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Le mouvement social, la répression et les élections à Oaxaca

Virer le gouvernement de nos vies

Déclaration de VOCAL et deux lettres de David Venegas

samedi 18 août 2007, par David Venegas Reyes, VOCAL

Nous n’attendrons pas cinq cents ans de plus pour gagner notre libération.

Le climat de répression violente et brutale continue à Oaxaca. Les corps policiers répressifs et l’armée mexicaine maintiennent leurs opérations de harcèlement, de traque et d’intimidation, avec une stratégie qui essaie de semer la terreur au moyen de la violation quotidienne des droits humains et civiques, des arrestations arbitraires, des disparitions forcées, des tortures, des viols et des assassinats. Le tyran tente d’imposer sa vision du monde à tou-te-s les Oaxaquègnes et de protéger ses intérêts et ceux de ses sbires, sans aucun respect pour les opinions, la culture et la vie des majorités.

Fait partie de cette stratégie la décision d’incarcération prise à l’encontre d’un groupe de nos compañer@s, sur la base de charges tout aussi infondées que cela avait été le cas pour des centaines de compañer@s que les autorités ont été obligées de remettre en liberté ; il s’agit de María Guadalupe Sibaja, Silvia Gabriela Hernández, Belem Areli Hernández, Isabel Martínez Hernández, Juan Diego García et José Francisco García Martínez. Sont également dans cette situation Eliel Miguel González Luna, Jorge Luis Martínez, Olivo Martínez Sánchez, Julio Alberto Ortiz López et Gonzalo González López [1], professeurs de la 22e section du Syndicat national des travailleurs de l’éducation.

Ulises Ruiz constitue un exemple extrême et aberrant d’une situation caractéristique du moment dans le pays et dans le monde : les politiques néolibérales ne peuvent s’appliquer que par la force, moyennant l’emploi des corps policiers et militaires et la complicité des partis politiques. Les députés et les juges, de même que les fonctionnaires du gouvernement, se soumettent servilement et sans dignité aucune aux diktats du tyran. Ils soutiennent ainsi le règne de l’arbitraire et de la répression, sous lequel le sang du peuple continue de couler.

Le 5 août auront lieu les élections des députés locaux. Dans de nombreux villages circule encore l’espoir que, dans cette conjoncture, il serait possible d’envoyer au Congrès des représentants honnêtes, qui pourraient prendre en charge les changements nécessaires. Un groupe important d’organismes civils a proposé des réformes légales qui apporteraient à l’État les instruments de la démocratie participative, tels que la révocation du mandat, l’initiative populaire, le référendum, le plébiscite et le budget participatif. Il s’agit d’efforts légitimes qu’on ne doit pas mépriser. Le vote sanction qui a été appliqué l’an dernier a été une preuve de la capacité de notre mouvement à concerter la volonté populaire et à faire un usage efficace de la tranchée électorale.

À l’heure actuelle, cependant, ces attitudes nous font courir le risque de tomber dans des illusions contreproductives. Il suffit de voir les noms des candidats à la députation pour se rendre compte de la distance qui existe entre les partis politiques et les intérêts populaires. Il y a là des délinquants connus et des gens qui se sont distingués par leur incompétence. Dans tous les partis, il y a des hommes liges d’Ulises Ruiz, qui a appris du vote sanction de l’année dernière et qui a décidé à présent de se protéger en intervenant dans les candidatures de tous les partis. Au lieu de contribuer aux changements profonds qui sont nécessaires à Oaxaca, s’abandonner à l’illusion électorale devient actuellement un obstacle additionnel. L’attitude naïve de croire que le vote va installer au pouvoir des représentants des intérêts du peuple nous distrait des tâches que nous devons réaliser et nous prive de la capacité de décider par nous-mêmes de notre destin.

Il nous faut, dans ces conditions, reprendre les vrais principes démocratiques : que ce soit nous-mêmes qui fassions les propositions et que ce soit notre voix qui dicte le cap et prenne les décisions, à partir de ce qui est nôtre, à partir de la communion et la solidarité qui sont dans les racine du peuple oaxaquègne, à partir de l’esprit fraternel et communautaire qui nous caractérise.

Depuis plus d’un an, le grand mouvement social dans lequel s’est obstiné le peuple d’Oaxaca a rompu avec toute sorte de préjugés et a apporté de grandes innovations à la lutte sociale et politique. L’occupation pacifique des médias publics et privés, les barricades, les médias libres, les assemblées régionales, les communes en résistance, la communes autonome de San Juan Copala, le système d’échanges avec des monnaies sociales impulsé par l’Initiative citoyenne, l’Assemblée populaire des colonias [2] d’Oaxaca, sont à peine quelques exemples des innombrables initiatives prises directement par les gens, sans avoir besoin d’attendre des indications ou des décisions du Conseil de l’APPO, qui s’occupe essentiellement de la coordination des grandes mobilisations quand elles sont nécessaires.

Pour réaliser une transformation vraiment profonde, il nous faut maintenir encore et toujours l’esprit de changement qui a été l’un des apports les plus précieux de ce mouvement de mouvements. Dans nos propres espaces, dans l’action quotidienne de chaque personne, dans notre quartier, notre communauté, notre lieu de travail ou d’études, dans chacun des espaces où nous agissons, il nous faut contribuer à conquérir une authentique autonomie. C’est pour l’autonomie que luttent les peuples indigènes depuis cinq cents ans, c’est devenu évident en 1995 quand on a vu publiquement que 417 des 570 communes ont décidé que leur destin politique serait lié à leurs propres « us et coutumes », à la « communalité » et à la libre détermination. C’est pour l’autonomie et sa pleine reconnaissance que nous continuons à lutter, pour défendre la Terre-Mère et protéger nos territoires et nos cultures.

Les peuples et communautés d’Oaxaca ont montré au fil des siècles que la vie en commun pacifique et solidaire et l’harmonie conviviale entre gens différents ne sont pas une utopie. Elles sont l’expression naturelle et historique de notre volonté. La division et la confrontation, qui amènent la violence entre les peuples, naissent d’un mode de vie imposé par l’argent et le capital, et d’un système de gouvernement despotique, non de nos traditions et coutumes politiques.

Nous avons résisté plus de cinq cents ans à ce qu’on a essayé de nous imposer. Nous avons été capables de maintenir en vie ce qui est nôtre. Nous avons fait face à la répression et à la violence de l’État, malgré sa férocité. Notre mouvement de mouvements a démontré que l’immense majorité des Oaxaquègnes sont uni-e-s dans la défense de notre culture et dans la lutte pour une vie juste et digne, que jusqu’à présent on nous a refusée.

Nous ne sommes pas disposés à résister cinq cents ans de plus. L’heure est venue de nous diriger vers notre libération et de prendre l’initiative. C’est le moment de l’action autonome et libertaire, depuis tous les coins et recoins de l’État d’Oaxaca.

Voix oaxaquègnes construisant l’autonomie et la liberté (VOCAL)
Oaxaca, 28 juillet 2007.

5 août : des chemins différents

Les résultats des élections du 5 août 2007 donnent une grande leçon de dignité de la part des peuples d’Oaxaca qui luttent et qui résistent ; celle-ci va au-delà des analyses creuses que font les partis politiques à propos de la participation piégée aux élections locales. Pour le PRI et Ulises Ruiz, les résultats sont une preuve de l’appui inconditionnel du peuple à son gouvernement, tandis que pour la coalition « Pour le bien de tous » [3], l’abstentionnisme est dû à la politique de terreur du gouvernement d’Ulises Ruiz.

Ces deux positions évacuent la signification évidente de l’échec du processus électoral. L’énorme abstention, d’environ 73 %, est une manifestation catégorique du mépris que les peuples d’Oaxaca dans leur immense majorité ressentent envers la classe politique de tous les partis. Et il ne peut en être autrement, puisque cette classe politique est la même qui a fait échouer les avancées des peuples d’Oaxaca vers une vie plus juste et plus digne. Les uns, le PRI et le PAN, en appuyant Ulises Ruiz et sa politique répressive, et en protégeant les coupables des crimes contre le mouvement social.

Les autres, les partis de la soi-disant gauche, comme le PRD, le PT et Convergencia, en marchandant leur soutien, et celui des projets qu’ils représentent, pour réaliser les changements profonds que nos peuples exigent, en échange de la participation électorale et du vote pour des candidats dont beaucoup sont corrompus, menteurs, mus par l’ambition personnelle.

Oaxaca a changé et rien ne sera plus comme avant. Tandis que la classe politique, tous partis confondus, s’obstine à poursuivre, dans l’inertie, vers le vide et la destruction, les hommes et les femmes d’Oaxaca qui luttent et qui résistent ont décidé de s’écarter de ce chemin-là, le chemin électoral truffé de pièges et de frustrations, pour exercer à la place leur droit à la construction active, autonome et libératrice de leur avenir.

Cette inertie de la classe politique est aussi représentée dans les organes de prise de décision du mouvement social, la direction de la 22e section [4] et le Conseil [5] de l’APPO, qui reçoivent aujourd’hui une leçon magistrale ; pourvu qu’ils en tirent profit ! Les peuples d’Oaxaca qui avancent dans cette lutte leur ont démontré qu’ils n’étaient pas « les masses », bonne pâte qu’ils peuvent modeler à leur goût et à leur profit. À ce mouvement participent des milliers de femmes et d’hommes simples, avec un cœur en or, mais sûrement pas des naïfs qui acceptent tout sans broncher, et surtout sans participer aux « orientations » décidées par quelques leaders, qui s’obstinent à prendre la tête de ce mouvement uniquement pour réaliser leurs propres ambitions, personnelles ou de groupe.

Le résultat est que la décision autoritaire et partisane de quelques chefaillons autoproclamés du Conseil de l’APPO, celle de convaincre d’un vote sanction contre le PRI et le PAN pour favoriser les candidats et les intérêts des partis de la soi-disant gauche, a été un échec retentissant. Et cela parce que, à la différence de l’année dernière, y compris dans la même action concrète d’appeler à un vote sanction comme un élément de plus de la lutte, on a oublié le « commander en obéissant », et il est devenu de plus en plus évident que les organes de prise de décision du mouvement suivent un chemin, et les peuples d’Oaxaca un autre. Il semblerait que les seuls moments où tout le monde marche ensemble, c’est pendant les manifs.

Heureusement, dans cette divergence, le chemin qu’ont choisi les gens d’en bas, l’APPO légitime, est le chemin de l’autodétermination courageuse et pacifique. Malheureusement, le chemin prévu par les directions ressemble toujours davantage à celui des partis politiques, et à leur inertie en route vers le vide.

Beaucoup d’analyses et d’interprétations vont maintenant venir de ceux d’en haut. Ulises Ruiz et le PRI vont décortiquer le processus électoral et justifier ainsi leur projet économique néolibéral et leur politique répressive. De leur côté, les partis de la soi-disant gauche vont divaguer entre la récrimination envers le gouvernement, la récrimination et le chantage voilé envers le peuple pour n’avoir pas voulu les accompagner sur leur chemin vers le vide, jusqu’à essayer de le convoquer pour défendre leurs intérêts, les sept sièges municipaux [6] qui leur garantiraient une source de revenus suffisante pour les trois années à venir.

Oaxaca a changé, et rien ne sera plus comme avant. Le chemin qu’on entrevoit s’écarte aussi bien des institutions du pouvoir corrompu que de la voie des armes. Les deux options ont assiégé de façon provocatrice le mouvement pacifique des peuples d’Oaxaca, et celui-ci n’est tombé dans aucune provocation, bien au contraire il continue à construire lentement, sans découragement ni impatience, son propre chemin inédit vers la libération.

À travers tout l’État, de manière silencieuse, discrète, mais profondément sage et pleine d’aspirations, s’est dégagé un accord pour sanctionner, par l’abstention, toute la classe politique. Car c’est toute cette classe, tous les partis politiques, qui sont directement responsables des dommages que subissent nos peuples. Cette sanction s’est exercée de diverses manières, depuis l’abstention personnelle jusqu’à l’accord décidé en assemblées de peuples indiens, comme à San Pedro et San Pablo Ayutla, de ne pas permettre l’installation des urnes électorales sur leur territoire.

Le chemin qu’on entrevoit est difficile et fatigant, car à chaque tournant nous guettent les partis de gauche et de droite et les représentants du pouvoir économique ; ils veulent nous faire revenir, au moyen des menaces, des tromperies et des promesses de toujours, au chemin qu’en tant que peuples nous avons décidé de déserter grâce à des initiatives discrètes, personnelles ou communautaires. Et aussi grâce à cette leçon du 5 août, à travers laquelle les peuples d’Oaxaca sont en train de rejeter l’État, le gouvernement et le capital de leurs vies et de leurs territoires de façon courageuse, catégorique et pacifique.

Même dans la minuscule conception des choses imposée par la civilisation occidentale, celle d’une division obligatoire entre gagnants et perdants, la majorité des peuples d’Oaxaca ne participe à aucun de ces groupes, car elle est au-dessus d’eux. L’échec des partis de gauche dans ces élections n’est pas l’échec du mouvement social, car il est devenu évident que les chemins sont différents. À Oaxaca, on entrevoit le chemin vers une authentique libération.

David Venegas Reyes « Alebrije »
Centre pénitentiaire de Santa María Ixcotel.

L’abstention et l’espérance

L’espérance, nous savons tous qu’elle ne meurt qu’au dernier instant ; pourtant, il y en a qui voulaient l’enterrer dans une boîte en carton. D’un côté, le PRI et Ulises Ruiz fêtent, contre toute raison, leur victoire électorale du 5 août, faisant l’impasse sur son illégitimité du fait du niveau historique d’abstention, de plus de 70 %. En même temps, les partis de la soi-disant gauche, le PRD, le PT et Convergencia, lancent par la bouche de leurs représentants des messages furibonds de récriminations et de chantage, aussi bien contre un peuple abstrait que contre l’APPO, coupables directs selon eux de l’échec électoral de leurs candidates et candidats. Magnanimes, cependant, ils tendent la main au peuple en lui offrant une chance de rédemption lors des prochaines élections, les municipales d’octobre 2007.

Il a été particulièrement révélateur d’entendre dans les médias l’invitation au peuple d’Oaxaca à laisser de côté - disaient-ils - « la haine, la peur et le désespoir et [à] aller voter en octobre ». Le message est évident, les centaines de milliers d’hommes et de femmes qui ne sont pas allés voter le 5 août sont peureux, colériques et désespérés. Des épithètes de ce genre ont été assénées aux centaines de milliers d’abstentionnistes par certains représentants des partis politiques de la soi-disant gauche. Pour rester dans le ton, à l’intérieur du Conseil de l’APPO, illusoire direction du mouvement social, Florentino López Martínez, indéboulonnable porte-parole de l’APPO, attribue également à la peur des Oaxaquègnes l’échec électoral du PRD, du PT, de Convergencia et de sa propre organisation, le Front populaire révolutionnaire (FPR), embarquée elle aussi dans ce cirque électoral largement désavoué par le mouvement des peuples d’Oaxaca.

De sorte qu’après la stupeur des premiers jours, provoquée par l’énorme et historique abstention du 5 août, dans la classe politique de la soi-disant gauche, ses différents partis et organisations commencent à élaborer une explication consensuelle conforme à leur intérêt. Ça a été la peur et le désespoir.

C’est comme ça. Les mêmes hommes et femmes participant au mouvement social qui ont défendu, même au prix de leur propre vie, leur territoire et leurs idées, sont à présent terrorisés par on ne sait quel moyen - ceux qui expliquent ainsi leur échec électoral ne le disent pas - au point de ne pas avoir le courage de déposer un bout de papier dans une boîte en carton. De sorte que de ces êtres humains vaillants, dignes, pleins d’espoir qui remplissent les rues d’Oaxaca, avec leurs manifs, et aussi les prisons d’Oaxaca et du pays, de leur dignité récalcitrante, et qui ont même rempli l’année dernière les urnes de leurs votes, il ne resterait rien, si ce n’est des êtres timorés, pleins de haine, et dépourvus de toute espérance.

Il semble bien que la cour maladive que faisaient les partis de la soi-disant gauche au mouvement des peuples d’Oaxaca touche à son terme. Il est loin, le temps des douces déclarations de soutien - sans jamais de passage à l’acte - de ces partis envers le mouvement, quand celui-ci, dans son élan irrésistible, lui concédait neuf sièges de députés fédéraux et deux de sénateurs en juillet de l’année dernière.

Ces déclarations des partis politiques de la soi-disant gauche et de leurs alliés à l’intérieur du Conseil de l’APPO indiquent clairement comme ils sont loin du chemin et de la recherche que les peuples d’Oaxaca, depuis plus d’un an, ont commencé à parcourir. Ils ont du même coup rendu plus claire leur position, laquelle est évidemment plus proche du parti au pouvoir et de la classe qu’il représente que des gens simples et honnêtes qui participent au mouvement de l’APPO. Le démontre le manque total de pudeur et de vergogne avec lequel aujourd’hui, là-haut, à la table des puissants, ils négocient d’échanger l’impunité contre des sièges : ils sont prêts à protéger Jorge Franco Vargas et Lizbeth Caña Cadeza, génocidaires du peuple d’Oaxaca, en échange de la concession par le PRI à la coalition « Pour le bien de tous » (PRD, PT et Convergencia) de quelques députés uninominaux [7]. Si cela se vérifiait, cela mettrait en évidence la position unitaire de toute la classe politique contre un peuple qui recherche la justice et la liberté véritables.

Sans nier la possibilité que quelques-un-e-s des Oaxaquègnes qui se sont abstenu-e-s aient pu souffrir de ces sentiments de colère, de peur et de désespoir, il n’en est pas moins probable que le motif de l’abstention soit le mépris et le rejet envers toute la classe politique. Et cette probabilité se transforme en puissante certitude pour la grande majorité des femmes et des hommes participant au mouvement : ceux-ci, bien qu’ils luttent depuis plus d’un an, et que beaucoup d’entre eux aient subi la violence, les viols, la torture, la persécution et la mort, n’ont pas pour autant perdu l’espoir de réussir un changement profond pour Oaxaca et de virer Ulises Ruiz.

La classe politique de tous les partis, avec ces déclarations, prétend au monopole du commerce de l’espérance. Elle oublie que ce sont eux, précisément, avec leurs promesses vaines et non tenues de justice, de changement, de bien-être, et leur franche trahison de ceux qui leur font confiance en se mettant au service des intérêts des puissants, les vrais assassins de l’espérance.

L’espoir des gens simples et honnêtes d’Oaxaca n’est pas mort ; simplement, de manière sage, il a été préservé des trahisons et des frustrations par la non-participation au processus électoral. Bien au contraire, le mouvement des peuples d’Oaxaca, dans sa quête infatigable de justice et de liberté, cherche et trouve des chemins inédits, pacifiques et convaincants, pour parvenir à une authentique libération. La lutte des peuples d’Oaxaca continue et, le 5 août, elle s’est manifestée dans toute sa vitalité. Non ! L’espérance n’a pas été enterrée dans une boîte en carton.

David Venegas Reyes « Alebrije »
Centre pénitentiaire de Santa María Ixcotel, Oaxaca.
Le 15 août 2007.

Traduit par el Viejo.

Notes

[1Tous les prisonniers arrêtés le 16 juillet à Oaxaca ont finalement été libérés, certains, certaines - dont Silvia et Maria Guadalupe, de VOCAL - après deux semaines d’enfermement et le paiement d’une caution. La rapide mobilisation solidaire, nationale et internationale, en plein été, ainsi que l’intervention des organisations humanitaires ont certainement joué un rôle important. Rien n’est cependant terminé. Il reste de nombreux prisonniers, dont David Venegas, du mouvement social de l’Oaxaca.

[2Les quartiers populaires.

[3Union électorale de trois partis de la gauche institutionnelle : le PRD, le PT et Convergencia.

[4Section oaxaquègne du Syndicat national des travailleurs de l’éducation, SNTE.

[5Conseil estatal, de l’État d’Oaxaca, de l’APPO.

[6Après les élections du 5 août pour les députés locaux doivent se tenir des élections municipales en octobre.

[7Le système électoral mexicain prévoit de tempérer l’effet du vote majoritaire par une part de proportionnelle. Par exemple, dans l’État d’Oaxaca, sur les 42 députés locaux, 25 sont élus par le système majoritaire (députés « uninominaux ») et 17 sont pris sur les listes fournies par les partis, en fonction des résultats globaux (députés « plurinominaux »). Lors des élections du 5 août 2007, le PRI l’ayant emporté dans toutes les 25 circonscriptions, il n’a droit à aucun député « plurinominal ». Or, pour garantir l’impunité aux deux sinistres suscités, respectivement responsables de la police et de la justice en 2006, il avait prévu d’en faire des députés « plurinominaux ». La manœuvre que dénonce David consisterait pour le PRI à admettre qu’il y a eu fraude dans deux circonscriptions, et donc à refiler deux sièges « uninominaux » à la « gauche », pour pouvoir caser ses deux assassins et leur donner ainsi l’immunité parlementaire. (Note du traducteur.)

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