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Suite mexicaine (II)

mercredi 31 juillet 2019, par Georges Lapierre

« La quatrième transformation »

Réflexions sur les choix du nouveau gouvernement mexicain

L’arrivée au pouvoir d’Andrés Manuel López Obrador en décembre 2018 marque incontestablement un changement important concernant le devenir du Mexique. Jusqu’alors l’activité marchande (dite encore activité capitaliste) s’était imposée de force au Mexique, violentant la population avec une extrême brutalité. Elle était soutenue dans ses exactions par un pouvoir complice et corrompu jusqu’à la moelle. Le nouveau chef d’État ne propose pas un adoucissement des mœurs, l’activité capitaliste restera toujours aussi brutale, mais un arrangement, un arrangement entre l’activité de spoliation et d’enrichissement des transnationales marchandes et la population, l’État étant celui qui négocie ces arrangements entre les puissances du Nord et les débilités mexicaines : qu’une partie de la richesse tirée du pays revienne aux Mexicains dans leur ensemble, fin de la corruption. Et les hommes d’affaires ont tout de suite compris où se trouvaient leur intérêt et que la fin de la corruption promise par Andrés Manuel López Obrador pouvait signifier plus d’argent pour eux.

Le raisonnement est d’une logique simpliste : on détruit l’espace où s’est développée une sociabilité (c’est la notion de territoire liée à celle de communalité), tous ces vastes projets ayant une action directe sur la vie des gens — qui se résume à une constatation très simple : leur environnement vital est dévasté. Cette destruction de la vie collective qui s’était forgée autour d’un bien commun, le territoire, a pour conséquence immédiate de jeter chaque membre de la communauté dans son isolement d’individu : « à chacun sa mère », dit-on. Une fois la communauté désagrégée en une somme d’individus éparpillés sur les routes de l’exil, on propose alors à ces mêmes individus un travail rémunéré qui les sortira de l’embarras. Ainsi on crée de toutes pièces le problème et la solution ou encore : la solution au problème créé par l’activité capitaliste sera le problème lui-même (c’est-à-dire plus d’activité marchande). On détruit la vie des gens pour leur apporter une survie. La politique du Mexique contemporain se résume à apporter au Mexicain un travail et un salaire en détruisant ce qui constituait des lieux de vie. L’argent transforme bien la réalité : d’un point de vue ontologique, il transforme le sujet social en individu asocial ; d’un point de vue plus métaphysique, il transforme la réalité en apparence, la vie sociale en apparence de vie sociale.

Ce changement de stratégie politique implique plusieurs orientations : d’abord une reconnaissance de l’activité marchande comme productrice de richesse, la richesse n’est plus la vie sociale en tant que telle, mais ce qui produit indirectement de la vie sociale : l’argent, l’argent sous son double aspect de capital et de monnaie d’échange. Ce choix politique se présente comme la conclusion ou l’achèvement de la politique initiée par Carlos Salinas de Gortari dans les années 1980. Il ne s’oppose pas au tournant pris par la politique mexicaine dans les années 1980, il le parachève en concluant l’alliance de la population avec l’activité capitaliste des grands marchands. Est-ce cette volonté d’alliance qui s’est exprimée en juin 2018 par un vote massif pour López Obrador ? Je n’en suis pas si sûr. Nous pouvons toujours nous poser cette question ; quoi qu’il en soit cette volonté d’alliance exprimée dans le vote est un présupposé de la politique mise en œuvre.

Cette reconnaissance de l’activité marchande repose sur une anticipation présumée : l’existence de l’individu ou, du moins, que l’idéal du petit-bourgeois soit partagé par la majorité de la population mexicaine : trouver dans la possession d’argent une satisfaction ontologique. Une partie des Mexicains ont le goût du pouvoir, ils ont été caciques, ils ont été hommes politiques, ils ont été bureaucrates, maintenant ils sont hommes d’affaires, capitalistes, capos et toujours hommes d’État (petits ou grands), en général alliés aux hommes d’affaires et aux capos. L’autre partie, qui constitue la majorité de la population, aime l’argent et la marchandise elle aussi, cependant elle est plutôt attirée par l’échange dans sa dimension cérémonielle, c’est-à-dire par le spirituel. Je vois mal les Mexicains devenir petits-bourgeois ou employés aux écritures. Mais sait-on jamais !

À ces deux orientations ou points de vue qui soutiennent la politique du nouveau gouvernement s’ajoute une troisième perspective, celle qui voit dans la résistance à cette politique une forme d’archaïsme idéologique et d’inadaptation aux changements, que le devenir de la société implique. La pédagogie devient une forme de gouvernement, tous les matins, le président de la République, à la manière bolivarienne, s’adresse à la nation ; et cette pédagogie a pour fondement le devenir marchand du Mexique. À travers la confusion des sentiments où il est question de droiture, d’honnêteté, d’exaspération et d’insécurité, c’est bien un choix de société qui se dessine et cherche à s’imposer.

C’est à cette volonté de dialogue à partir duquel peut se développer un travail pédagogique que s’est consacré tout dernièrement le président de la République au cours de son voyage au Chiapas (6 juillet 2019). De Guadalupe Tepeyac, ancien bastion de l’EZLN, il a lancé un appel, on ne peut plus clair, à la réconciliation et au dialogue : « ¡Ya basta de divisiones ! » Il semblerait que les obstacles juridiques levés tout récemment face au grand projet dit du « Tren Maya » et concernant la péninsule du Yucatán ainsi qu’une partie du Chiapas aient incité le président à tendre à nouveau la main aux zapatistes. Pourtant la réconciliation n’est pas possible, les deux options de société ne sont pas conciliables. Les zapatistes ne veulent pas du capitalisme, d’une activité marchande débridée et de ce qu’elle signifie de volonté de puissance et de domination, de mépris aussi vis-à-vis des peuples. C’est aux peuples à décider de ce qui leur convient et à prendre les initiatives en ce sens. Et c’est cette idée zapatiste « abajo y a la izquierda » (en bas et à gauche) qui se trouve récupérée par la présidence de la République, qui vient de lancer par l’intermédiaire de l’Institut indigéniste (INPI [1]) une vaste consultation-manipulation des peuples indigènes.

Pour l’instant la politique du gouvernement repose avant tout sur un double discours : celui de la négociation incitant à la collaboration et le discours de la collaboration proprement dite avec l’activité marchande et capitaliste. C’est que le président est véritablement pris en otage par la droite : ou bien il arrive à réaliser les grands projets capitalistes à sa manière, c’est-à-dire à la manière plus ou moins douce de la collaboration (pourquoi ne pas essayer la manière dite progressiste dans un pays difficile où la population fait preuve d’une réelle inappétence pour des projets destructeurs de sa manière de vive ?), ou il est éjecté [2] (de toute façon il sera éjecté en fin de mandat, soit parce qu’il aura accompli sa mission, comme au Brésil, en Argentine, en Équateur, bientôt en Bolivie, soit parce qu’il ne l’aura pas accomplie). Dans le même temps où il impose avec une certaine fièvre les grands projets, sachant que son sort politique immédiat dépend de sa réussite en ce domaine, Manuel López Obrador est amené à tenir un discours de gauche sur les bienfaits de la démocratie et de la consultation.

Pour l’instant il a tout de même réussi à diviser l’opposition au capitalisme par ses promesses et ses discours sur la coopération. Certains pensent en effet que le développement du capitalisme étant pour le moment inéluctable, il convient dans ces conditions extrêmes de négocier et de sauver concernant l’autonomie des peuples ce qui peut encore l’être. La schizophrénie, c’est-à-dire la contradiction profonde et non retenue entre l’idée que nous nous faisons de la réalité et la réalité elle-même, pourrait bien définir la politique mexicaine actuelle et marquer la position de l’actuel président de la République telle qu’elle apparaît dans son discours de Guadalupe Tepeyac, par exemple, au cours duquel il en arrive à nier la brutalité aveugle et sourde de sa politique (la Realpolitik, l’agressivité de l’armée et de la Garde nationale, par exemple) au nom de son idéologie.

Il y aurait un bon et un mauvais capitalisme, un capitalisme corrompu jusqu’à l’os, mafieux, destructeur de la vie des gens, les jetant sur les routes de l’exil, et un bon capitalisme lié au développement et au progrès et faisant la richesse des nations et des populations par la même occasion. Cette fausse conscience, qui touche à l’aveuglement, entre dans le jeu idéologique des partisans d’une activité marchande libérée de toute entrave. Je dirai que le capitalisme est destructeur de la vie sociale, la corruption de la vie est sa marque de fabrique, la corruption est l’essence du capitalisme, celui-ci est corrupteur d’une vie sociale reposant sur une relation égalitaire entre sujets — entre acteurs de cette vie sociale fondée sur la réciprocité. Cette forme de sociabilité n’a pas totalement disparu, elle reste une aspiration profonde des hommes et des femmes d’aujourd’hui, elle est aussi une référence qui a survécu à la débâcle de l’humain et que nous retrouvons dans la vie communale et sociale des peuples sur tous les continents (en Amérique, en Afrique, en Asie, en Océanie et en Europe). C’est cette forme de sociabilité qui constitue le noyau dur de la résistance des peuples indiens au Mexique. Cette résistance obstinée des peuples a pu trouver dans le mouvement zapatiste son expression actuelle la plus cohérente et la plus ferme, elle peut aussi cristalliser le malaise ressenti par une grande partie de la population mexicaine et métisse attachée, nous l’avons vu (cf. [bleu violet]« Suite mexicaine I »[/bleu violet]), à la mise en scène d’une vie sociale entre sujets.

Que d’anciens caciques, qui, autrefois, faisaient régner la terreur sur des régions entières, soient devenus capos, s’appropriant de vastes terrains pour y cultiver l’amapola (pavot) et faisant à nouveau régner la terreur sur de vastes régions, telle est la nouvelle réalité à laquelle doit faire face la population. Cette mainmise des cartels, je ne dirai pas des cartels de la drogue mais des cartels du capital, sur le Mexique profond telle est la réalité mexicaine aujourd’hui. C’est le mouvement sépulcral de la domination, qui a commencé il y a longtemps avec la conquête du Mexique, qui se transforme et se renforce. Il y a une véritable continuité dans ce mouvement de la domination ; les capos d’aujourd’hui peuvent bien connaître des rapports conflictuels avec d’autres capos, ils sont les nouveaux caciques, comme les caciques d’hier étaient les descendants des encomenderos de l’époque coloniale ; ce mouvement de la domination a pu connaître des moments de relâchement et de faiblesse face aux résistances sociales et aux insurrections indiennes qui ont émaillé toute l’histoire mexicaine, mais il a toujours survécu à ces moments d’abattement pour se renforcer peu à peu par la suite. Aujourd’hui ce mouvement de la domination accompagnant la conquête marchande du Mexique resurgit renforcé par le devenir monde du capitalisme, mais toujours aussi violent et impitoyable.

L’État mexicain signe des projets de mise à sac du Mexique avec les transnationales dont il espère tirer un bénéfice pour la population spoliée sous forme de travail rémunéré tout en fermant les yeux sur les exactions des cartels du capital. Ces deux aspects du capitalisme sont intimement liés comme il est loisible de le constater partout où ces projets sont mis en œuvre. Ces [bleu violet]mégaprojets[/bleu violet] font en général appel à des entreprises locales ou à des entreprises mexicaines nationales, c’est la règle du jeu ; ces entreprises locales ou nationales, qui vont tirer un bénéfice conséquent de leur engagement, se trouvent vite entre les mains des capos ou de ce que j’appelle les cartels du capital [3]. Ces cartels du capital attirés par l’argent comme le requin est attiré par le sang, font feu de tout bois pour s’enrichir et vont défendre par tous les moyens, dont la torture et le meurtre, leurs sources d’argent, que ce soit le champ d’amapola, le laboratoire de drogue de synthèse, les mines de charbon ou de fer, la production d’avocats, la construction des éoliennes dans l’isthme de Tehuantepec, du gazoduc sur les flancs du Popocatepetl ou du « Train maya » dans le Yucatán. Le gouvernement n’ignore pas qu’en négociant des projets avec le grand capital il nourrit à la base la violence les cartels du capital.

Cette alliance entre l’État mexicain et les consortiums marchands nord-américains, et le plus souvent de dimensions internationales, génère dans les profondeurs du pays un capitalisme de moindre envergure mais accroché à la vie locale et régionale. C’est le but : régénérer, renforcer et développer le capitalisme mexicain, celui qui fera la richesse de la nation. Cette activité marchande d’envergure internationale prenant racine sur le sol mexicain, créatrice d’argent et de capital, a commencé avec le trafic de stupéfiants et elle a rapidement diversifié son activité : vente d’armes, blanchiment d’argent, traite des personnes, huachicol [4], enlèvements et séquestrations, accaparements de propriétés, etc. Ce que l’on appelle ici el crimen organizado (le crime organisé) a su tout de suite s’emparer de cette nouvelle source d’argent que lui offrait l’État avec ses grands projets de développement capitaliste. La jonction s’est ainsi faite entre le capitalisme international et le capitalisme mexicain représenté par les cartels du capital ; ceux-ci ont étendu leurs ramifications, à partir du sol mexicain et de la culture de l’amapola, sur tous les territoires et sur toute la société mexicaine, jusqu’à prendre le contrôle total du pays ? La seule réponse apportée par l’État à cette mainmise des cartels du capital sur le pays est une fausse réponse car c’est une réponse qui consiste à ne pas s’en prendre à la source de la violence : l’argent. Le riche n’est pas l’ennemi (il n’a jamais été l’ennemi pour ceux qui ont opté pour l’activité marchande et le capitalisme), l’ennemi est le pauvre et c’est au pauvre, qu’il soit migrant ou indien, voleur à la sauvette ou métis démunis, que l’on fait la guerre. La différence entre un riche et un pauvre, entre touriste et migrant, par exemple, est assez visible et facilite grandement la tâche de la police.

Cette restructuration du pays à partir de l’activité marchande et du capitalisme suit toujours le même axe, qui est celui de la domination, qui se veut absolue, d’une catégorie de la population (les marchands, les hommes d’affaires, les riches, les capitalistes…, peu importe le nom qu’on leur donne) sur la société. Cette domination de quelques-uns sur l’ensemble de la société n’est pas simplement une abstraction, elle n’est pas un simple point de vue idéologique, elle est pratique, elle est faite de spoliation, de dépouillement, d’accaparement, elle transforme un homme libre en péon ou en esclave, en vaincu. Et cette destruction de l’humain a lieu où l’humain existe encore, elle n’a pas lieu dans les hauteurs de la société où l’humain a disparu, où l’homme n’est plus qu’un serviteur de l’argent. La destruction de l’humain a lieu au ras des pâquerettes et c’est un pur rapport de force. Le Congrès national indigène (CNI), le Conseil indigène de gouvernement (CIG) et l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) ont dû reporter la caravane à laquelle ils avaient convoqué la population dans la montagne du Guerrero pour rompre « le cercle imposé par les groupes criminels, qui, alliés aux mauvais gouvernements, prétendent mettre fin au pouvoir d’en bas en usant de la terreur et de la violence, car ils savent bien que c’est là qu’ils seront vaincus ».

La caravane devait partir d’Amilcingo, Morelos (à la mémoire de [bleu violet]Samir Flores Soberanes[/bleu violet] opposant au mégaprojet PIM — Proyecto Integral Morelos — et à la construction de deux centrales thermoélectriques, assassiné en février 2019) le 12 juin pour arriver le 13 et le 14 à Acahuehuetlán, Chilapa, Guerrero (à la mémoire de José Lucio Bartolo Faustino, du CIG, et de Modesto Verales Sebastián, du CNI, tous deux promoteurs du Cipog-EZ — Consejo Indígena y Popular de Guerrero - Emiliano Zapata — assassinés en mai de cette même année par les groupes criminels les Ardillos et les Rojos. Alors que la caravane se préparait, l’assassinat de deux membres de la Coordinadora Regional de Autoridades Comunitarias - Pueblos Fundadores (CRAC-PF) a été perçu comme une menace à son encontre (et elle l’était certainement) : le pouvoir réel et clandestin qui règne sur toute la région, celui qui a enlevé impunément les 43 étudiants d’Ayotzinapa [5], montrait les dents. Les promoteurs de la manifestation, ne voulant pas risquer la vie des gens, ont préféré la reporter. Cette mésaventure n’est pas sans évoquer celle qui eut lieu devant Copala en 2007 [6] quand une caravane humanitaire, tentant de rompre le siège que maintenaient les paramilitaires autour de la commune libre de Copala, a dû faire demi-tour. Nous nous trouvons alors face au mouvement de la domination, face au pouvoir tangible, celui qui ne s’embarrasse pas de considérations et qui tue tous ceux qui oseraient le défier. C’est par le biais de telles expériences que nous nous approchons non seulement de la réalité mexicaine mais plus généralement de celle du capitalisme.

Cette appropriation des territoires indiens et de régions entières est une constance du développement des cartels du capital, elle apparaît comme le point de convergence entre les projets menés par les transnationales de l’argent (mines, pétrole, éoliennes, tourisme, monoculture, etc.) et ceux, plus terre à terre, entrepris localement par les cartels (le plus souvent pour imposer la monoculture de l’amapola ou pour contrôler les voies de communication — de la drogue ou de la migration clandestine — qui leur sont propres). Le territoire devient l’enjeu de l’affrontement entre deux mondes : le monde du capital et de la domination contre le monde de l’humain et de la réciprocité. C’est une guerre d’une rare violence et les assassinats des défenseurs des territoires de la vie restent impunis.

Oaxaca de Juárez, juillet 2019
Georges Lapierre

Notes

[1INPI : Instituto Nacional de los Pueblos Indígenas (Institut national des peuples indigènes).

[2Avec l’actuel gouvernement du Mexique, il est visible que les gouvernements dits progressistes ne sont que la mise en œuvre d’une stratégie politique venue de ce qu’il est convenu d’appeler la droite.

[3Il existe dans l’isthme de Tehuantepec une entreprise de terrassement, le projet de construction d’éoliennes dans l’Isthme a été une véritable aubaine pour le patron de cette entreprise. Celui-ci s’est enrichi rapidement et il a cherché à prendre le contrôle de la région, aussi bien de l’activité marchande souterraine en relation avec la culture et la commercialisation de la drogue que des activités plus légales, il s’est entouré d’hommes de main, il est devenu ce qu’on appelle un capo, il a même fait à ce titre un séjour en prison, où il a pu continuer à mener ses affaires. Il pensait même couronner son ascension sociale en participant à la vie politique de Juchitán par l’intermédiaire de sa fille. Sa fille a été assassinée. Fin d’un rêve ? C’est que la richesse soudaine de l’Isthme avec ses champs d’éoliennes avait attiré dans la région d’autres requins des cartels du capital venus du Nord, ils sont venus avec leurs propres tueurs ou ils en ont recruté sur place dans les quartiers pauvres de Juchitán, la guerre fait rage dans la ville pour le contrôle de l’ensemble (ou d’une bonne partie) de l’activité productrice de « richesse » dans la région. L’avidité des riches et des puissants (hommes d’affaires, grands propriétaires, anciens caciques, etc.) est sans borne et ce sont eux qui ont su s’organiser pour s’emparer et profiter des mannes descendues du ciel avec les grands projets gouvernementaux, les gens sans qualité, eux, ils creusent, parfois leur propre tombe.

[4Huachicol : activité qui a pris une importance considérable au Mexique, le pays du pétrole, elle consiste à voler une grande quantité du pétrole raffiné ou du gaz qui passe par les gazoducs. Les affrontements avec la police sont nombreux et c’est souvent toute la population d’un quartier ou d’une localité qui soutient les huachicoleros (ceux qui s’adonnent à cette activité de récupération) face à la police ou à l’armée, il y a aussi pas mal d’accidents, explosions et incendies.

[5Cf. texte intitulé [bleu violet]« La nuit d’Iguala »[/bleu violet] diffusé en avril 2017.

[6Cf. les textes que j’ai pu écrire sur ce sujet dans Être ouragans (éditions L’insomniaque, Montreuil, 2015).

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