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Éloge des herbes sauvages

lundi 13 mai 2013, par Maya

Le blues de la mauvaise herbe

Elle est là, la sauvageonne,
Encore et encore là !

Indésirable,
Souvent là où il ne faut pas,
Sans cesse, la voilà qui drageonne,
Increvable.

Envahissante
Là où vous ne l’attendiez pas,
Non pas là, mais là et encor’ là,
Exubérante !

Elle rend le jardinier si là...
Mais qui donc est responsable ?
L’étourdi, il ne l’entend pas,
Ne pensant qu’à produire rentable.

Tendez l’oreille, écoutez son message,
Laissez-là réparer les outrages.
Généreuse par nature, sa place est là
Elle n’en partira pas, comprendrez-vous cela !

La Cuisine sauvage des haies et des talus
Annie-Jeanne et Bernard Bertrand,
Éditions de Terran

10 mai 2013, visite sur la ZAD du bois de Tronçay

Résistance ! La ZAD déménage dans le bois de Tronçay. Une cabane est en cours d’installation, une tente sera posée, pour calmer l’huissier qui viendra lundi constater la bonne volonté des zadistes ! L’administration harcèle la paysanne qui a prêté ce petit bout de terre et la menace de lui sucrer toute subvention, voire de lui réclamer un arriéré, prétextant que l’hectare de soutien diminue la surface déclarée la faisant passer à la case sans subvention ! L’administration a bien des idées pour nous obliger à l’obéissance ou, vu sous un autre angle, à justement nous obliger à des actes plus radicaux, plus décisifs : le bois de Tronçay est le territoire à défendre, c’est dans le bois que la ZAD plante ses racines ! Le jardin en lasagnes commencé est déjà dans la zone à défendre, c’est un début solide.

Seul le mot propriété sépare le bois du champ. Le bois est communal, le champ appartient à une paysanne. Chaque propriétaire obéit à la loi dictée par le système. C’est le terrain de jeu de l’administration. Administration, obéissance, paperasserie, travail, argent. Chacun joue son rôle : l’administration-paperasse-ordre oblige l’huissier-paperasse-travail qui oblige à un acte, obéir ou désobéir ou encore trouver la déviation, l’entre-deux, le petit truc qui repousse chaque protagoniste à ses pénates, pour un temps de répit.

Discussion avec des zadistes, des jeunes. Ça fuse ! Partout nous discutons des mêmes sujets, territoire et déviances, appropriation de la terre, l’eau, propriété et déviances, lois, obéissance désobéissance, droits, devoirs, justice, politique, mensonges, État gouvernance, nous nos idées nos points de vue... présentpasséfutur, Histoire, Sciences, Géographie, Soi, l’Autre, le Collectif, aujourd’hui, actes... Le moment semble planétaire, faisons que nos brèches s’élargissent et se rejoignent. Nous sommes différent•e•s. Nous exprimons nos différences dans la relation par des échanges directs, vibratoires, énergétiques et matériels. La parole est un des moyens d’expression de ces échanges, utilisons-là en toute intelligence pour nous rencontrer, nous mettre en accord, défendre, créer et avancer vers notre but commun : un autre système d’organisation de la société.

Ailleurs, dans un petit coin de campagne : la ferme à côté est nouvellement décorée de feuilles et fleurs couleur jaune cramé terre à nue ! Roundup pour que les petites herbes ne grimpent pas sur le mur qui entoure le domaine et pour éloigner toute bestiole bactériologique, ver de terre et autre, nuisible à l’œil apeurédelavie des habitant•e•s du domaine. Acte pour un équilibre sur un certain niveau de l’écosystème où cette destruction consciente-inconsciente n’est qu’un élément ? Ma question est : comment faire comprendre à ce voisin que ma conception du vivant (et de la mort) est différente de la sienne. A-t-il lui-même une idée de ce qu’est le vivant, qu’elle est-elle ? Peut-il m’entendre et comprendre que ces petites herbes, très mauvaises certainement, sont très utiles à la vie, et que même s’il veut les éliminer de son regard, il peut (doit ?) utiliser sa main pour cela, ou un simple outil adapté : une binette par exemple ! Ou encore de l’eau de cuisson de pomme de terre, ou de l’eau chaude salée, méthodes très efficaces ! En ville•s, par décision municipale, le Roundup n’est plus utilisé, en campagne•s il l’est encore parce que toutes les jardineries et supermarchés de France vendent ce poison dont la publicité vante les mérites destructeurs. Publicité, argent, multinationales, argent, travail, argent... aliénation...

4 mai 2013

Soleil après les pluies qui ont formé l’inondation de la petite rivière dans ce petit coin de beauté : la nature et son fil d’équilibre, simple, radicale avec comme seule mesure les liens entre les éléments, les écosystèmes dans l’écosystème général. Acceptation.

Une semaine passée à Paris, je n’y ai vu que la nature du vert printemps, le problème des déchets et des êtres humains de toutes les couleurs de peau et de toute condition, comme il se dit. J’ai pu éviter les grands axes et le trop voitures en empruntant à pied les petites rues et ruelles où mon regard s’est porté sur l’Autre, sur l’habitant•e, celui et celle qui, là où il vit, court moins vite et même parfois semble être tout à fait bien dans sa peau et avec qui l’on peut communiquer, parler simplement, ville-quartier-village.

La nature, c’est ce végétal, toutes ces petites herbes dites mauvaises, qui dans les villes ne sont plus arrosées de Roundup (merci les gens qui ont lutté pour cela !) et qui s’élèvent entre toutes les brèches où la terre peut s’exprimer. Maintenant, les arbres sont entourés d’herbes, de pissenlits ou de fleurs inconnues des magasins poussant librement malgré les crottes de chien•ne•s et les multiples papiers qui les entourent. Tout s’attire immanquablement. Un ingénieur qui regardait une expo sur la problématique des déchets m’a dit que l’explication se trouvait dans une boîte de couture. Au départ, les fils de couleurs différentes sont bien enroulés sur les bobines, celles-ci bien rangées dans la boîte. Au bout d’une semaine, lorsque la boîte est rouverte, les fils sont tout entremêlés, selon un ordre : celui de la spirale, de la matière et de l’écosystème environnant (dont nous sommes des éléments, conscients... ou pas). Cette attirance c’est le mouvement permanent qui s’exprime.

J’ai vu avec plaisir que le végétal a repris son espace dans la ville, de façon anarchique c’est-à-dire comme est la nature, comme cela vient, selon l’écosystème du lieu, de l’état et du moment. Au pied de cet arbre, la terre, l’air et l’eau (et la pollution !) permettent à des plantes d’exister. Ici, des gens ont participé à l’anarchie locale et ont planté des fleurs de toutes les couleurs au pied de l’arbre devant le magasin. J’ai même vu dans un bac sur un trottoir une très belle côte de bette, délicieux légume. Alors, je me suis dit : mais qu’est-ce qu’on attend pour s’approprier tous ces petits territoires libres dans tous les quartiers où poussent des adventices et les transformer en petits jardinets (si possible bio, puisqu’il faut tout refaire !), en parterre de fleurs ou d’herbes à consommer ? Attendons-nous que les chef•fe•s de l’administration nous donnent le signal ? Pas d’inquiétude, ils ne donneront rien, car ce n’est pas le monde des bureaux qui est là, c’est le monde des lois toutes simples de la Nature, dont l’être•s humain•e•s est un•e•s simple•s et unique•s élément•s lorsqu’il•elle•s se connecte avec le vivant (pas facile d’écrire : un nous sommes !).

Alors oui, faisons pousser devant notre immeuble, notre lieu d’habitation, où nous le pouvons et le voulons, la menthe dont nous avons besoin pour notre thé, les petites herbes odorantes, les salades ou autres légumes simples et délicieux. Oui, il faudra aussi faire la pancarte, avec le texte approprié nécessaire à l’explication de cette nouveauté — ou pas ! sans passer par la défense armée du petit territoire ou mieux encore s’organiser en groupe dans le quartier pour cultiver, récolter et partager. Cela peut paraître peu face à la nourriture dont a besoin un•e•s humain•e•s, mais c’est beaucoup sur une certaine réalité, car là est la beauté d’où peuvent émerger les réflexions sur l’énorme problématique de nos déchets, sur notre façon de consommer, sur notre façon de manger, de nous nourrir, sur nos besoins fondamentaux volés par le capitalisme qu’il a renommés besoins communs et qui sont gérés par le haut sans aucun lien avec le bas, puisque chaque territoire est différent et que chaque être a des besoins identiques car fondamentaux, et différents parce qu’il•elle•s est unique.

S’entraider pour comprendre et agir, tout faire pour que l’organisation actuelle du monde ne soit plus qu’un souvenir, puis un oubli. Lorsque l’on fait un pas on change de niveau de compréhension, l’espace n’est plus le même et l’existant d’avant n’existe plus, c’est ainsi que l’oubli et même le pardon n’ont plus lieu d’être. Je souhaite que nous puissions nous organiser en bas à gauche, selon la fameuse expression de nos ami•e•s-allié•e•s-compagnons-compagnonnes zapatistes.

11 mai 2013

Le sauvage en nous est notre relation à la planète Terre, certain le nomme animalité, alors qu’il est la qualité de notre matérialité terrestre et sa beauté intrinsèque.

Salutations æthériques,
Maya

Messages

  • Venu il y une dizaine de jours à la Zad, je n’ai pas compris de quel déménagement il s’agissait, puisque le bois proche de l’ancien site n’était pas occupé, et qu’un vague panneau d’information générale, seul, « accueillait » les visiteurs.
    Où étaient passés les humains ?
    h, l’oncle

    • Les informations sur la Zad Notre Dame des Bois, un autre nom de la Zad du bois de Tronçay, se trouvent sur ce site : http://yonne.lautre.net/spip.php?ar...
      « Message du 24 mai : Le jour de la Pentecôte, le 20 mai, Arnaud Montebourg gravissait le Mont Beuvray, avec ses amis politiques. Des manifestants sont venus l’interpeller à propos du projet de scierie-incinérateur d’Erscia. Un dialogue s’est engagé, que montre la vidéo que nous présentons. Le ministre s’est engagé à recevoir les opposants rapidement. »
      Pour ma part, je ne participe pas à la lutte par ce biais des politiques, ni par le mensonge juridique qui l’accompagne.
      Quant au déménagement, peut-être sont-ils-elles installé-e-s en profondeur dans les bois...
      Sur la Zad, j’ai remarqué de grosses difficultés de communication : association locale et zadistes, les gens d’ici et les gens d’ailleurs, les zadistes jeunes pas très compris par certains défenseurs du coin, les gens qui disent travailler beaucoup et qui se plaignent que d’autres glandent, des gens qui savent tout et des gens qui ne savent rien, des informations qui circulent et qui sont soi-disant fausses et qui finalement sont vraies, ... bref, le monde se construit avec toutes les difficultés habituelles puisque nous sommes englué-e-s dans un fonctionnement conditionné depuis si longtemps. Et le plus gros problème est celui du pouvoir et de l’autoritarisme, qui est là, encore et encore... Il semble que seul-e-s les zadistes jeunes ont compris autre chose, d’autres façons de penser, de faire, de créer... ils et elles ne sont pas encore entendu-e-s par les ancien-ne-s car il n’est pas toujours facile de se faire comprendre....

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