous pourrons parler plus abondamment quand je passerai par Paris (c’est aussi « ma » ville).

Abrazos
Tomás

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