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Considérations sur les temps qui courent (IIIa)

samedi 30 mai 2020, par Georges Lapierre

« S’inscrivant dans la logique d’une société invivable, le meurtre ainsi conçu ne laisse pas d’apparaître comme la forme en creux du don. Il est cette absence d’une présence intensément désirée dont parlait Mallarmé, le même qui, au procès des Trente, nomma les anarchistes des “anges de pureté”. » (Raoul Vaneigem)

Le mouvement de la pensée, qui part de l’idée pour arriver à sa réalisation, est toujours le même, depuis la nuit des temps, depuis que la femme et l’homme sont des êtres humains.

Qu’est-ce que la pensée ? Concevoir la pensée sous un angle pratique et voir par exemple dans la société la réalisation de la pensée est le point de vue qui est le mien. La pensée n’est pas une faculté donnée par je ne sais qui, la nature ? Dieu ? À mon sens, elle est une donnée de l’expérience : c’est bien parce que nous sommes des êtres sociables que nous pensons. Ce point de vue théorique, cet axiome de principe est inspiré de Hegel avec une légère différence qui n’en est pas vraiment une. Pour Hegel, la pensée est celle de Dieu et elle nous vient de lui, c’est la pensée générique, générant l’être (humain). Nous pouvons bien garder cette notion d’un Dieu transcendant maître de l’activité générique, ce serait la pensée sous sa forme aliénée ; ou bien ne pas la garder et dire que l’activité générique, la vie sociale se suffit à elle-même, qu’elle génère l’être humain, celui qui pense, parce qu’elle est la pensée réalisée. Elle peut bien être la pensée réalisée sous une forme aliénée, c’est ce qui se produit quand une séparation se fait jour à l’intérieur de la société (ou, si l’on veut, de la pensée), c’est bien ce qui se passe avec les sociétés complexes et la formation de l’État ; comme elle peut être une pensée réalisée sous une forme non aliénée, ce qui a lieu avec les sociétés originelles (ou simples) et que n’apparaît pas une séparation dans la société (ou, si l’on veut, dans la pensée) entre une classe dominante qui s’est approprié le privilège de la pensée sous l’angle de son universalité [1] et le reste de la population.

L’idée du départ qui déclenche le procès de la pensée est une idée prosaïque, j’ai écrit que c’était l’idée de l’échange mais c’est peut-être tout simplement l’expression d’un souhait, d’une intention : vivre avec d’autres personnes, nous entraider, marquer une solidarité, rechercher une alliance éphémère ou durable, pour, finalement arriver à former une collectivité, une bande, une tribu, une communauté, un peuple et, pour tout dire, une société. C’est en donnant que l’on crée un rapport avec une autre personne. Le don est une demande d’association et un engagement. C’est l’idée du départ, celle de faire partie d’une communauté. Elle est tout juste un souhait, une intention qui n’est pas formulée mais qui trouve dans le don son expression : en donnant, on se donne, on s’engage. Pour que le don puisse édifier une solidarité, il doit être important, il doit rompre l’immédiateté qui lie le besoin à sa satisfaction, passer par le sacrifice de l’intérêt immédiat : ne pas manger le fruit ou le gibier que l’on vient de cueillir ou de tuer mais le donner. La notion du don s’oppose à toutes les lois de l’individualisme. Nous retrouvons d’ailleurs cette notion sur le plan religieux, c’est la notion de sacrifice, que l’on retrouve, il me semble, sous différents aspects dans toutes les religions. Ce désir de créer avec autrui une relation d’échange grâce au don va vite avoir une représentation mentale concernant ce qui va faire l’objet du don, cette représentation mentale du fruit que l’on va cueillir ou de l’animal que l’on va chasser, c’est l’idée et c’est elle qui déclenche le mouvement de la pensée, qui se confond avec l’activité pratique consistant à se procurer le bien que l’on compte donner et, en fin de parcours, à le donner. D’un souhait vague, s’allier avec un semblable, nous passons à l’idée et à sa représentation et cette idée se confond le plus souvent avec le bien que l’on va donner en espérant un retour, en espérant un échange, un engagement de la part du receveur et la formation d’une alliance ou d’une association — qui pourra être éphémère ou durer.

Nous partons d’une idée simple et cette idée, qui peut être un souhait, est celle d’une reconnaissance et cette demande de reconnaissance va s’exprimer parfaitement par le don (le don de soi). Le don appelle une attente, l’attente d’une réciprocité. Ce qui est créé ainsi dans ce va-et-vient, dans le don suivi d’un contre-don, est une alliance. L’alliance est le point de départ de toute vie sociale. La société n’est qu’un entrelacs d’alliances, tout un réseau souvent très compliqué qui repose principalement sur les alliances matrimoniales. La relation entre deux genres, homme et femme, formant alliance et construite grâce à l’échange réciproque fondé sur le don pourrait bien apparaître comme « générique », générant l’être humain. Il semblerait même que nous en conservions un très vague et très atavique souvenir.

Quand l’alliance ainsi constituée entre plusieurs partenaires de l’échange entre dans la durée et se reproduit indéfiniment, des phénomènes importants apparaissent, il ne s’agit plus seulement de reproduire une alliance, mais de reproduire une vie sociale. Des règles d’échange entre des partenaires sont instaurées et les biens échangés ont une valeur d’échange reconnue par la collectivité, je dirai qu’ils changent de statut, ils étaient des biens de subsistances, des biens de première nécessité, des biens vitaux, dirions-nous, liés à la survie et à la reproduction de l’espèce, ils deviennent des biens sociaux, liés à la vie sociale et à sa reproduction. Quand en Nouvelle-Guinée, il était dit autrefois qu’un cochon valait deux coquillages, nous passions d’une représentation charnelle et comestible à une représentation qui est moins comestible et plus symbolique et puis avec l’arrivée des Européens nous sommes passés aux dollars australiens et, plus généralement, à l’argent [2]. L’argent ne se mange pas grillé comme un cochon mais, avec de l’argent, nous pouvons nous procurer un cochon et le griller. L’argent utilisé comme monnaie par un État a une valeur d’échange établie en haut lieu [3] en fonction de l’activité marchande déployée dans le pays. Avec cette histoire du cochon nous passons d’un système d’échange entre tribus autour du mont Hagen, en Nouvelle-Guinée, au monde entier, à un échange planétaire. Ce n’est plus un échange entre tribus mais un échange entre États-nations, ce qui est bien différent.

Dans ce passage à la reproduction de la vie sociale, ce qui compte désormais c’est la reconnaissance de la valeur sociale d’un bien par la collectivité. La valeur sociale d’un bien est liée à sa valeur d’échange, c’est-à-dire à l’intérêt qu’il peut représenter pour son ou ses possesseurs quant à sa participation à la vie sociale reposant sur les échanges (ce qui explique la valeur de l’argent, par exemple). Un bien qui a de la valeur est un bien qui apporte prestige et notoriété à son ou ses propriétaires, au clan, au village ou à la tribu quand il est donné au cours des échanges, qui ont lieu dans la société selon des règles qui ont été établies au cours des temps. Ces biens de valeur portent en eux l’idée d’échange et peuvent, le cas échéant, servir de monnaie. Ils représentent l’idée d’échange et ils sont les instruments de l’échange. Un bien de valeur ne devient pas nécessairement une monnaie, une plaque de cuivre de haute valeur peut bien être offerte au cours d’une cérémonie publique, dans une sorte de défi lancé par un clan à un autre clan, et cet autre clan y répondra en offrant en retour des lots de couvertures ou, dans une surenchère (ou potlatch), une autre plaque de cuivre estimée d’une plus grande valeur. Cette surenchère peut aller, nous l’avons vu [4], jusqu’au défi suprême qui est le don total, le cuivre brisé en morceaux et jeté à l’eau, dans une course effrénée au prestige, à la reconnaissance et à la notoriété. Un cuivre peut difficilement devenir une monnaie pour des transactions de moindre importance. Des anthropologues émérites comme Maurice Godelier ont pu noter qu’il existe des objets de valeur, propriété familiale ou clanique, qui ne circulent pas mais qui témoignent de la participation du clan familial à la vie sociale de la tribu [5].

La monnaie doit pouvoir se diviser en quantité de valeurs plus petites, comme des couvertures, des coquillages ou les pièces d’étoffe, etc. La valeur qui représente la faculté que possède un objet à s’échanger avec d’autres objets doit pouvoir augmenter ou diminuer en fonction de l’importance de l’échange pour devenir une monnaie d’échange dite universelle facilement utilisable en plus ou moins grande quantité. C’est sans doute pour cette raison que des perles ou des cauris et même des poids ont pu servir de monnaie plus facilement que des objets reconnus de grande valeur ; nous devons reconnaître que les petites pierres rondes utilisées autrefois dans l’île de Yap sont d’un usage bien plus facile et plus maniable que les énormes meules de pierre trouée pesant plusieurs tonnes entrant sans bouger dans les échanges cérémoniels entre villages. Surtout ce que nous appelons la monnaie est rarement utilisé lors des échanges cérémoniels ou même au cours des échanges réglés par la coutume comme le mariage ou les funérailles. Par contre elle semble bien être employée lors des échanges assimilables au troc, et encore, d’une manière assez exceptionnelle. Quand les échanges reposent sur le don, le recours à une monnaie, c’est-à-dire à un bien dont la valeur est commune dans les deux sens du terme — reconnue par tous et sans éclat particulier qui en ferait un bien d’exception —, reste assez rare. Une plaque de cuivre ne servira pas de monnaie chez les Kwakiutl, elle est trop prestigieuse pour être utilisée à cette fin, par contre les couvertures que l’on offrira par lots en échange d’un cuivre peuvent servir de monnaie d’échange au cours de transactions qui n’ont rien de prestigieux.

Nous nous rendons bien compte que la monnaie ne va pas de soi comme le laissent entendre trop souvent les anthropologues. Nous ne pouvons pas mettre sur le même plan les biens (perles, cauris, couvertures, petites pierres, etc.) qui peuvent être utilisés, le cas échéant, dans des transactions commerciales avec notre argent et employer dans une confusion de sens un terme, celui de monnaie, que nous aurons implicitement assimilé au préalable à l’argent (j’ai souvent critiqué cette manière de faire, que je juge idéologique, dans les notes anthropologiques). Mais en plus nous nous rendons bien compte que le recours à la monnaie (ou à une monnaie) ne va pas de soi. Cette différence qui existe entre les échanges qui ont recours à une monnaie et ceux qui s’en passent a été jusqu’à présent passée sous silence. Son étude d’un point de vue anthropologique nous aurait pourtant fourni de précieux renseignements sur l’argent. C’est peut-être pour cette raison qu’elle ne fut jamais entreprise.

En conclusion, j’avancerai que dans une société dont les échanges reposent sur le don, tout bien dont la valeur est reconnue par la communauté peut servir de monnaie dans une transaction qui, comme le troc, n’a rien de prestigieux. L’emploi d’une monnaie tire l’échange vers le bas dans le sens où il le privatise et le dépersonnalise. Son emploi efface l’aspect social de l’échange ainsi que l’engagement de chacun des partenaires dans cet échange. La monnaie dédouane l’échange, elle le désamorce de sa charge subjective liée à la recherche d’une reconnaissance sociale. La monnaie et son emploi sont à mettre en relation avec une tournure d’esprit particulière chez les deux protagonistes de la transaction : ne pas donner à la transaction un caractère public et social, ne pas chercher à lui donner une publicité. Si l’on y regarde bien, c’est encore ce qui se passe de nos jours et marque la différence entre le don fait lors d’une naissance, d’un anniversaire, d’un mariage ou à Noël et les achats dans un magasin. L’emploi d’une monnaie prive l’échange de sa publicité. Entendons-nous bien, ce n’est pas le bien lui-même (servant de monnaie) qui prive l’échange de publicité mais le recours à une monnaie d’échange. Offrir de l’argent, des liasses de billets, de manière ostentatoire au cours d’un mariage ou de funérailles (comme des dons en couvertures ou en perles) lave l’argent (ou les couvertures, ou les perles) de sa fonction de monnaie. L’argent, les couvertures, les coquillages, etc. peuvent (selon leur quantité) entrer comme bien prestigieux dans des échanges publics et dans ce cas, il n’est pas possible de les concevoir comme monnaie. La monnaie est une tournure d’esprit, un point de vue (partagé) sur l’échange qui a cours : ne pas s’impliquer subjectivement dans l’échange en lui donnant une publicité. Nous ne devons pas confondre une tournure d’esprit et la chose elle-même. C’est ce que nous faisons généralement.

« Le second principe, fort important, est que l’équivalence des cadeaux mutuels est laissée à l’appréciation de celui qui donne en retour et qu’une pression quelconque ne saurait être exercée sur lui. [6] »

Avec le don, une grande liberté est laissée au retour et c’est la collectivité qui estime la valeur de ce retour, c’est la société qui est juge du retour, qui dit si l’équivalence et la réciprocité sont respectées, si le retour est suffisant ou non, s’il y a surenchère ou non, s’il y a un défi qui appelle un retour ; le don éveille et occupe les esprits, il incite à un bavardage qui n’a pas de fin : « Et tout ceci forme un des sujets de conversation favori dans les commérages de la tribu, où les succès et la gloire kula des chefs et des hommes du commun reviennent sans cesse sur le tapis » (Malinowski, p. 153). Il rend passionnante la vie en société, comme le témoigne le retour des expéditions kula dans les îles Trobriand quand les cadeaux rapportés de ces expéditions lointaines sont exposés sur la plage. L’utilisation de temps à autre et selon les circonstances d’un bien qui sert à l’occasion d’une monnaie d’échange ne modifie pas sensiblement le cours général de l’activité sociale. On peut bien donner en retour à un cuivre un lot important de couvertures (ou de fourrures), c’est encore la collectivité, le public, qui estimera si la quantité de couvertures apportées en retour correspond ou non à la valeur estimée du cuivre. À chaque fois on en appelle au public, les partenaires de l’échange en appellent au public, parfois seulement à une idée du public. Cet appel est à mettre en relation avec la reconnaissance sociale. La société dans son ensemble n’ignore pas la valeur d’un bien et c’est en référence à cette estimation que les deux parties engagées dans un échange cérémoniel, qui a souvent l’aspect d’une joute, jugent la valeur des biens échangés [7]. Avec le don, la vie sociale reverdit, elle retrouve toute son intensité et toutes ses couleurs. Dans les sociétés originelles, il n’y a pas une autorité étatique qui serait séparée des gens et qui fixerait la valeur des choses, l’estimation d’une valeur est le fait du public, c’est-à-dire de tout le monde. La pensée dans son envergure sociale revient à chaque membre de la communauté, elle revient du coup à chacun des partenaires d’une transaction. En Pologne, du temps de Solidarnosc, le zloty, la monnaie du pays, connaissait deux cours, le cours officiel décidé par l’État et un cours public estimé par les Polonais. Aujourd’hui, son cours doit être évalué, je pense, par la Banque européenne.

Si nous en revenons au mouvement qui commande la vie sociale, nous verrons qu’il va de l’idée de l’échange à réaliser, les ignames à donner à la famille de la sœur, par exemple, si nous nous référons au livre de Malinowski Les Jardins de corail, c’est le plan coutumier ; ou le collier à offrir lors d’une expédition kula si nous nous plaçons sur le plan des échanges cérémoniels (Les Argonautes du Pacifique occidental) ; l’idée de l’échange à réaliser et la reconnaissance sociale qui en découlera passent par la production du bien qui sera donné avec l’espoir et l’attente d’un retour. La réalisation de l’échange passe par la culture des ignames ou la fabrication d’un collier de nacre du spondyle rouge, ou encore par la fabrication des canoës de haute mer dans le but de participer à la kula et avoir en retour, dans un laps de temps indéterminé, un de ces beaux brassards taillés et polis dans une coquille. L’activité productrice des ignames, le jardinage, comme l’activité productrice des canoës, des colliers ou des brassards (artisanat) sont déjà « supprimées en pensée » dans l’échange à venir des ignames ou des colliers. Nous sommes amenés à penser que l’échange coutumier pour les ignames ou l’échange cérémoniel pour les colliers ou les brassards ont plus d’importance que l’activité productrice des ignames ou des colliers elle-même. Toutefois cette activité n’est pas dénuée d’esprit et s’inscrit parfaitement dans le mouvement de la pensée vers la réalisation de l’idée. C’est de nos jours, avec le travail, que la production d’un bien à échanger perd son sens ou le sens qu’elle pouvait avoir à l’origine.

Comment devons-nous appréhender et concevoir cette activité de production d’un bien à échanger — de nos jours, cette activité de production de marchandises ? Elle n’est pas le but réel de l’activité de la pensée, le but réel est l’échange de biens ou encore l’échange de marchandises. Elle est seulement un moment de l’activité de la pensée tendue vers sa réalisation, ou plus exactement vers la réalisation de l’idée. Elle n’est pas le but véritable du mouvement de la pensée, elle n’est pas l’activité sociale réelle, elle ne définit pas la société, qui ne peut être réduite à cette activité de production. Elle a son importance comme moment et même comme un moment déjà « supprimé en pensée » de l’activité sociale proprement dite, totalement engagée dans son but : l’échange de tous avec tous, la communication sociale. C’est elle, la communication, qui est la réalité de l’idée, l’idée se réalisant.

Je consacrerai la deuxième partie de ces considérations à l’activité de production d’un bien à échanger afin de la saisir comme moment de l’activité de la pensée, moment que nous ne pouvons pas dissocier de cette totalité qui constitue la vie sociale sans commettre d’un point de vue théorique une grave erreur épistémologique.

Marseille, le 28 mai 2020
Georges Lapierre

Notes

[1Il est toujours possible, et même indiqué, de revenir au concret, je dirai que la pensée dans sa dimension universelle est la pensée de l’échange qui déborde le cadre coutumier qui définit un peuple parmi d’autres peuples pour un échange entre deux peuples (ou plusieurs peuples) ; sous sa forme non aliénée, nous avons l’exemple de la kula fort bien observé et décrit par Malinowski (bien qu’un début de séparation puisse déjà apparaître : « Un trait sociologique saute aux yeux de l’observateur nouveau venu : l’existence de classes et d’une différenciation sociale. Certains de ces indigènes — très fréquemment ceux qui ont belle allure — sont traités par les autres avec une déférence marquée… » La différence dans l’aspect physique pourrait indiquer une différence d’origine et, donc, une différence entre deux peuples, un peuple venu d’ailleurs et un peuple autochtone) ; sous sa forme aliénée, nous avons l’argent et le commerce de marchandises entre nations.

[3Les temples de la pensée que sont les bourses.

[4Cf. notes anthropologiques.

[5« Mauss aurait donc dû se poser la question : pourquoi, parmi tous ces objets qui ont une âme, les uns, les plus nombreux, peuvent être donnés et circuler entre les individus et les groupes “sans jamais cependant être complètement détachables” de leurs propriétaires d’origine, sans être complètement aliénable, tandis que d’autres, les plus précieux, les plus sacrés, ne circulent pas et restent immobiles dans les trésors des clans et des familles ? » (Godelier, Maurice, L’Énigme du don, Champs essais, Fayard, 1996, p. 95). Nous retrouvons ces mêmes remarques chez Malinowski (p. 147), qui constate que certains objets de valeur des expéditions kula sont comme les Joyaux de la couronne ou les bijoux de famille : « C’est le droit exclusif que l’on a sur eux, avec la gloire qui s’y rattache, qui leur confère leur valeur intrinsèque… Ils sont prisés dans la mesure où ils évoquent des souvenirs du passé… Chaque objet kula de qualité possède son nom propre et, sous la forme d’une histoire ou d’une légende, il a sa place dans les traditions indigènes. » Je note que la dernière remarque faite par l’auteur n’est pas sans évoquer ce qui a été dit au sujet des plaques de cuivre chez les Kwakiutl qui ont, eux aussi, leur nom, leur histoire et leur renommée.

[6Malinowski (Bronislaw), Les Argonautes du Pacifique occidental, Tel Gallimard, n° 145 (p. 154).

[7Quand j’étais gamin, nous jouions au foot dans des terrains vagues, il n’y avait pas d’arbitre, à chaque occasion, nous en appelions à une forme de consensus entre les deux équipes, si nous n’arrivions pas à un consensus, la partie de foot tournait à une bagarre générale — qui était bien souvent aussi amusante qu’une partie de foot !

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