L’idée et son devenir (II)
Nous devons garder à l’esprit cette évocation d’un monde originel au sein duquel l’humain peut s’exprimer et se révéler. Ce monde des origines est tenace et accrocheur et il est arrivé à survivre jusqu’à notre époque, à résister tant bien que mal à l’envahissement d’un monde qui lui est contraire. Pourtant le monde marchand, négateur de l’humain, est en train de prendre une importance considérable jusqu’à repousser dans des zones de plus en plus marginales l’expression non aliénée de l’humain.
Le marchand se défie de l’humain, il fixe le retour et le rend obligatoire. Cette défiance de l’humain, cette absence fâcheuse mais obstinée de reconnaissance d’autrui, s’impose peu à peu comme une norme de comportement dans le premier monde : chat échaudé craint l’eau froide. Une flèche empoisonnée a pénétré le cœur de la femme et de l’homme, lui causant une énorme et implacable souffrance. Cette souffrance est tue, elle est devenue indicible. Comment en sommes-nous arrivés là ? L’activité marchande bouleverse les mœurs et nous bouleverse insidieusement. (...)