Quarante ans après Mai 68, quelles leçons de vie donneriez-vous à un jeune de vingt ans aujourd’hui ?
Je ne suis ni maître à penser ni donneur de leçons. Je souhaite seulement que chacun apprenne à mener son existence selon ses désirs et en ce qu’elle a de plus riche : l’expérience de l’homme en voie d’humanisation s’affranchissant de ce qui le réduit à l’état de marchandise. Ériger sa vie en modèle, c’est la figer dans une forme où elle se vide de sa substance. Je me borne à témoigner de mes tentatives de vivre mieux dans un monde où je sais que le bonheur d’un seul est inséparable du bonheur de tous. Se fonder sur la pulsion de vie afin de l’affiner me paraît la meilleure et la plus agréable façon de construire sa destinée, à l’encontre des entraves d’une économie qui exploite l’homme et la terre. Celui qui conforme sa vie aux critères de réussite et d’échec a déjà renoncé à vivre.